Vladimir Poutine et Xi Jinping. D.R.
Par Mohsen Abdelmoumen
Ce mercredi 22 mars au matin, le président Xi Jinping a quitté Moscou après une visite de trois jours dans la capitale russe au cours de laquelle il a entériné l’alliance entre la Chine et la Russie avec le président Vladimir Poutine, officialisant du même coup la fin de l’hégémonie américaine. Ce que Zbigniew Brzezinski, théoricien et apôtre de l’impérialisme, redoutait le plus s’est réalisé en ce premier jour de printemps 2023 en raison de l’obstination imbécile des néocons, les straussiens en tête, qui, emportés par leur haine viscérale de la Russie et leur fanatisme jusqu’au-boutiste, ont cru pouvoir soumettre indéfiniment la planète entière à leur botte. L’utilisation de l’Ukraine pour détruire la Russie et les menaces d’en faire autant avec la Chine via Taïwan ont réuni les deux plus grandes puissances du monde. Donnons la parole à Zbigniew Brzezinski : «Potentiellement, le scénario le plus dangereux serait une grande coalition de la Chine, de la Russie et peut-être de l’Iran, une coalition anti-hégémonique, unie non pas par idéologie mais par des griefs complémentaires. Cela rappellerait par son ampleur et sa portée le défi autrefois posé par le bloc sino-soviétique, même si cette fois la Chine serait probablement le leader et la Russie le suiveur. Eviter cette éventualité, aussi éloignée soit-elle, nécessitera une démonstration des compétences géostratégiques américaines sur les périmètres ouest, est et sud de l’Eurasie simultanément». Eh bien, on a vu les «compétences géostratégiques américaines» à l’œuvre puisque l’on peut dire que l’alliance sino-russe vient de transformer l’aigle impérial américain en canard laqué.
«Si ça ne marche pas avec la Chine, essayez l’Iran»
Lorsque le président Joe Biden, alias Sleepy Joe, était encore sénateur du Delaware, époque où il n’était pas encore sénile mais pas forcément plus intelligent, il a un jour déclaré du haut de toute sa morgue devant le Conseil de l’Atlantique en 1997 : «… Et puis les Russes m’ont dit : Si vous continuez à élargir l’OTAN, nous allons nous lier d’amitié avec la Chine. J’ai failli éclater de rire, j’avais du mal à me contenir et j’ai dit : Bonne chance à vous. Si ça ne marche pas avec la Chine, essayez l’Iran.» On ignorait jusqu’ici que Joe Biden était un visionnaire, nous voilà convaincus. Ironie du sort, l’ancien conseiller américain à la sécurité nationale, le roquet enragé John Bolton, grand ami des néoconservateurs, a déclaré mardi : «La formation d’une alliance entre la Russie et la Chine crée un vrai problème pour l’Occident qui est bien plus grave que le conflit en Ukraine. C’est un axe Russie-Chine qui est rejoint par l’Iran et la Corée du Nord. Regardez la carte, regardez la géographie. Nous devons prendre cela au sérieux.» Eh oui, Monsieur Bolton, votre empire s’effondre et c’est très bien. Il a fait assez de mal. Il est temps qu’il soit mis au rebut et vous aussi. Affront supplémentaire et très révélateur, l’administration Biden a essayé de contacter pendant plusieurs jours le président Xi Jinping à la demande de Joe Biden pour obtenir toujours la même réponse laconique : «Le président est très occupé pour le moment, le contact aura lieu au moment opportun.»
Comment résoudre la crise ukrainienne
Mais revenons aux résultats de cette visite. De nombreuses décisions très importantes y ont été prises qui marquent le début d’une nouvelle ère où plus rien ne sera comme avant. Les principaux points de la déclaration conjointe sont repris ci-après.
La Russie évalue positivement la position de la Chine sur l’Ukraine, et la Chine évalue positivement l’ouverture de la Russie aux négociations, ce qui signifie que la Russie n’est pas fermée au plan de paix chinois. Cependant, les deux pays estiment que pour résoudre la crise ukrainienne, il est nécessaire d’empêcher la confrontation des blocs et l’incitation au conflit. Les parties appellent à éviter la dégradation de la crise en Ukraine et un basculement vers une phase incontrôlable, et insistent pour que l’OTAN soit une organisation strictement défensive et respecte la souveraineté des pays tiers. Elles sont également préoccupées par l’intensification des activités américaines dans le domaine des armes de missiles et appellent à mettre fin à l’atteinte à la sécurité internationale, et sont contre les tentatives d’utilisation de l’espace pour une confrontation armée et s’opposeront à une telle activité.
Par ailleurs, la Russie et la Chine sont préoccupées par les activités biologiques militaires des Etats-Unis, et demandent des éclaircissements à ce sujet, insistant pour que les Etats-Unis accélèrent l’élimination de leur stock d’armes chimiques. Elles s’inquiètent également des risques liés à la création d’Aukus et de leurs projets de construction de sous-marins nucléaires, et elles appellent Aukus à respecter strictement ses obligations en matière de non-prolifération des armes de destruction massive. La Russie et la Chine s’opposent à la formation dans la région Asie-Pacifique de structures de blocs exclusifs fermés, de politiques de blocs et de camps opposés. Les Etats-Unis doivent répondre par des actions concrètes aux préoccupations légitimes de la République populaire démocratique de Corée et créer les conditions du dialogue. Les parties s’opposent à toutes les sanctions unilatérales imposées et qui contournent le Conseil de sécurité de l’ONU. Enfin, les parties s’opposent à la militarisation de l’informatique, elles sont pour une gouvernance mondiale multilatérale, équitable et transparente de l’Internet.
La Russie et la Chine élargiront les échanges scientifiques pour assurer le leadership technologique des deux pays. Elles augmenteront la cadence et optimiseront la structure des échanges, notamment par le développement du commerce électronique. Les parties prévoient également de renforcer un partenariat global dans le secteur de l’énergie, promouvant la sécurité énergétique mutuelle et mondiale. Elles renforceront leur coopération dans le domaine agricole pour assurer la sécurité alimentaire, élargiront l’accès mutuel aux produits agricoles et renforceront la coopération en matière d’investissement dans ce domaine. Les deux pays visent la coopération dans le domaine de l’approvisionnement mutuellement avantageux en biens de base et en ressources minérales. Les parties vont augmenter le niveau de coopération financière et renforcer la coopération sur les marchés financiers.
Le yuan supplante le dollar américain
Et, points extrêmement importants, d’une part, le soutien mutuel que s’apportent les deux pays dans la protection des intérêts fondamentaux de l’autre, principalement la souveraineté, l’intégrité territoriale et la sécurité, et, d’autre part, la décision d’utiliser le yuan dans les transactions commerciales entre la Russie et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, mettant à mort le pétrodollar et renvoyant le dollar américain à ce qu’il est réellement, un bout de papier rempli d’encre mal séchée. Par cet acte, l’empire est visé au cœur et ne s’en relèvera jamais. Néanmoins, il résiste, et comme tout fauve blessé, il peut encore faire beaucoup de mal avant de succomber. Et on peut compter sur ses larbins pour le défendre bec et ongles. Ainsi, on apprend que les Britanniques ont annoncé qu’ils allaient envoyer des munitions à l’uranium appauvri en Ukraine, ce à quoi Vladimir Poutine a répondu : «Pendant que nous discutons du plan de paix, le Royaume-Uni a annoncé non seulement la fourniture de chars à l’Ukraine, mais aussi des obus à l’uranium appauvri. Si cela se produit, la Russie devra réagir en conséquence étant donné que l’Occident utiliserait une arme à composante nucléaire.» On le voit, les capacités de nuisance de la bête blessée représentent un grand danger et nous ne sommes pas à l’abri d’un acte insensé de la part de ceux qui refusent de se rendre à la raison, tels les Nuland, Blinken, Sullivan et consorts qui ne veulent pas renoncer à l’hégémonie américaine.
Le monde multipolaire est né
Alors que le monde multipolaire se met en place malgré eux, on assiste à des bouleversements que l’on n’aurait jamais cru possibles auparavant. Ainsi, les représentants de 27 Etats africains ont participé, le 16 mars dernier, au Sommet Russie-Afrique à Moscou, raffermissant les liens entre la Russie et l’Afrique et envoyant les anciennes puissances coloniales européennes au diable vauvert. La Russie prévoit de renforcer la coopération avec les pays africains dans le domaine de l’énergie et de la médecine et de doubler les quotas d’étudiants africains dans les universités russes. De plus, Vladimir Poutine a promis d’approvisionner gratuitement en céréales les pays africains les plus pauvres si l’accord sur les exportations ukrainiennes n’était pas reconduit dans les 60 jours. Au Venezuela, le président Maduro a reçu le président sahraoui Brahim Ghali avec tous les honneurs, pendant que le Polisario pilonne les forces d’occupation marocaines et leur inflige de lourdes pertes, et plus au sud, le président mexicain Andres Manuel López Obrador, dit Amlo, a traité les Américains de menteurs suite à un rapport américian sur les «droits de l’Homme» au Mexique comme ils savent les pondre suite à la décision du président mexicain de nationaliser l’exploitation du lithium. Le président Lopez Obrador leur a rétorqué que les Etats-Unis n’ont pas le droit de parler de droits de l’Homme avec un Julian Assange en prison, ni de violence après avoir détruit Nord Stream, et en leur demandant pourquoi ils autorisent les cartels à écouler du fentanyl aux Etats-Unis, cette drogue qui détruit les jeunes. L’Iran et l’Arabie Saoudite, quant à eux, ont enterré la hache de guerre et se sont accordés pour mettre fin au conflit meurtrier au Yémen, en cessant de fournir des armes. En Europe, le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban, refuse de se soumettre au diktat européen, en n’apposant pas sa signature sur le document prévoyant d’envoyer Vladimir Poutine devant la Cour pénale internationale pour la «déportation» – ah ! le choix des mots ! – illégale d’enfants ukrainiens et prône un apaisement dans le conflit en Ukraine, ce qui lui vaut à nouveau d’être catalogué «extrême-droite» parce qu’il privilégie les intérêts de son peuple avant ceux des institutions européennes.
A propos de ces enfants que Vladimir Poutine a voulu protéger en les éloignant du front, il semble que les Occidentaux auraient préféré voir mourir les orphelins du Donbass sous les obus qu’ils fournissent aux nazis d’Ukraine plutôt que de les voir à l’abri en Russie, sachant que les bombardements ukrainiens visent les infrastructures civiles. Comme toujours, nous sommes face à ce deux poids, deux mesures qui est décidément une seconde nature de l’Occident arrogant car, par exemple, l’Ukraine est réputée pour être une couveuse de bébés à vendre aux couples en mal d’enfants, soit parce qu’il s’agit de personnes stériles, soit parce qu’il s’agit de couples gays ou trans ou dieu sait quoi encore. L’Ukraine est l’un des seuls pays au monde qui pratique «légalement» la GPA (gestation pour autrui permettant d’avoir recours à une mère porteuse) puisqu’une législation à cet effet a été inscrite dans le code de la famille ukrainien en 2008 en pleine crise économique. L’Agence BiotexCom, centre privé qui permet la médicalisation de la reproduction humaine situé dans la périphérie de Kiev, se félicite dans une publicité sur son site internet de produire 2 000 bébés par an destinés au marché européen et états-unien, la guerre n’étant pas un frein à cette industrialisation de la reproduction humaine. Les futurs parents peuvent consulter un catalogue et faire leur choix concernant la donneuse d’ovocytes, et l’on donne des exemples de femmes de plus de 60 ans qui ont donné naissance à des enfants, ou concernant le ventre qui portera le bébé à naître. https://www.youtube.com/watch?v=X2tI4Zt6khs&t=124s
CPI pour Poutine : retour de boomerang
Pour en revenir à l’émission d’un mandat d’arrêt de la CPI contre le président Poutine, la Russie a annoncé, lundi 20 mars, l’ouverture d’une enquête pénale contre le procureur et trois juges de la Cour pénale internationale pour avoir engagé des poursuites pénales à l’encontre d’une personne notoirement innocente, combinées à l’accusation illégale d’avoir commis un crime grave ou particulièrement grave, ainsi que de préparer une attaque envers un représentant d’un Etat étranger. En outre, Dmitri Medvedev a réagi suite à une déclaration du ministre allemand de la Justice selon laquelle le président Poutine serait immédiatement arrêté s’il mettait un pied sur le sol allemand. Déjà, le ministre allemand prouve par là qu’il est un parfait idiot doublé d’un charlatan et qu’il n’a sans doute pas digéré que son grand-père ou arrière-grand-père ait ramassé une déculottée en 1945, mais la réponse de Medvedev est très explicite : «Nous ne pouvons imaginer qu’une telle situation se produise jamais, mais imaginons quand même. Dans ce cas, ce serait un casus belli et tous nos missiles et autres moyens voleraient vers le Bundestag, vers le bureau du chancelier, et autres.»
Hormis la question absolument révoltante de la production commerciale de bébés en Ukraine – mais que peut-on attendre d’autre d’un pays dont le peuple a été soumis à un lavage de cerveau intensif pour le convaincre de sa supériorité et lui inculquer la fierté d’appartenir à un Etat fasciste en honorant des criminels de guerre nazis comme Bandera ? – les quelques exemples cités plus haut démontrent que les pays qui, jusqu’à présent, n’osaient pas se rebeller contre l’hégémonie impérialiste redressent la tête et favorisent l’intérêt de leurs peuples. Certains gouvernements, par contre, se transforment en paillassons devant des régimes voyous, comme l’Espagne de Pedro Sanchez devant la monarchie anachronique du Maroc. En effet, on apprend que Madrid est en pourparlers avec Rabat pour céder l’espace aérien sahraoui au royaume de Bousbir. Jusqu’à présent, le ciel du Sahara Occidental était toujours contrôlé par l’Espagne depuis les îles Canaries, selon la carte de l’Organisation de l’aviation civile internationale, une agence des Nations unies qui supervise l’aviation civile internationale. Mais des négociations ont lieu pour céder au Maroc ce qu’il désire depuis longtemps, accentuant encore un peu plus sa mainmise sur le Sahara Occidental. Le gouvernement de Sanchez s’enlise de plus en plus dans une flagornerie écœurante à l’égard d’une voyoucratie qui fonctionne comme un clan mafieux dont elle emprunte les coutumes en recourant au chantage, à l’extorsion, à la corruption, au terrorisme, au trafic de drogue et d’êtres humains, et j’en passe. L’exemple du Marocgate en témoigne. Il est à remarquer qu’au cours d’une conférence de presse ce mardi au Parlement européen, les membres de la commission euro-parlementaire sur l’espionnage Pegasus, Jeroen Lenaers et Sophie in’t Veld, ont dénoncé le manque de collaboration de l’Exécutif espagnol à ce sujet après deux jours de rencontres en Espagne. On dirait bien que Pedro Sanchez a des choses très graves à cacher, et si l’on comprend sans l’admettre pour autant que le chancelier Scholz s’aplatisse devant l’empire qui lui a bousillé l’arrivée de gaz via Nord Stream, détruisant du même coup l’économie allemande, c’est tout de même l’empire jusqu’à présent omnipotent ! Mais enlever son pantalon devant le roi de la tomate et du cannabis, alors là, il fallait le faire, et Pedro Sanchez l’a fait !
«Louis XVI, on l’a décapité ! Macron, on peut recommencer !»
Quant à la France, elle est en pleine ébullition suite à la réforme des retraites adoptée par le 49.3 et le rejet des motions de censure. Bien que Gérald-Moussa Darmanin ait donné le feu vert pour que les forces de l’ordre tabassent à tours de bras, il y a des manifestations quotidiennes dans toutes les villes, des blocages des voies de communication, le caillassage des permanences des élus, la grève des éboueurs à Paris qui fait le bonheur les rats parisiens et qui s’étend à d’autres villes, la grève des raffineurs – 4 raffineries sur 7 étant à l’arrêt – avec les pénuries de carburant qui en résultent, la grève des cheminots, ports bloqués, et Macron qui continue à jeter de l’huile sur le feu, comme à chaque fois qu’il prend la parole, refusant d’écouter le peuple français. Celui-ci appréciera la rançon de plusieurs dizaines de millions d’euros versée au chef d’Al-Qaïda pour la «libération» de l’agent Olivier Dubois, suite à «l’interview» du chef d’Aqmi sur France 24 qui arrivait bien à propos, alors que l’Algérie essaie de convaincre le monde pour criminaliser le payement des rançons qui servent à financer les groupes terroristes. L’irresponsabilité doublée d’arrogance du président français mal élu incite le peuple français de se réunir Place de la République en scandant : «Louis XVI, on l’a décapité ! Macron, on peut recommencer !» La situation devient insurrectionnelle et il est fort à parier que le feu qui embrase les rues de France actuellement va se propager partout en Europe quand les peuples européens vont comprendre que l’élite oligarchique qui les dirige n’a jamais obéi qu’à un seul objectif : les réduire à la servitude et à l’obéissance en les menant à la ruine.
Entretemps, l’Algérie revient et se positionne
L’Algérie, quant à elle, se dirige vers les BRICS et prépare la visite du président Tebboune en mai prochain à Moscou où elle peut apporter son concours à la résolution du conflit en Ukraine, comme elle participe aussi à encourager le Mouvement des non-alignés (MNA) dont une réunion restreinte est prévue cet été à Alger. Notre pays a retrouvé la place qui lui est due sur la scène internationale en redevenant un acteur incontournable en matière diplomatique, énergétique, géopolitique et militaire avec lequel il faudra désormais compter.
Bienvenue et, espérons-le, longue vie au monde multipolaire !
Mohsen Abdelmoumen
Source : auteur
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