Communiqué
L’arrestation de Bilal al-Saadi, président du Théâtre de la Liberté de Jénine en Palestine occupée, en septembre 2022, et son placement en détention administrative, pratique illégale et révoltante, a indigné les Amis du théâtre de la liberté de Jénine (ATL Jénine) de France. L’association a alors sollicité un rendez-vous auprès des ministres françaises de l’Europe et des Affaires étrangères et de la Culture.
La délégation, reçue le 6 janvier 2023 par des collaborateurs de la ministre à la sous-direction Égypte-Levant du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, était composée de Sonia Fayman, présidente ATL Jénine, Maguy Marin, chorégraphe, Étienne Balibar, philosophe, professeur émérite à l’université de Nanterre, Mireille Fanon Mendès France, co-chair de la Fondation Frantz Fanon et ex-experte ONU.
Ces derniers ont insisté pour que le gouvernement français intervienne auprès du gouvernement israélien, d’une part, pour la libération immédiate de Bilal al-Saadi et d’autre part, pour que cesse la détention administrative, pratique illégale en droit international humanitaire.
Le gouvernement français, tirant toutes les conséquences de cette situation contraire au droit international, se doit de ne participer d’aucune manière à des évènements impliquant des relations culturelles faisant fi de cette oppression et de la colonisation illégale et se doit de mettre en place des programmes d’aide substantielle au théâtre palestinien afin de faciliter entre autres, financièrement, la venue en France de troupes de théâtre palestiniennes confirmées.
Il est souligné qu’au moment où un nouveau gouvernement israélien, comprenant des représentants de tendances colonialistes et racistes les plus virulentes, entre en fonction et a précisé que les conditions de l’occupation et de la colonisation allaient être renforcées, il est de la responsabilité de la France de dénoncer, avec véhémence, ce tournant très préoccupant pour les Palestiniens de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et pour ceux vivant sur le territoire israélien et qu’elle prenne ses responsabilités aussi bien sur le plan diplomatique que sur celui des relations bilatérales, y compris celui des relations scientifiques et culturelles.
La délégation a demandé, avec insistance, que la France intervienne pour que le droit international humanitaire s’applique et soit respecté par la puissance occupante ; à cette fin, le gouvernement doit se mobiliser pour obtenir de la Suisse la convocation, dans les plus brefs délais, des Hautes Parties contractantes aux Conventions de Genève afin que soit respecté et appliqué leur article 1 stipulant que « les Hautes Parties contractantes s’engagent à respecter et à faire respecter la présente Convention en toutes circonstances ». L’opposition de l’État d’Israël et le fait qu’il ne soit pas signataire de ces Conventions importe peu en l’occurrence. Face aux crimes de guerre commis par la puissance occupante, cette convocation des Hautes Parties contractantes doit se faire sans attendre les suites de l’enquête sur la situation dans l’État de Palestine (Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est) dont l’ouverture a été décidée par le procureur de la Cour Pénale Internationale en mars 2021. Les crimes de guerre doivent cesser ; l’ensemble des États, dont la France, ne peuvent laisser se commettre sans les dénoncer ces violations graves : elles ne sauraient être faites au nom de la sécurité, du droit de se défendre et de la démocratie mis en avant par Israël.
La délégation n’en restera pas là et s’informera régulièrement de l’avancée des démarches que le ministère aura pu entreprendre
Paris, le 21 janvier 2023
Source : UJFP
https://ujfp.org/…