Par Luc Michel
# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
ANATOMIE DE LA CYBER-GUERE
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/ de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 11 21/ Série IV/
« Les États-Unis (…) [ont] parlé clairement de l’impact déstabilisant tant de la désinformation émanant de la Russie que des activités du groupe Wagner à l’échelle mondiale. »
– Vedant Patel, porte-parole adjoint principal du département d’État, le 4 octobre 2022.
Le State Depaetment US publie un nouveau « rapport », « La campagne de désinformation d’Evguéni Prigojine dans toute l’Afrique », plein de fausses infos, sur les réseaux d’influence russes en Afrique :
« Plusieurs acteurs soi-disant panafricains qui sont liés au réseau d’influence de l’oligarque Evguéni Prigojine en Afrique, sous le coup de sanctions, appellent à une plus grande influence russe au Sahel. Ce réseau s’emploie énergiquement à influencer l’opinion publique à travers le continent pour l’amener à réclamer une plus grande influence russe. La démarche d’Evguéni Prigojine est censée soutenir les idéaux panafricains, tels qu’une plus grande fraternité et la collaboration entre les peuples d’origine africaineé3.
QUE DIT CE RAPPORT ?
« L’écosystème de désinformation et de propagande du Kremlin s’emploie à amplifier les messages pro-russes afin de s’attirer les faveurs de l’audience africaine et de faire du racolage pour les services du groupe Wagner en Afrique. Ces tactiques s’observent le plus souvent dans les zones de tensions politiques et sécuritaires (…) Parmi les messages de désinformation dominants, citons le fait de traiter les prises de pouvoir comme de nouvelles vagues de décolonisation en Afrique, de diffuser de la propagande sur les succès du groupe Wagner et d’affirmer à tort que l’Occident fait venir des groupes terroristes au Sahel. Dans le sillage de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, les réseaux d’Evguéni Prigojine continueront probablement à amplifier la désinformation, en particulier par exemple sur la sécurité alimentaire ».
Le rapport dfénonce « La main cachée de la Russie : des influenceurs panafricains » (dont AfriqueMédia) :
« Le panafricanisme est un mouvement légitime qui est respecté par beaucoup sur le continent et dans le monde. Mais Evguéni Prigojine a persuadé certains activistes panafricains de promouvoir les intérêts de la Russie sur le continent, des acteurs africains allant jusqu’à appeler à la suppression de l’influence française et occidentale au Sahel ainsi qu’à encourager une plus grande influence du Kremlin. Ces influenceurs permettent aux entités liées au Kremlin de maintenir un déni plausible de l’intervention de la Russie dans les affaires africaines, tout en essayant de façonner des opinions africaines favorables aux objectifs politiques du Kremlin (…) la chaîne de télévision Afrique Media, média francophone basé au Cameroun et lié à l’AFRIC. L’AFRIC sert de société écran pour les opérations d’influence d’Evguéni Prigojine en Afrique, notamment en parrainant des pseudo-missions de surveillance des élections au Zimbabwe, à Madagascar, en République démocratique du Congo, en Afrique du Sud et au Mozambique et en diffusant de la désinformation pro-Kremlin ».
Le rapport évoque « La désinformation russe et le groupe Wagner en Afrique » :
« Malgré les sanctions internationales et la révélation de leurs liens avec le Kremlin, des protagonistes en lien avec Evguéni Prigojine continuent d’opérer en Afrique. Ils utilisent la désinformation dans des situations agitées pour accroître l’influence de la Russie et atteindre les objectifs clés du Kremlin. Pour limiter l’impact de cette désinformation sur le continent, l’une des étapes essentielles est de comprendre son rôle dans la stratégie du Kremlin pour l’Afrique et de le mettre en lumière » (sic).
AUS ORIGINES DE LA PROPAGANDE OCCIDENTALE EN AFRIQUE
Ce soi-disant « rapport » est en effet intégralement pompée de deux publications américaines de 2021 :
1-
Un Rapport du Pentagone – intitulé « AU-DELA DE LA « GUERRE HYBRIDE » : UNE EXPLORATION NUMERIQUE DES ENTREPRENEURS D’INFLUENCE RUSSES » (16 oct. 2020) – qui identifie 5 grands « entrepreneurs d’influence » au cœur de la guerre de l’information russe et de la diplomatie parallèle russe en Afrique, dont Yevgeny Prigozhin et Luc Michel.
Ce « Rapport », établi sur des sources dites « scientifiques » (en fait ces universitaires recrutés et financés pat l’Administration US, sont devenus des agents d’influence américains spécialisés dans la Russophobie) est là pour donner un vernis scientifique aux campagnes russophobes du Pentagone et des vitrines légales de la CIA. Outre le think-tank US de la Fondation Carnegie, il a été édité en anglais en version courte par la POST-SOVIET AFFAIRS review (Volume 37, 2021, dont sont extraites les citations de cette analyse) et en version longue par ORBIS review (Volume 65, Issue 3, 2021, Pages 403-419) sous le titre « RUSSIA’S AFRICAN TOOLKIT: DIGITAL INFLUENCE AND ENTREPRENEURS OF INFLUENCE », où l’on dit que Luc Michel (cité en premier dans cette version) est un des « premiers aventuriers de l’influence médiatique russe » et que « Luc Michel n’est pas le seul exemple d’entrepreneuriat d’influence soutenant les intérêts russes (…) représentent de formidables chambres d’écho pour la Russie sur le continent et de grands entrepreneurs russes d’influence, comme Yevgeny Prigozhin, s’intéressent désormais à l’Afrique de plus près ».
QUI FINANCE CE RAPPORT ?
« Cet article fait partie d’un projet de deux ans (…) LA RUSSIE ET LA CHINE EN TANT QUE FOURNISSEURS DE SERVICES POUR LA GOUVERNANCE ILLIBERALE, financés par le département américain de la Défense dans le cadre du
Partenariat DECUR de l’Initiative de recherche Minerva ». Opération de désinformation donc du Département américain de la Défense et de l’Office of Naval Research de l’US Navy.
2-
le livre « THE COMPANY YOU KEEP’ » (2020) contre Yevgeny Prigozhine et Luc Michel.
Au cœur de la campagne de déstabilisation américano-française, il y a ce livre « The company you keep. Yevgeny Prigozhine’s Influence Operations in Africa » (édité par la ‘Free Russia Foundation’ à Washington). Un livre qui mêle mythes et réalités. Un chapitre sur les médias y est consacré à Luc MICHEL.
Dans des articles dérivés du livre, notamment sur le site US ‘THE DAILY BEAST’, on rajoute encore une couche pour diaboliser les ennemis des USA. PRIGOZHINE y est traité de « gangster ». Luc MICHEL y est lui qualifié de « MECHANT SORTI DES FILMS DE JAMES BOND » (sic) et ses réseaux en Afrique et en Eurasie sont directement visés par cette campagne. « L’un des principaux phénomènes apparus depuis la seconde moitié du XXe siècle est la déconstruction de l’adversaire » (dixit Pierre Conesa, « La fabrication de l’ennemi, ou comment tuer avec sa conscience pour soi »). Une figure diabolique et diabolisée qui n’a que peu, si pas du tout de rapport avec le personnage réel attaqué. Au point que celui-ci peut légitimement se demander quand il lit sa fausse bio, s’il s’agit réellement de lui !
LES RAISONS POUR LESQUELLES NOS RESEAUX SONT CIBLES NE SONT PAS EXPOSEES DANS CE « RAPPORT » BIDONNE :
Mais dans l’émission « Cyber : la guerre est déclarée » de C’dans l ‘air du 09.10.2022 sur la chaîne d’Etat française France5.
« Le cyberespace est devenu le nouveau terrain d’affrontement mondial. C’est l’autre facette de la guerre que se livrent en ce moment la Russie et l’Ukraine. Une bataille sans chars ni avions de chasse, où les virus informatiques ont remplacé les bombes et où les soldats s’appellent des hackeurs, avec l’objectif de déstabiliser leurs adversaires et semer le chaos à travers les réseaux. De l’Ukraine à Moscou jusqu’aux ordinateurs du parti présidentiel, décryptage de cette nouvelle menace invisible, avec les experts de « C dans l’air » et la participation d’invités exceptionnels, comme John O. Brennan, ancien directeur de la CIA. »
Alain PIROTJournaliste :
« Nous réalisons cette nouvelle soirée spéciale avec ma collègue Coraline Salvoch. Notre prochaine soirée spéciale et ce documentaire de 90 minutes seront consacrés à l’analyse du phénomène des Cyber Influences en France et dans le Monde. Notamment l’impact que peuvent avoir des vidéos, des informations, sur les opinions publiques, quand elles sont distillées à travers des canaux bien identifiés. Votre nom et vos comptes de réseaux sociaux, figurent parmi les 5 cinq premiers influenceurs sur facebook et sur twitter, autour d’une thématique centrale, celle de la présence française en Afrique, à travers notamment l’actualité de l’opération Barkhane et des dernières évolutions. Compte tenu de l’annonce du retrait français, il est évident que vos communications ont eu un effet concret sur les opinions publiques. Pour comprendre les raisons de votre engagement, votre organisation sur les réseaux sociaux, qui déterminent ainsi cette incroyable influence que vous pouvez avoir sur les opinions publiques au Mali, au Burkina Faso, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. »
* Voir Luc Michel dans l’émission « Cyber : la guerre est déclarée » de C’dans l ‘air du 09.10.2022 sur https://www.youtube.com/watch?v=2zICKafh84o&t=17s
COMMENT FRANCE5 PRESENTE LA CYBERGUERRE
« Internet est un monde dangereux. Surtout depuis que la Russie a envahi l’Ukraine au mois de février 2022, transformant l’ancienne république soviétique en un champ de bataille d’un nouveau genre ! Ce « entend réveiller les consciences quant à la possibilité d’une apocalypse numérique ». »
« Ici réside la grande qualité et le principal défaut de cette plongée en eaux très troubles : son désir d’exhaustivité. Plutôt que de se concentrer sur les nouveaux territoires de la conflictualité (sur lesquels il y a beaucoup à dire), la présentatrice Caroline Roux part à la rencontre de John Brennan, patron de la CIA sous Obama, ou de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Ou encore de Luc Michel. Conséquence de cette volonté de tout étreindre : on se perd parfois entre un hôpital français visé par un rançongiciel, une élection américaine parasitée par des trolls rémunérés et un manufacturier israélien de logiciels espions. Pour autant, cette vision panoramique est un défi intéressant. La Russie, épouvantail en forme de fil rouge, a depuis longtemps conceptualisé toutes ses opérations d’influence à travers le prisme unique d’un « espace informationnel » aux frontières moins nettes que notre cyberespace occidental. »
CYBER, LA GUERRE EST DECLAREE : UN DOCUMENTAIRE QUI SE VEUT EFFRAYANT POUR COMPRENDRE CE PERIL NUMERIQUE…
« Fin février 2022, la Russie n’a pas encore envahi l’Ukraine que la guerre a déjà commencé. Tous les systèmes informatiques ukrainiens importants, qu’ils soient gouvernementaux ou industriels, sont alors attaqués. Le but de Moscou: montrer aux Ukrainiens que leur pays ne peut pas les protéger. Sauf que Kiev était préparée, comme on le voit dans le docu de France 5 présenté par Caroline Roux. Partenariat crucial avec Microsoft, constitution de la première armée numérique du monde, etc. L’Ukraine était prête à mener la première guerre numérique de l’histoire. “La première, mais pas la dernière”, comme le précise un des nombreux intervenants, dont certains particulièrement importants. Hauts fonctionnaires américains, français et ukrainiens, hackers d’Anonymous à visage découvert, “trolls” russes, etc. »
L’ENQUETE DE FRANCE TV « PERMET DE MONTRER A QUEL POINT LA MENACE SERAIT GRANDE ».
« Outre l’Ukraine, on voit aussi comment les pays occidentaux sont déjà attaqués, que ce soit lors des élections, via l’espionnage, en minant leur prestige en Afrique. Plus on avance dans le docu, plus cela devient effrayant. On découvre ainsi comment la Russie et les USA pourraient littéralement déconnecter des pays entiers s’ils osaient faire le premier pas, et ce grâce à des techniques numériques et des armées de pirates toujours plus perfectionnées. Des accusations, notamment envers Moscou. Le travail de France TV met en lumière un enjeu aussi insoupçonné que crucial pour l’avenir de nos sociétés. Une invitation à reconsidérer l’importance que l’on accorde à ce péril numérique qui nous concerne tous, suivie d’un débat en plateau. »
LA GUERRE A L’ERE DU NUMERIQUE
Depuis l’invasion en Ukraine, le monde a redécouvert la puissance du numérique pour informer ou désinformer la population. Mais aussi pour paralyser des serveurs, pirater des logiciels et rançonner des entreprises. Des actes, la plupart malveillants, dont l’ampleur ne cesse de croître.
La guerre froide nous a appris que les Russes et les Américains savaient sous-traiter. Alors on sous-traite avec des armées de libération, avec des guérillas, avec des Opérateurs indépendants. Et donc assez logiquement, puisqu’on parle de technique, à des gens dont c’est la spécialité et le métier. C’est-à-dire des hackeurs professionnels qui se révèlent des fantassins lorsqu’il s’agit d’attaquer des cibles militaires ou civiles.
LA PREMIERE CYBERGUERRE MONDIALE
Les cyberattaques ne visent pas seulement à obtenir de l’argent, elles servent aussi à manipuler les opinions en diffusant de fausses informations, en s’ingérant dans des élections présidentielles, en cherchant à nuire ou à neutraliser l’ennemi en temps de guerre.
Ainsi, lorsque débute l’invasion russe en Ukraine le 24 février, plusieurs infrastructures sont déjà visées par des cyberattaques depuis la veille. Si ces dernières avaient réussi, l’Ukraine serait vraisemblablement tombée en quelques heures. Seulement, la riposte a été à la hauteur de la tentative de sabotage et de paralysie informatiques. « Près de 500 attaques informatiques ont été enregistrées sur les réseaux ukrainiens, explique le général Yuri Shchyhol. Principalement contre des sites gouvernementaux. Il y avait aussi des attaques contre des compagnies privées, des infrastructures vitales, des entreprises liées à l’énergie ou à la logistique, particulièrement dans le système ferroviaire. C’est sans aucun doute la première cyberguerre mondiale. »
DESINFORMER POUR MIEUX CONTROLER
Museler une population, la mettre sur écoute, lui imposer une doctrine ou lui insuffler une ligne de conduite sont des méthodes qui existaient bien avant l’essor du numérique. Aujourd’hui, alors même que nous accédons à plus d’informations, que nous pouvons avoir le sentiment d’être mieux informés, nous sommes finalement continuellement confrontés à des sources plus ou moins fiables. Et les algorithmes n’aident pas à se frayer un chemin dans ce dédale de surinformation numérique. Nos lectures, nos centres d’intérêt sont scrutés, le plus souvent pour des raisons commerciales. Le plus souvent. Mais dans les autres cas… ?
SPECIALE C DANS L’AIR – CYBER : LA GUERRE EST DECLAREE
C’est l’autre facette de la guerre que se livrent en ce moment la Russie et l’Ukraine. Une bataille sans char ni avion de chasse, où les virus informatiques ont remplacé les bombes, et où les soldats s’appellent des hackeurs. Avec un objectif : déstabiliser leurs adversaires et semer le chaos à travers les réseaux.
AU CŒUR DE LA GUERRE HYBRIDE ET DE SES « OPERATIONS D’INFLUENCE », IL Y A LA GUERRE MEDIATIQUE.
La première manche a été gagnée en Afrique par la Russie. Washington et Paris contre-attaquent avec la nouvelle doctrine de la guerre informationnelle, une doctrine où la France devient à nouveau un état-voyou. Attaqués de partout de Washington à Paris, par le Pentagone, RFI et Macron notamment, cible centrale : la TV panafricaine Afrique Média et le géopoliticien Luc Michel !
GUERRE INFORMATIONNELLE :
PARIS CONTRE-ATTAQUE AVEC DES METHODES DE VOYOU
La ministre française des Armées Florence Parly a présenté le 20 octobre 2021 la nouvelle doctrine pour mener le combat dans la « guerre informationnelle », s’autorisant à user de la dissimulation ou de la ruse pour contrer les attaques de ses adversaires.
La défense française vient de se doter d’un nouveau « cadre officiel contre les attaques informationnelles à l’ère des médias sociaux ». La ministre des Armées Florence Parly a ainsi présenté ce 20 octobre la nouvelle «doctrine militaire de lutte informatique d’influence» visant à encadrer la cyber-influence et contrer celle des adversaires. «Le champ informationnel est un lieu de compétition stratégique», et «l’information fausse, manipulée ou subvertie est une arme», a expliqué la représentante du gouvernement lors de la présentation de cette doctrine nommée «L21». «La lutte informatique d’influence, cela désigne l’ensemble des opérations militaires conduites en appui de nos forces dans le champ informationnel, pour détecter, caractériser, contrer des attaques pour appuyer la communication stratégique associée à une opération», a-t-elle précisé lors de sa conférence de presse.
LA DEFENSE FRANCAISE CONTRE LES MEDIAS PRO-RUSSES INDEPENDANT
Selon la doctrine française, les armées s’autorisent plusieurs types d’action : opérer une «veille de l’espace numérique autour des opérations militaires» pour détecter des attaques informationnelles adverses comme pour mesurer l’état de l’opinion publique, «promouvoir l’action des forces armées sur les médias sociaux», «contrer les attaques informationnelles adverses s’opposant à l’action de nos forces pour les faire cesser ou en atténuer les effets», ou encore «dénoncer les incohérences ou mensonges de l’adversaire».
Ces tâches sont dévolues à des unités militaires spécialisées du Centre interarmées des actions sur l’environnement (CIAE), sous le contrôle du Commandement de la cyberdéfense (COMCYBER), avec ses officines stipendiées, ses « usines à troll », ses agents d’influence stipendiés déguisés en « journalistes » ou en « chercheurs ».
UN PRÉCÉDENT EN CENTRAFRIQUE :
LA FRANCE PRISE LA MAIN DANS LE SAC
Ces actions d’influence des armées seront circonscrites aux théâtres d’opérations extérieures et ne seront pas exercées sur le territoire national, a assuré Florence Parly. En Afrique particulièrement ! Les armées françaises ne s’interdisent par ailleurs pas de recourir à la «déception», à savoir induire l’adversaire en erreur par la dissimulation ou la ruse. Toutefois, «nous mettrons en œuvre ces opérations en veillant à ce qu’elles soient en parfait accord avec nos principes et nos valeurs», a insisté la ministre, promettant que les armées françaises ne déstabiliseront pas un Etat étranger à travers des actions informationnelles qui viseraient par exemple des processus électoraux.
La France a néanmoins déjà eu recours à ce type de manœuvre, avec plus ou moins de discrétion : en décembre 2020, Facebook avait supprimé publiquement des réseaux de désinformation gérés depuis la France, ayant des connexions avec l’armée française. Ce dernier était accusé de mener des opérations d’interférence en Centrafrique, diffusant en français et en arabe des messages pour défendre les politiques françaises en Afrique et critiquer celles des Russes, comme l’avait confirmé un rapport de l’Internet Observatory de Stanford : «En créant des faux comptes et des fausses pages anti-fake news pour combattre les trolls, les intervenants français ont perpétué et implicitement justifié le comportement problématique qu’ils entendaient combattre.»
LA GUERRE HYBRIDE DU KREMLIN CONTRE L’OCCIDENT
Comment le Kremlin a-t-il pu réaliser sa grande percée en Afrique en un temps record ?
« Par le biais de l’information » assurent plusieurs experts internationaux qui s’intéressent à cette nouvelle guerre que mène la Russie à l’Occident depuis quelques années ! Une guerre hybride dont le président Emmanuel Macron a parlé ouvertement lors de son déplacement en Afrique subsaharienne en juillet dernier devant un parterre de personnalités du : « la présence hybride de la Russie passe d’abord par là propagande la diffusion de fausses informations à travers des officines comme spoutnik et rt ».
De retour en France Macron avait même rappelé les médias publics français à l’international à « contrecarrer la propagande russe ». Ce que les dirigeants et journalistes de ces chaînes de télé et stations de radio n’ont pas accepté et ont dénonce dans un communiqué l’interventionnisme du chef de l’État français dans les médias censés être libre et choisir leur ligne éditoriale et leur manière de travailler. Ces médias mainstream sont pourtant aux avant-postes de cette guerre d’influence.
La guerre invisible que mène la Russie contre la France transite également par les réseaux sociaux là encore la Russie semble très active à travers des comptes sur Facebook comme sur Twitter qui alimentent à longueur de journée la sentiment anti-français.
Selon des enquêteurs français cités dans la presse de l’Hexagone la Russie agirait également à travers un soutien direct accordé à certains médias africains pour lancer des campagnes à la gloire de la Russie et de dénigrement des partenaires occidentaux. Ce sont Afrique Medias et le Groupe Luc Michel Multimedias qui sont principalement visés.
UNE GUERRE DE CIVILISATION OU LE RETOUR DE MOSCOU EN TERRITOIRE AFRICAIN
Cette bataille de l’information se joue sur fond de guerre civilisationnelle d’une Russie qui dénonce la décadence de l’Occident et son comportement colonialiste. Un discours qui séduit les opinions publiques africaines et qui leur parle après plusieurs décennies de déceptions post-indépendance.
Un discours aujourd’hui assumé par Vladimir Poutine qui lors de son allocution prononcée fin septembre sur la place Rouge à l’occasion de l’annexion des 4 territoires du Ukrainien a fait de cette guerre de civilisation et de culture la pierre angulaire de son conflit ouvert avec les États-Unis et l’Europe en Ukraine dans le monde.
Une manière selon plusieurs experts géopolitiques qui se sont exprimés dans les médias français pour Poutine de renouer les liens que l’URSS avait avec plusieurs pays du monde dont des pays africains.
PLUS QU’UNE SIMPLE BATAILLE D’IMAGES LA RUSSIE VISE A REDEVENIR UN ACTEUR QUI COMPTE EN AFRIQUE
Plus qu’une simple bataille d’images la Russie vise à redevenir un acteur qui compte en Afrique et la guerre hybride qui passe par des partenariats en matière de défense mais surtout une rhétorique entière impérialiste sonne comme un air de déjà-vu. dans les années 60 en pleine guerre froide l’Union soviétique est l’une des plus grandes puissances d’influences en Afrique. Une partie de l’élite du continent qui évolue aujourd’hui dans les sphères du pouvoir à d’ailleurs été formée en ex-urss.
COMMENT « LA GUERRE EN UKRAINE N’EBRANLE PAS LES SOUTIENS AFRICAINS DE MOSCOU » (LE TEMPS, GENEVE)
« Les voix prorusses sont de plus en plus visibles en Afrique subsaharienne, alors que le régime de Poutine développe ses réseaux sur le continent, sur les plans médiatique comme militaire » :
« Gouvernants, opposants, militants panafricanistes sur les réseaux sociaux ou simples manifestants: à l’heure de la guerre en Ukraine, les soutiens au régime russe sont de plus en plus visibles en Afrique subsaharienne, un symbole du «soft power» croissant de Moscou sur le continent. «Poutine veut récupérer son pays et il n’a pas le sang de l’esclavage et de la colonisation sur les mains (…) Même tonalité chez Julius Malema, leader de la gauche radicale sud-africaine: «Nous sommes là pour dire à l’OTAN et aux Américains que nous ne sommes pas avec eux. Nous sommes avec la Russie et aujourd’hui nous voulons remercier la Russie. Donnez-leur une leçon, nous avons besoin d’un nouvel ordre mondial et nous sommes fatigués de recevoir des ordres des Américains». Comme eux, militants africains et partisans de Poutine ou abonnés sur les réseaux sociaux qui se comptent par milliers, multiplient ces derniers mois les interventions «anti-impérialistes» et favorables aux actions du pouvoir russe. «Il y a une prolifération de chaînes YouTube qui relaient des discours déstabilisateurs. Ils créent un fossé entre l’Occident et les régimes africains et servent ainsi les intérêts russes», estime Mahama Tawat, chercheur à l’université de Malmö en Suède. »
OFFENSIVES MEDIATIQUES
« L’influence russe en Afrique se traduit aussi dans les rues de Bamako, N’Djamena ou Ouagadougou, où des manifestants hostiles à la présence militaire française au Sahel ont brandi des drapeaux russes. Elle se matérialise aussi par des offensives médiatiques. Au Cameroun, la télévision «panafricaine» Afrique Média présente régulièrement des opinions pro-Kremlin dans le conflit avec l’Ukraine (…) «Guerre Ukraine Russie: comment le leadership de Poutine fait paniquer l’Occident? », «Projet d’assassinat de Vladimir Poutine: jusqu’où peuvent aller les Occidentaux? », font par exemple partie des sujets débattus sur la page Facebook du média. Ce terreau populaire pro-russe, dont il est difficile d’évaluer l’ampleur, est appuyé par la bienveillance de certains gouvernements africains envers le Kremlin. L’analyse du vote de la résolution de l’ONU condamnant l’invasion de l’Ukraine, adopté à une large majorité, le 2 mars le montre: sur 35 pays abstentionnistes, seize sont en Afrique, auxquels il faut ajouter l’Erythrée qui a voté contre, et huit Etats africains qui n’ont pas participé au vote. »
« Dans l’ensemble», sauf rares exceptions comme le Sénégal, «ce sont soit des régimes autoritaires qui se sont abstenus, soit des pays qui ont des liens historiques, souvent militaires, avec la Russie depuis l’époque du bloc soviétique», analyse Mahama Tawat. Certains gouvernements se sont même ouvertement tournés vers Moscou, comme en Centrafrique où le pouvoir a appelé la Russie à la rescousse, lors d’une offensive de groupes armés fin 2020. Des centaines de paramilitaires russes, des «mercenaires» du groupe Wagner selon l’ONU, sont venus renforcer ceux déjà présents dans le pays depuis deux ans. Plus récemment, le Mali, qui a sommé les forces françaises de partir, a reçu des équipements militaires russes dont deux hélicoptères de combat, en vertu d’«un partenariat sincère et très ancien», selon l’armée. Bamako accueille également un grand nombre «d’instructeurs russes», encore des «mercenaires» de Wagner, selon la France et ses partenaires. »
« L’Afrique anglophone ne fait pas exception. En 2016, la Tanzanie et la Russie ont signé un accord de coopération militaire incluant l’entraînement de soldats africains dans des académies russes. En Ouganda voisin, le fils du président Museveni, le puissant général Muhoozi Kainerugaba, a récemment affirmé un soutien sans ambiguïté à Vladimir Poutine. «La majorité de l’humanité (qui n’est pas blanche) soutient l’action de la Russie en Ukraine. Poutine a absolument raison! », a tweeté fin février ce proche conseiller de son père. »
Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou, Téhéran et Malabo) :
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