Par Ziad Medoukh
Les jeunes francophones de Gaza participent activement à la fête de la Francophonie en mars de chaque année soit à l’Institut Français de Gaza, soit à l’université, soit dans les écoles qui enseignent le français dans la bande de Gaza, par des activités variées comme les chansons et les poèmes, mais surtout par des sketches et des pièces de théâtre.
Les sketches joués par les enfants,les jeunes étudiants et diplômés sont écrits et préparés par les jeunes eux-mêmes
Les pièces de théâtre interprétées par les jeunes sont celles qui touchent leur vie, comme le contexte dans la bande de Gaza, ou sont des pièces françaises d’auteurs classiques comme Hugo, Ionesco et Molière.
On a remarqué qu’à chaque fois beaucoup d’étudiants voulaient participer à ces sketches et pièces, même les étudiants qui n’ont pas un bon niveau de français.
Cet intérêt des étudiants de français pour le théâtre montre que celui-ci pourrait être un élément de motivation, d’apprentissage et d’ouverture dans le domaine de l’éducation en général et de l’enseignement du français en particulier.
Le département a essayé après ce constat, et au travers ses relations avec des personnes et experts francophones, de proposer des ateliers de théâtre même via Zoom, Skype et visioconférence
Son objectif est de créer une troupe de théâtre francophone au sein du département de français afin de jouer des pièces de théâtre palestiniennes et françaises, soit dans la bande de Gaza, soit en France et dans les pays francophones.
Nous sommes convaincus que le théâtre pourrait être utilisé dans l’éducation, et que les jeunes palestiniens avec leur langue française pourront créer des pièces et des groupes de théâtre amateurs pour jouer et interpréter des pièces palestiniennes et françaises, et pourquoi pas présenter leur création en France et dans les pays francophones.
Le théâtre développe le goût et le plaisir de la lecture par le jeu et l’interprétation des textes, il contribue à la formation d’une culture générale et humaniste et des citoyens responsables, critiques et autonomes.
Malgré l’importance de cette initiative du département de français et son originalité, quelques difficultés pourront être affrontées au départ comme :
- L’absence d’expériences chez les jeunes étudiants au département dans le domaine de théâtre.
- Les représentations du théâtre chez les Palestiniens notamment chez les jeunes ne sont pas toujours positives
- Les difficultés de s’adapter avec cette nouvelle expérience, le théâtre à Gaza n’est pas développé, il n’y a pas vraiment pas de troupes, ni de vraies associations et structures qui s’en occupent.
- Le contexte à Gaza avec le blocus et le manque des contacts directs avec les francophones.
- Les échanges via Skype et Internet malgré leur importance restent théoriques, et on remarque un manque d’orientations pratiques notamment sur scène.
Mais la multiplication des ateliers et de projets au département dans le domaine de l’écriture et du théâtre, et la création d’une troupe francophone au sein du département, ainsi que la possibilité de voyager en France pour jouer devant un large public, et de participer à des festivals de théâtre, pourraient être une source de motivation pour l’avenir.
Ainsi ces actions et ses réalisations pourront avoir des conséquences positives :
– Sur le département-qui pourra ajouter un module « théâtre français contemporaine » dans le nouveau cursus du département,
-Sur les étudiants : confiance, esprit critique, sens de responsabilité, acquisition de compétences communicatives et interculturelles-
-Enseigner les expériences théâtrales palestiniennes aux étudiants et aux diplômés de français
-Développer une culture de théâtre à l’université
-Création artistique et, au travers le théâtre envoyer un message au monde francophone que la culture en Palestine est une forme de résistance.
-Bénéficier de l’expérience théâtrale en Cisjordanie.
Finalement, on pourra confirmer que la création artistique en général, et le théâtrale en particulier, pourraient contribuer à faire sortir Gaza de son isolement et son enfermement, le théâtre peut toucher un public large, c’est une forme d’expression forte et touchante, il pourra être la voix de la Palestine adressée au monde entier. Et que l’initiative et les projets théâtraux du département ont besoin d’un soutien et d’un encouragement permanant de la part du monde francophone et ses différentes structures et institutions.
Ziad Medoukh
Professeur universitaire
Chercheur francophone-Gaza-
Source : auteur