Par Luc Michel
# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
L‘UKRAINE DE ZELENSKI : LA MARCHE VERS LE NEANT ET LA RESURRECTION DE LA NOVOROSSIYA
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 07 20/ Série IV/
(avec AFP)
Guerre en Ukraine:
la Russie menace d’élargir l’offensive et écarte tous pourparlers…
Le chef de la diplomatie russe a menacé l’Occident ce mercredi, affirmant également que la Russie travaillait « à l’annexion » des zones qu’elle contrôle. Le chef de la diplomatie russe a affirmé ce mercredi que les objectifs militaires de la Russie en Ukraine ne se limitaient plus uniquement à l’est du pays, mais concernaient également « d’autres territoires » et pourraient encore s’étendre.
UNE « GEOGRAPHIE DIFFERENTE »
Sergueï Lavrov a justifié ce changement par une « géographie différente » par rapport à la situation qui existait sur le terrain fin mars, lorsque Moscou avait dit vouloir se concentrer sur l’est, après avoir échoué à prendre Kiev, la capitale ukrainienne. « Ce ne sont plus seulement les républiques populaires de Donetsk et Louhansk (territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine, ndlr), ce sont aussi les régions de Kherson et Zaporijjia (dans le sud, ndlr) et une série d’autres territoires, et ce processus continue, de façon constante », a-t-il déclaré dans une interview avec l’agence de presse Ria-Novosti et la chaîne RT.
M. Lavrov a aussi déclaré que mener des pourparlers avec Kiev n’aurait « aucun sens dans la situation actuelle », estimant que de précédents contacts avaient « seulement révélé l’absence de volonté, chez la partie ukrainienne, de discuter sérieusement de quoi que ce soit ».
CES DECLARATIONS INTERVIENNENT ALORS QUE MOSCOU A ENREGISTRE DES GAINS CES DERNIERES SEMAINES DANS L’EST DE L’UKRAINE
En faisant notamment sauter le double verrou de Severodonetsk et Lyssytchansk, ce qui lui a dégagé la voie pour tenter d’avancer vers les villes de Kramatorsk et de Sloviansk, plus à l’ouest.
UNE EVOLUTION DES OBJECTIFS LIEE AUX LIVRAISONS D’ARMES OCCIDENTALES
M. Lavrov a d’ailleurs prévenu que si l’Occident continuait de fournir à l’Ukraine des armes capables de frapper à longue distance, comme les lance-roquettes multiples américains HIMARS, les objectifs géographiques de la Russie évolueraient encore. « Car nous ne pouvons permettre que, dans la partie d’Ukraine contrôlée par (Volodymyr) Zelensky ou son remplaçant, se trouvent des armes qui peuvent menacer directement notre territoire ou celui des républiques (séparatistes) ayant déclaré leur indépendance ou voulant choisir seules leur avenir », a-t-il déclaré.
La Russie, qui contrôle également de larges pans de territoire dans le sud de l’Ukraine, a été accusée mardi par les Etats-Unis de « travailler à l’annexion » des zones qu’elle domine, comme elle l’a fait en 2014 avec la Crimée.
« L’UKRAINE N’EXISTE PLUS » :
LA TELEVISION RUSSE COMPARE L’OPERATION SPECIALE A UN VERMIFUGE POUR CHAT
Vladimir Soloviev, célèbre présentateur de la télévision d’État russe, a comparé l’invasion de l’Ukraine à un vermifuge, une procédure pratiquée sur un chat pour éliminer ses vers. « Quand un médecin vermifuge un chat, pour le médecin, c’est une opération spéciale, pour les vers, c’est une guerre, et pour le chat, c’est un nettoyage », a-t-il dit.
« L’UKRAINE NE PEUT PAS CONTINUER A EXISTER »
Sur la chaîne Russie-1, il répondait à des propos génocidaires tenus plus tôt dans l’émission par la rédactrice en chef de la chaîne de télévision pro-Kremlin RT, Margarita Simonyan. « Nous devrions construire notre avenir avec la culture, avec le chauffage et sans l’Ukraine », a déclaré Simonyan.
Lorsque le présentateur d’Une soirée avec Vladimir Soloviev s’est interrogé pourquoi sans l’Ukraine, Simonyan a répondu : « parce que l’Ukraine telle qu’elle était, ne peut pas continuer à exister ». « Il n’y aura pas l’Ukraine que nous connaissons depuis de nombreuses années », a-t-elle ajouté.
DIXIT LAVROV :
LES ANGLO-SAXONS POUSSENT A UNE « VERITABLE GUERRE » ENTRE L’EUROPE ET LA RUSSIE.
Dans cette interview à la rédactrice en chef monde de RT Margarita Simonian, le chef de la diplomatie russe a notamment dénoncé l’attitude des alliés occidentaux de Kiev, poussant l’Ukraine à ne pas négocier et cherchant la confrontation. Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a indiqué, ce 20 juillet, que les conditions pour des négociations avec l’Ukraine n’étaient pas réunies pour l’heure. Il a expliqué cet état de fait par l’attitude de Kiev et de ses alliés, dont il estime qu’ils tentent d’éloigner l’Europe de la Russie.
Rappelant que Moscou avait consenti aux négociations réclamées par les dirigeants ukrainiens au début de l’offensive militaire russe, Sergueï Lavrov a estimé que les premiers rounds de discussion avaient révélé « l’absence de volonté chez la partie ukrainienne de mener une discussion sérieuse sur quoi que ce soit ». Et le ministre russe de poursuivre en évoquant la position défendue par Olaf Scholz, Boris Johnson, Ursula von der Leyen ou encore Josep Borrel, selon laquelle l’Ukraine ne devrait « pas négocier maintenant, car ses positions sont faibles sur le front » mais devrait se renforcer sur le champ de bataille dans un premier temps. « Ce sont des discours hypocrites, ce n’est qu’un décor » a commenté Sergueï Lavrov, voyant dans cette attitude une volonté de pousser l’Europe à la confrontation avec la Russie.
LES UKRAINIENS « PAS AUTORISES » A NEGOCIER SANS L’ACCORD DE WASHINGTON ?
« Nos collègues américains, nos collègues britanniques – c’est une chose anglo-saxonne ça – avec le soutien actif des Allemands, des Polonais et des Baltes, veulent vraiment faire de cette guerre une véritable guerre et provoquer un conflit entre la Russie et les pays européens » a encore affirmé Sergueï Lavrov. « Je n’ai aucun doute que les Ukrainiens ne seront pas autorisés à négocier jusqu’à ce que les Américains décident : « Nous avons déjà assez fait de raffut, on a semé le chaos, et maintenant on peut les livrer à eux-mêmes, et on verra comment ils s’en sortiront » » a poursuivi le chef de la diplomatie.
NORDSTREAM 2 : « NOUS NOUS REORIENTONS SANS PERTE MAJEURE. »
Enfin, au sujet des sanctions qui se multiplient contre Moscou, notamment dans le domaine énergétique, Sergueï Lavrov a souligné que la Russie n’aurait aucun « problème particulier » à réorienter ses exportations de gaz.
« Dans la situation actuelle, 50 % du volume destiné à [Nordstream 2] a déjà été réservé pour notre consommation intérieure, à la fois pour le chauffage, pour l’industrie chimique et pour d’autres tâches industrielles. Nous nous réorientons sans perte majeure, je n’en doute pas, nous avons un acheteur, il y a un marché » a noté le ministre.
« LES RESSOURCES DE LA RUSSIE SONT PRATIQUEMENT INÉPUISABLES », CONFIRME UN LIEUTENANT-GÉNÉRAL ALLEMAND.
Selon lui, les forces armées russes acquerront beaucoup d’expérience pendant le conflit en Ukraine et seront encore plus prêtes au combat. L’armée russe se renforce.
« Apparemment, l’armée russe avance kilomètre par kilomètre, gagnant en supériorité. C’est une guerre d’usure. La question est de savoir combien de temps l’Ukraine pourra tenir », a-t-il déclaré au Handelsblatt.
Quant à la Russie, ses ressources sont pratiquement inépuisables, estime le général.
« NOVOROSSIYA »:
QU’EST-CE QUE LA « NOUVELLE-RUSSIE », CE PROJET GEOPOLITIQUE RÊVÉ PAR POUTINE?
La renaissance de ce projet expansionniste, mis entre parenthèses en 2014, pourrait être l’un des objectifs de l’armée russe à mesure qu’avance le conflit. Où veut s’arrêter Vladimir Poutine? Plus de 130 jours après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les intentions de l’homme fort du Kremlin restent floues.
D’un point de vue strictement géographique, ce repositionnement stratégique reprend plus ou moins le tracé de la Nouvelle-Russie. Appelé « Novorossiya » en version originale, ce projet expansionniste, qualifié de « mélange d’identitarisme slave, de protectionnisme économique, et de religion orthodoxe » par les communistes de Washington de L’Humanité, avait retrouvé une seconde jeunesse en 2014 après les sécessions unilatérales des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk.
Historiquement, le concept de Nouvelle-Russie remonte au XVIIIe siècle, époque des Tsars, durant laquelle cette région était une subdivision de l’Empire russe. Elle était alors située le long de la mer Noire, comprenait la mer d’Azov, et s’étendait jusqu’à la frontière actuelle de la Moldavie. Plus précisement, elle correspondait aux régions actuelles de Mykolaïv, Odessa, Kherson et Kirovograd, plus une partie de l’oblast de Donetsk.
« L’UKRAINE, C’EST LA NOUVELLE-RUSSIE' »
C’est en 2014, que le projet de Nouvelle-Russie revient à l’ordre du jour. Cette année-là, la Crimée, lors d’un référendum qui n’est pas reconnu par la communauté internationale, et dont j’ai organisé le monitoring, décide son rattachement à la Russie, tandis que les républiques de Lougansk et de Donetsk décident de faire sécession. Une situation propice à la remise au goût du jour de ce projet pan-russe.
EODE a organisé la Mission internationale de monitoring du Référendum d’auto-détermination en CRIMEE et à Sébastopol les 14-17 mars 2014, condition indispensable de sa validité et défi à l’OTAN et à l’OSCE, à qui nous avons damné le pion : « Au moment où il bloquait les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Poutine en faisait venir d’autres via le Eurasian Observatory for Democracy and Elections (EODE), organisation non gouvernementale créée et administrée par (…) Luc Michel, afin de tenter de légitimer le référendum du 16 mars 2014 en Crimée » dit la revue de l’IFRI (Cfr. « Crimée : les contradictions du discours russe », par Jean-Baptiste Jeangène Vilmerin, in POLITIQUE ETRANGERE, 2015/1 (Printemps), éditée par l’IFRI, Paris).
Galvanisé, le président russe Vladimir Poutine s’offre, le 17 avril de cette même année, un voyage dans le temps lors d’un discours tenu pendant un show télévisé de plusieurs heures. Il y remet déjà en cause la souveraineté ukrainienne sur son propre territoire. « L’Ukraine, c’est ‘la Nouvelle-Russie’, c’est-à-dire Kharkov, Lougansk, Donetsk, Kheerson, Nikolaev, Odessa. Ces régions ne faisaient pas partie de l’Ukraine à l’époque des tsars, elles furent données à Kiev par le gouvernement soviétique dans les années 1920. Pourquoi l’ont-ils fait? Dieu seul le sait », avait lancé ce jour-là l’homme fort du Kremlin.
UN PROJET GELE EN 2014
Théorisé par Pavel Goubarev, gouverneur autoproclamé de la République populaire de Donetsk, la Nouvelle-Russie devrait avoir pour capitale Donetsk et comme religion officielle d’état le christianisme orthodoxe. Poilitiquement, l’objectif était de nationaliser les grandes industries afin de justement installer ce protectionnisme économique.
« Parler de ‘Novorossia’, c’est jouer avec un imaginaire impérial, patriotique, d’une Russie qui incarnerait une identité qui dépasserait ses frontières. Cette représentation duale du monde, avec une phraséologie très soviétique, aide Vladimir Poutine à se renforcer », analysait auprès du Monde Kevin Limonier, chercheur à l’Institut français de géopolitique spécialisé sur la Russie.
En août 2014 à Yalta, je participe notamment à la « Conférence de Yalta sur la Novorossiya ».
Pourtant, très vite, le projet a du plomb dans l’aile. Il est même gelé en 2015, après à peine un an d’existence, à l’annonce d’Alexander Kofman, ministre des affaires étrangères de la République populaire de Donetsk. Pire, celui-ci n’est plus soutenu par Moscou, qui, en signant les accords de Minsk 2, avait signifié qu’il ne reconnaissait pas cette Nouvelle-Russie, tout en demandant que les territoires de l’est restent ukrainiens. « Le projet a échoué piteusement en 2014 », confirme à BFMTV.com Arnaud Dubien, directeur de l’observatoire franco-russe à Moscou.
Cependant, l’inquiétude reste forte. Dans l’une de ses dernières prises de parole, le président ukrainien Volodymyr Zelensky l’assure: « L’Ukraine n’est pas la dernière cible de l’agression russe », et Moscou « veut occuper Odessa et puis il n’y a plus qu’un pas jusqu’en Moldavie ». Or, à l’époque de l’Empire russe, le sud de la Transnistrie, région sécessionniste de la Moldavie, faisait bel et bien partie de la Nouvelle-Russie.
C’est notre projet géopolitique que ressuscite Lavrov …
Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)
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