Par Kader Tahri
Toutes les écoles d’anthropologie sociale nous enseignent que le colonialisme d’exploitation n’aurait du reste jamais perduré, tous les sociétés humaines depuis l’aube des temps ont élaboré, sans s’être concertés, une norme commune à l’Humanité : la proscription morale et religieuse absolue du fait colonial et de l’exploitation humaine avec sa vision sauvant les colonies des ténèbres par la colonisation en associant le colonisé au Barbare, un peu plus encore du portrait surréaliste du colonisé. Je partage cette certitude sur l’exclusivité de refuser, de dénoncer le colonialisme quel que soit sa forme qui avait laisser dans la société algérienne une cicatrice jamais refermée, et ceci s’explique par le fait qu’il n’y a pas une famille en Algérie qui n’a pas un membre de sa famille assassiné par l’occupant français et en général tout les gens qui avaient participé à la guerre d’Algérie en garde de grosses séquelles psychologiques!
La France raciste et colonialiste avait pillé toutes les richesses de l’Algérie et opérer un génocide de plus de 6 millions d’algériens, ceci par évidence reste surtout un crime contre l’humanité perpétré en Algérie et pire: La France Coloniale à propos de son histoire, a la même honnêteté que la Turquie sur le génocide des Arméniens. Ce n’est que ça. Rien d’autre qu’une décadence morale ?
C’est exact. Il est vraisemblable que l’armée coloniale Française avait cherché à atteindre un objectif militaire, et que les chefs militaires ont cru dans l’imaginaire de débiles d’exterminer la population indigène. Ce qui est certain, c’est qu’il y avait un grand hachis de vies humaines, et que l’armée coloniale Française en Algérie qui certainement ne pouvait être sure de son affaire, aurait pu s’abstenir d’exterminer toute une population avec des conséquences prévisibles.
La guerre est cruelle par nature et on ne peut pas la faire gentiment. L’armée coloniale avait mené une guerre impitoyable et sanguinaire, contre le peuple Algérien colonisé, uniquement par esprit de malfaisance. On voulait écraser et terrifier l’ennemi, alors que la France coloniale n’avait pas été menacée et ne luttait pas pour sa survie.
Sans refaire toute l’histoire la population Algérienne dans la position actuelle a sans aucun doute l’avantage de pouvoir regarder mes ennemis en face, l’Algérie n’a rien à voir avec un pays qui ne veut pas d’elle, ni de la France : C’est son droit. L’Algérie ignore la France, c’est son droit.
Un peu de culture historique permettant de comprendre pourquoi, il est donc singulier de constater que la France se livre une véritable guerre des mémoires. Le contrôle de la mémoire est un instrument entre les mains des officiels français et la presse pour imposer une vision officiel de la France fraternelle sur les événements de la guerre d’Algérie, l’exemple le plus illustrant, le soi-disant massacre d’Oran du 5 Juillet 1962, alors qu’il s’agissait d’une manifestation joyeuse de jeunes algériens descendus dans les quartier européens qui jusqu’ici leur était interdit. Bien que non armés, ils aient subis des tirs des snipers de l’OAS, à partir des balcons et des terrasses des immeubles, plus d’une centaine de jeunes ont été assassinés sous les yeux de l’Armée Française qui n’est pas intervenue pour protéger les victimes ?
Les chiffres officiels, donnés le 9 juillet, font état de 101 morts, 76 Algériens et 25 Européens et de 145 blessés, 105 Algériens et 40 Européens. La lecture du registre des actes de décès de la mairie d’Oran donne 36 décès Européens (dont une femme) dont 9 non identifiés. Ce qui est certain c’est que la France dans son espace colonial n’arriver pas à liquider son histoire avec l’Algérie, C’est fatigant de lire sans arrêt ces assimilations qui fleurent la haine, le mépris par une presse conventionnée en retournant la réalité pour se croire investi d’une mission salvatrice. Les médias sont partisans et soutiennent une idéologie impérialiste plus qu’ils informent. La fameuse parabole du mensonge répété mille fois qui devient une vérité.
On peut imaginer que la foule qui manifestait dans la joie, brusquement agressée, se soit laissée probablement à une chasse des membres armés de l’OAS. Les terribles derniers mois vécus sous le feu de l’OAS appelaient d’autant plus de vengeance. En tirant sur la foule les membres de l’OAS avaient fait preuve d’action criminelle et alors la foule aurait répondu comme mécaniquement à la peur qu’avait suscitée la tuerie de l’OAS.
Pour rappel, il faudrait signaler que l’OAScréée par des officiers français dissidents de l’armée coloniale, a transformé la ville d’Oran en bain de sang pour les civils sans défense, notamment après la signature des accords d’Evian et le début de son application, le 19 mars 1962. Les deux années précédant l’indépendance (1961-1962) sont la période la plus sanguinaire dans l’histoire des crimes du colonialisme français dans la ville d’Oran, en raison des actions de l’OAS refusant les négociations sur l’indépendance de l’Algérie.L’OAS a pris Oran comme point d’ancrage essentiel pour elle, la ville d’Oran est devenue le théâtre d’opérations d’assassinat et de terrorisme, parfois collectives et d’autres individuelles, menées par le sinistre général Edmond Jouhau dirigeant une aventure criminelle.
Les opérations terroristes collectives étaient nombreuses dans la ville d’Oran, notamment celles ayant ciblé des algériens où des voitures avec des individus armés sillonnaient les rues et tiraient sur les passants de manière anarchique, ciblant les civils. Le cas du 11 mai 1962 où 15 femmes, des travailleuses des services d’hygiène, ont été tuées en plein centre de la ville, Un événement particulièrement traumatisant fut l’explosion simultanée de deux voitures piégées, le 28 février 1962, un soir de ramadan, par les éléments de l’OAS sur l’esplanade de M’dina Jdida (Tahtaha), qui s’est soldée par la mort de 80 Algériens et des dizaines de blessés, laissant derrière eux des scènes horribles de « lambeaux » de chair humaine disséminés sur les lieux du massacre, les explosions des cuves d’hydrocarbures du port d’Oran, divers attentats ciblaient les algériens même dans les cliniques et les hôpitaux, l’empoisonnement des barrages d’eau, le lynchage étant l’une des méthodes d’exécution de l’OAS, sans compter d’autres attentats plus atroces les unes que les autres, tous restent l’écho sanglant de ce que fut la terreur imposée par l’OAS ainsi que l’image d’une vengeance sauvage des Pieds Noirs qui ne voulaient surtout pas laisser les Algériens devenir indépendants.
Oran est l’une des villes algériennes où les opérations de l’OAS furent les plus sanglantes ayant laissé la région dans un état apocalyptique l’été 1962. Une mémoire bafouée et niée dans une ville ravagée depuis des mois par les attentats de l’OAS, désormais, plus que jamais plastiquages et assassinats se succéderont à un rythme d’enfer. De son côté, la population algérienne vivait la peur, au jour le jour, dans l’attente d’une délivrance aussi proche que certaine. L’OAS dont ses éléments déguisés en Gendarmes, avait employé contre la population algérienne toutes les formes d’extermination individuelle et collective : lynchages, ratonnades, exécution des malades à l’intérieur même des hôpitaux, enlèvements et exécutions des condamnés à mort détenus à la prison d’Oran, tirs au mortier 81 et aux grenades à ailettes, tirs de snipers à partir des immeubles.
Par cet attentat, l’O.A.S. venait d’atteindre le seuil de l’intolérable et de franchir un nouveau pas dans le crime génocidaire organisé qui a dépassé les limites jusque là connues de l’horreur, En vérité, on était arrivé au point de non retour. Cet attentat meurtrier constitue désormais le levain de haine qui séparera irrémédiablement les deux communautés. Le nombre réel des victimes de ce carnage ne sera jamais connu. En tout état de cause, les estimations officielles avancent le chiffre de 80 morts et de 150 blessés.
tous ces attentats meurtrières ont en revanche été escamoté par les Français idéologiquement marqués par la défense des pieds-noirs, considérés comme les éternelles victimes du Front de libération nationale (FLN), des Arabes, cette mémoire criminelle est restée méconnue ou indifférente du côté français. Les massacres des Algériens entre le 19 Mars et le Juillet 1962, doivent assurément être reconnus et éclairés, sans être renvoyer à un effacement qui entretient une mémoire meurtrie elle résonne comme un déni de souffrance presque aussi terrible que d’être voué à l’indifférence par une France qui a bâti son récit colonial en l’héroïsant, elle n’a aucunement intérêt à en reparler des actions meurtrières de l’OAS et que dire du bilan très lourd d’assassinats d’Algériens par l’OAS durant les années 1961 et 1962, sans parler de la destruction des infrastructures techniques (Centrale Electricté, station de Radio et Télévision) de la ville de son aéroport et de son port ?
Aucun Historien ou journaliste ne semble avoir songé à se rendre en Algérie afin de confronter ses sources aux témoignages des Algériens. Dans les travaux actuels des Français, en résulte des études tronquées, pleines de fausses interprétations, et systématiquement orientées vers la théorie d’après laquelle les pieds-noirs ont été obligés de partir, selon la valise ou le cercueil. Or, après deux semaines de fuite affolée, les départs des Français d’Oran ralentirent considérablement. Dès août, après la prise en main sécuritaire des autorités algériennes, le sentiment de sécurité était totalement revenu. En 1965, Oran comptait encore plus de vingt cinq mille pieds-noirs.
Le peuple Algérien dans sa globalité ne pardonnons pas, et ne pardonnerons jamais à tous ces ramassis de colons, de pieds noirs très mélangée avec Espagnols, Portugais, Italiens, Maltais, même Allemands etc, que nous tenons pour des crétins incultes, voleurs et spoliateurs, sans éducation, vulgaires et gesticulants, venus en mercenaires pour les pillages passés de nos terres de 1830 à 1962. Il faudra impérativement que la France ouvre les archives de la guerre d’Algérie, toutes les archives, même les soient disant « secret défense » qui sont uniquement destinées à cacher l’horreur des actes perpétrés par les autorités françaises de l’époque. L’Algérie ne demande que la vérité à la France, il se trouve aussi que détruire les villes, terroriser massacrer déporter n’avait pas rendu la France meilleurs.
Pour le peuple Français la connaissance des peuples lointains est limitée aux récits des médias, écrits en général dans un contexte colonial et dans un esprit d’adhésion au colonialisme, l’histoire du consul souffleté, elle n’est qu’anecdotique et destinée aux livres d’images. Les représentations du colonisé relayées par la culture populaire, sont imprégnées d’une série de préjugés à même de justifier dans l’esprit populaire la présence française coloniale. Même, dans leur discours polémique, on retrouve un certain attrait pour la production d’images quasi mythiques, ou alors une totale méconnaissance de la mentalité des Algériens.
En France, l’anti-algérien trouve sa source dans cette vieille « blessure d’orgueil » dont certains ne parviennent pas à se départir. Certains veulent se convaincre que l’Algérie restera un valet à l’ancien colonisateur, mais l’Algérie dans le monde et dans ses rapports avec d’autres pays se porte bien, après un soixante d’année d’indépendance, l’Algérie d’aujourd’hui est en droit de condamner la colonisation Française et elle est en mesure de revendiquer tous ses droits dans la restitution des richesses spoliés et transférer en France.
Pourquoi la France traîne-t-elle une sorte de mauvaise conscience qui n’est fondée sur rien une mauvaise conscience qui entretient les sales rancœurs d’une classe dirigeante Française incapable, profondément nostalgique et cultivant cyniquement les rancoeurs pour s’exonérer de la responsabilité des ses immenses spoliations des richesses Algériennes et les crimes commis sur la peuples Algérien au nom d’une France fraternelle. Quant à l’Algérie d’aujourd’hui, il est à se demander pourquoi continuer de maintenir, avec la France, cette relation malsaine et encore pour en finir avec ces vieilles citations, par exemple France Pays des droits de l’homme qui avait réussi à occulter l’infâme. Cela permet de faire oublier leur extraordinaire incurie. Tout est à revoir ?
La cicatrice des crimes est encore fraîche malheureusement, la guerre, c’était hier, alors un grand respect et hommages pour tous ces pauvres gens morts simplement parce qu’ils étaient des Algériens, des martyrs. Décidément, le peuple Algérien, c’est plus que l’Algérie, c’est aussi et d’abord l’Algérie. Après Soixante années, le peuple Algérien n’est pas mort, il est bien libre, une liberté acquise chèrement et cela mérite d’être fêté par un 5 Juillet bravement.
Kader Tahri
Source : auteur
Notre dossier Algérie