Par Karine Bechet-Golovko
Dans la nuit du 3 juillet, l’armée ukrainienne a lancé des missiles Tochka U sur la ville russe de Belgorod, qui furent détruits par le système de défense aérien russe, mais dont les débris ont touché des centaines de logements, fait des morts et des blessés. Aucune cible militaire visée, aucune réaction médiatico-politique occidentale, pour ce qui constitue un crime de guerre de l’armée ukrainienne. Allant même plus loin dans le cynisme, les médias français laissent planer le doute sur l’origine ukrainienne de ces frappes criminelles. Comment la Russie va-t-elle réagir ?
Le 3 juillet très tôt dans la nuit, l’armée ukrainienne a lancé trois missiles Tochka U avec des armes à sous-munitions et des drones TU-143 sur la ville russe de Belgorod. Une simple ville, aucune cible militaire, simplement des gens, qui dorment paisiblement. Ce qui est manifestement inacceptable pour Kiev. Le système de défense aérienne a bien fonctionné, mais les débris ont laissé de sérieuses traces dans la ville.
Hier après-midi, le Gouverneur de la région a précisé l’ampleur des dégâts causés par les frappes ukrainiennes :
« Pendant la journée, les habitants signalent les dommages matériels, les chiffres évoluent. À 16h00, il y a des informations concernant 26 immeubles d’habitation dans les rues Popov, N. Chumichov, Mayakovsky, Sadovaya et Michurine. 353 appartements au total ont été touchés – principalement aux fenêtres«
39 maisons individuelles ont également été touchées, dont 5 totalement détruites. Selon le Gouverneur, l’on compte 4 morts et 4 blessés. Des civils, dont trois Ukrainiens.
Quand les médias précisent que l’origine des frappes est ukrainienne, ils laissent sous-entendre qu’il ne s’agit que d’une version de Moscou :
Et le corps de texte est encore plus cynique que le titre, comme dans L’Obs, commentant les déclarations du Gouverneur de la région :
« Les circonstances de l’incident sont en train d’être établies, visiblement les défenses antiaériennes ont été activées », a-t-il affirmé, sans plus de précisions. Il n’a pas accusé explicitement l’Ukraine d’avoir mené des frappes.
Comme si le Gouverneur doutait de l’origine des frappes, comme si cela n’était que la version de Moscou, comme si la Russie frappait sur ses propres villes …
Cet acte divise les élites russes, quant à la réponse à apporter. D’un côté, ceux qui ne veulent toujours pas réellement répondre, restent « modérés », espérant peut-être comme Peskov, le porte-parole du Kremlin, que les négociations vont enfin revenir et qu’il sera alors possible de marchander. C’est le clan des « gestes de bonne volonté », le clan qui manifestement voit dans le combat mené par les militaires russes au prix de leur vie un moyen de mettre en place de bonnes conditions de négociation. Dans cette logique, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, déclare bien que la Russie … ne réagira pas : évidemment, la Russie ne va pas elle aussi bombarder les quartiers résidentiels – et personne ne le lui demande, mais manifestement elle attend (encore et toujours) de voir l’évolution et alors … alors … « si les provocations continuent, ils se sentiront mal« . Aucun doute, les Ukrainiens et leurs curateurs tremblent de peur …
Lancer des missiles sur une ville la nuit, n’est pas une provocation, c’est un acte de guerre et de guerre sale, autant que les guerres puissent être propres.
Une autre part des élites russes est pour une réaction plus adéquate. Il ne s’agit pas de commettre des crimes de guerre, il ne s’agit pas de toucher les populations civiles en Ukraine, mais de cibler enfin les centres de commandements. Cela fait longtemps que la Russie menace de le faire, joue à la comm en déclarant avoir les coordonnées – mais n’y touche pas. Il est vrai que dans ces centres doit se trouver un bon nombre de membres de l’OTAN. Le député russe Oleg Morozov de Russie Unie, lui, déclare en ce sens :
« L’attaque de nuit sur les quartiers résidentiels de Belgorod, à mon avis, lève la question de la légitimité d’une attaque en représailles sur les « centres de commandement ». Je pense que dans la ville de Kiev, il ne devrait pas y avoir d’endroit, où les décisions sont prises sur les attaques de missiles contre des cibles civiles en Russie.
Ceux-ci incluent:
Le Bureau du Président
La Rada
Le Quartier-général
Je veux vraiment offrir un bon cadeau pour:
la Fête de l’indépendance des États-Unis
l’Anniversaire de la reine de Norvège
la Journée de la police ukrainienne.
Alors le 4 juillet deviendra un jour vraiment festif ! »
La Russie n’ose toujours pas réellement répliquer aux attaques, dont elles est la cible. A la fois, parce qu’une partie des élites, globalistes ou ventre-mou, garde toujours le secret espoir d’une « normalisation » des relations avec l’Occident – comme si cela était possible autrement qu’au prix de la capitulation du pays … Egalement, il existe la peur d’un envenimement du conflit. Ici, l’on peut avoir sérieusement des doutes : ni les armées des pays européens, ni les armées américaines, ni les armées canadiennes n’iront directement se battre contre la Russie, ils en ont trop peur, savent qu’ils ne pourront le justifier devant leurs populations et que celles-ci n’en voient pas la légitimité. Faire preuve d’un manque de volonté, d’une certaine peur, plus politique que militaire, en revanche, renforce le conflit, car l’adversaire se sent les mains libres. Et il y a de fortes chances, qu’il ne se passe rien de décisif en réponse à cette attaque aux missiles de la ville de Belgorod. Cela signifierait alors que c’est possible, comme le ciblage quotidien des régions frontalières russes est devenu possible.
Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…