Par Moon of Alabama
Par Moon of Alabama – Le 4 avril 2022
La journée d’hier a été marquée par trois événements politiques importants, dont l’issue n’est pas satisfaisante pour les États-Unis et leurs acolytes européens.
Au Pakistan, le parti Muttahida Qaumi Movement-Pakistan (MQM-P) a quitté la coalition gouvernementale. En outre, certains membres du parti PTI du premier ministre Imran Khan ont changé de camp. L’opposition au Parlement prépare un vote de défiance contre lui. Au même moment, un rapport de l’ambassadeur pakistanais aux États-Unis indiquait que des responsables américains avaient prévenu que le Pakistan resterait sur leur liste d’ennemis tant qu’Imran Khan resterait en poste.
Cet avertissement a été compris comme un appel à un changement de régime avec des rumeurs disant que des pots-de-vin permettraient un vote décisif contre Khan.
Hier, le vice-président du Parlement n’a pas permis que le vote de défiance ait lieu. Imran Khan a alors demandé au président du Pakistan de dissoudre le parlement et a annoncé de nouvelles élections dans les 90 jours.
L’affaire est maintenant entre les mains de la Cour suprême du Pakistan qui, après une session aujourd’hui, continuera à entendre l’affaire demain.
Il semble probable que la Cour suprême prenne une décision « sage », blâme tout le monde et accepte de nouvelles élections.
Ce seront alors les électeurs qui devront se prononcer principalement sur une question de politique étrangère du Pakistan. Doit-il être indépendant et amical avec la Chine et la Russie ou doit-il revenir du côté des États-Unis ?
Je n’ai pas trouvé de sondages récents au Pakistan, mais il y a quelques jours, le parti de Khan a remporté les élections locales dans le Khyber Pakhtunkhwa. Les gens pourraient bien être impressionnés par sa position et lui accorder leur vote.
Comme d’habitude au Pakistan, l’armée, dont les dirigeants ont tendance à être pro-américains, pourrait intervenir, même si je doute qu’elle bénéficie d’un soutien public suffisant.
En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban a remporté sa quatrième élection, son parti obtenant à nouveau une majorité des deux tiers. La Hongrie fait partie de l’UE et de l’OTAN, mais Orban a ses propres idées et est ami avec le président russe Vladimir Poutine :
Alors qu’Orban avait auparavant fait campagne sur des questions sociales et culturelles qui divisaient, il a radicalement changé le ton de sa campagne après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, et a présenté l’élection depuis lors comme un choix entre la paix et la stabilité ou la guerre et le chaos.
Alors que l’opposition demandait à la Hongrie de soutenir son voisin en difficulté et d’agir en accord avec ses partenaires de l’UE et de l’OTAN, Orban, un vieil allié du président russe Vladimir Poutine, a insisté pour que la Hongrie reste neutre et maintienne ses liens économiques étroits avec Moscou, notamment en continuant à importer du gaz et du pétrole russes à des conditions favorables.
Lors de son dernier meeting de campagne vendredi, Orban a déclaré que fournir des armes à l’Ukraine, ce que la Hongrie, seule parmi les voisins européens de l’Ukraine, a refusé de faire, ferait du pays une cible militaire, et que sanctionner les importations d’énergie russe paralyserait l’économie de la Hongrie.
« Ce n’est pas notre guerre, nous devons rester en dehors de celle-ci », a déclaré Orban.
La victoire d’Orban rend plus difficile toute nouvelle action de l’UE et de l’OTAN contre la Russie.
Le troisième événement qui est allé hier à l’encontre des intérêts américains a été la réélection du président de la Serbie, Aleksandar Vucic :
Les instituts de sondage IPSOS et CESID, qui se sont avérés fiables lors des précédents scrutins serbes, avaient prédit que Vucic obtiendrait près de 60 % des voix. Si le décompte officiel le confirme, Vucic remporterait un second mandat de cinq ans en tant que président et un second tour ne serait pas nécessaire.
Les sondeurs ont prévu que le Parti progressiste serbe de Vucic remporterait le plus de voix au scrutin parlementaire, avec environ 43 %, suivi par le groupe d’opposition Unis pour la victoire de la Serbie, avec environ 13 %. …
Vucic, un ancien ultranationaliste qui s’est vanté de ses liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine, a cherché à se présenter comme un garant de la stabilité au milieu de la tourmente qui fait rage en Europe en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. S’exprimant après le vote à Belgrade, Vucic a déclaré qu’il s’attendait à ce que la Serbie continue sur la voie de la « stabilité, de la tranquillité et de la paix. » …
Dans un pays qui a connu une série de guerres dans les années 1990 et un bombardement de l’OTAN en 1999, les craintes d’un débordement du conflit ont joué en faveur de Vucic. Bien que la Serbie cherche officiellement à entrer dans l’Union européenne, Vucic a entretenu des liens étroits avec la Russie et la Chine, comptant sur le ressentiment des Serbes à l’égard de l’Occident après la guerre aérienne menée par l’OTAN en 1999.
La Serbie a soutenu une résolution des Nations unies condamnant l’invasion russe en Ukraine, mais Belgrade ne s’est pas associé aux sanctions occidentales contre Moscou, un allié slave historique.
Une autre perte potentielle pourrait survenir lors des élections en France, dimanche prochain. Le président Emmanuel Macron est en tête des sondages, mais son avantage sur la candidate de droite Marine Le Pen se réduit. Les sondages actuels donnent Macron à 27 %, Le Pen à 20 % et le socialiste Jean-Luc Mélenchon à 15 %. Un second tour, deux semaines après le premier, entre Macron et Le Pen pourrait avoir des résultats surprenants car les gens de gauche ne voteront probablement pas pour le néolibéral Macron dans le seul but d’empêcher Le Pen d’accéder à l’Élysée.
La France est un acteur important de l’UE et de l’OTAN. Tout bouleversement en France aurait des conséquences majeures.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Source : Le Saker Francophone
https://lesakerfrancophone.fr/…