Par Laurent Brayard
Il y a quelques jours, en pleine messe dominicale à Smela dans la région de Tcherkassy, des ultranationalistes et nazis ukrainiens ont enfoncé les portes de l’église du père Basile. Il a été arrêté illégalement ainsi que d’autres hommes, par ces fanatiques… car il prêchait la paix et parce qu’il est orthodoxe. Voilà longtemps qu’en Ukraine les prêtres orthodoxes ont été persécutés et ont parfois payé de leurs vies, de vouloir à tout prix poursuivre leur sacerdoce. Voici un article qui fut écrit par mes soins et publié le 30 septembre 2015. Il s’agissait du résultat d’une enquête menée dans le Donbass, sur les persécutions religieuses, les tortures, les assassinats qui ont été commis contre des religieux (ou des religieuses), par la population ukrainienne, par l’armée ukrainienne ou par la police politique de l’Ukraine, le SBU.
Des crimes de guerre, aux tortures jusqu’au siège de député de la Rada et de représentante pour l’Ukraine au Conseil de l’Europe. L’article dénonçait notamment la criminelle de guerre Nadia Savtchenko, volontaire dans le bataillon néonazi Aydar (2014), responsable de la mort de deux journalistes russes et qui participa à la marche sanglante de ce bataillon à travers le Donbass. Capturée, cette néonazie notoire (également pilote de l’armée ukrainienne et députée de la Rada) fut jugée et condamnée à 22 ans de prison pour complicité de meurtres (mars 2016), échangée (mai 2016), exclue du parti de Tymochenko (décembre 2016), elle fonde un mouvement d’opposition au gouvernement ukrainien « pour nettoyer le pays de la corruption », mais montre bientôt son vrai visage en déclarant « qu’elle n’aime pas les Youpins et que les Juifs possèdent 80 % du pouvoir quand ils ne sont que 2 % de la population ». Son activisme va très loin, un mandat d’arrêt est finalement lancée contre elle par le gouvernement de Kiev (mars 2018), mais elle s’enfuit mais est bientôt arrêtée, puis libérée, elle tente alors de se présenter aux élections présidentielle et législative (2019), sans succès. Elle fut l’héroïne absolue de l’Europe pendant des mois, montrée en exemple, des centaines d’articles ont été écrits pour magnifier « son héroïsme », de nombreux politiques en Europe et en France s’étaient compromis gravement en la soutenant. Ayant montré des velléités de rébellion contre le pouvoir de Kiev et les ultras libéraux et sociaux démocrates dirigeant le pays pour les États-Unis qui les ont mis au pouvoir en 2014, elle a disparu ensuite de l’histoire… Elle reste pourtant l’une des pires criminelles de guerre, responsable de crimes non encore jugés dans le Donbass, dont la torture d’un prêtre à cette période où elle servait comme officier dans le Donbass. Je vous laisse maintenant découvrir l’article de 2015. Il y a quelques semaines... TV5 Monde modifiait un vieux article de 2016 à son sujet, sans doute des choses dérangeantes ont-elles disparues depuis !!!
Les vieux démons des croisades contre l’orthodoxie, tortures et persécutions religieuses. L’Ukraine multi-ethnique était multi-religieuse comprenant différentes communautés, chrétiennes, mais aussi musulmanes (Tatars). Cependant le résultat de l’explosion de haine du Maïdan a tout changé. Les vieux démons du passé ont ressurgi, dans tous les conflits entre peuples et ethnies cousines, la religion a été et reste un problème majeur. Les médias français ont peu communiqué sur ce fait, mais l’Ukraine était aussi une zone de fracture non pas seulement entre l’Europe occidentale et la Russie, entre les russophones de l’Est et les Ukrainiens de l’Ouest, mais aussi une zone de fracture religieuse. Protestants, catholiques, catholiques uniates, orthodoxes, pour ces derniers ceux obéissant à différents patriarches, celui de Kiev ou celui de Moscou, la confusion répandue par la guerre a mis les prêtres au premier rang des victimes. L’un des remparts de la résistance, comme dans toutes les guerres civiles ou les occupations étrangères, ce sont les prêtres au cœur des résistances passives ou actives. C’est le cas du Père Andreï Novikov, théologien célèbre et qui eut l’audace d’écrire sa critique de la Junte de Kiev dans un livre. Menacé d’une arrestation par le SBU ce qui l’aurait conduit immanquablement à une arrestation, un emprisonnement et le sort peu enviable des torturés, il décida de s’enfuir et se trouve réfugié actuellement en Russie. D’autres prêtres sont dans le même cas. Comme par exemple André Tkachev, lui aussi écrivain et prédicateur, qui dénonçait la nature du régime ukrainien. Lui aussi en fuite. Sans parler d’Oleg Trofimov, missionnaire, écrivain connue pour ses actions pastorales, le rétablissement d’églises orthodoxes dans le pays, la création d’une école à Severodonetsk. Il est aujourd’hui poursuivi par la justice ukrainienne et recherché par le SBU pour « terrorisme ».
Ceux qui ont eu en quelque sorte la chance de ne pas se retrouver prisonniers dans la zone occupée par les Ukrainiens sont bombardés. Leurs églises réduites en poussière ainsi que leurs maisons, c’est le cas du prêtre mais aussi avocat Gennady Eremenko, fondateur de l’Union des avocats orthodoxes de Lougansk et activiste défenseur des droits de l’Homme célèbre dans la région. Citons encore Maxime Volounets du même diocèse qui exerçait aussi la profession de journaliste. Que dire du Père Théophane désormais vénéré comme un Saint dans le Donbass. L’homme avait dénoncé les manœuvres de Kiev pour diviser et séparer l’Église orthodoxe en diabolisant la Russie. Il avait été le fondateur d’un monastère dans le Donbass qui fut un lieu d’asile au début de l’attaque et des répressions ukrainiennes, jusqu’à qu’il fût lui-même arrêté. Les agents du SBU le torturèrent pendant deux mois dans les prisons de Marioupol et Kharkov. A sa libération par échange, il témoigna de l’extrême violence des tortures qui lui furent infligées : battu et roué de coups sauvagement, strangulations, nous plongeant dans l’horreur absolue.
Parmi les autres martyrs nommons encore le Père Vladimir Maretsky. Arrêté par le SBU (mai 2014), il fut lui aussi soumis à des tortures innommables pendant plusieurs mois dans une prison de Kharkov. Et les tortures et répressions se poursuivent. C’est le cas du Père Artëm Barabach, saisi par la police politique ukrainienne non loin de son église. Il se rendait à l’enterrement d’une vieille femme, beaucoup d’hommes d’églises officient en effet entre les deux lignes du front, passant de l’une à l’autre pour les besoins de leur sacerdoce. Plusieurs comme lui ont été arrêtés. Certains indiquent avoir été gardés pieds et poings liés pendant des semaines et avoir encore un sort meilleur que de pauvres hères en train littéralement de mourir sous les coups des nazis ou des agents du SBU. Certains prêtres ont disparu complètement, probablement sauvagement assassinés, leur arrestation pose parfois des problèmes aux autorités, car derrière eux se trouvent des communautés entières de croyants.
Quand le bataillon Aydar semait la terreur et laissait derrière lui des villages dévastés et remplis des cadavres de leurs victimes. En visant le berger, c’est le troupeau que l’on veut effrayer. Ce fut le cas du Père George Dorosh, arrêté pendant le Jeudi Saint en train de réciter les évangiles près d’Odessa. Sous la pression populaire et la colère montante des habitants et paroissiens, un ordre fut donné par Porochenko pour le libérer ce qui prouve que les décrets d’arrestations passent en fait entre les mains des plus hauts dirigeants. L’arrivée au poste de gouverneur du sieur Saakachvili a vu à nouveau des persécutions dirigées à son encontre et il se trouve à cette heure sous la menace d’une nouvelle arrestation. Dans le même district d’Odessa nous pouvons aussi citer le Père Alex Grekou poursuivi également pour « terrorisme ».
Mais il nous faut revenir sur le cas du Père Maretsky car il fut torturé par les sbires du bataillon Aydar en présence de la fameuse néonazie Nadia Savtchenko « dire qu’ils nous ont battu n’est rien, cela ne veut rien dire, ils nous ont tué. Nous avons été battus à mort, pour nous briser les os, frappant à coups de poings et de pieds mais aussi de crosses de fusil, Savtchenko était présente, elle voulait nous rançonner avec notre église puis nous faire fusiller et elle a participé activement à nos tortures se livrant personnellement à des actes sadiques à notre encontre, je ne suis pas prêt d’oublier sa voix, je m’en souviendrais jusqu’à la fin de mes jours ». L’homme ne fut échangé qu’après quatre mois d’un tel traitement qu’aucun média occidental ou français n’a relaté. Au contraire, des Français se sont déshonorés en supportant la cause de la néonazie parfois jusque dans l’hémicycle du Sénat ou du Parlement européen. L’accumulation de preuves et de témoignages est grande, la vérité déborde de tous les côtés, mais nos journalistes gardent honteusement le silence. A l’heure où je vous parle d’autres prêtres sont encore emprisonnés. Le retour aux pratiques des terribles guerres de religion, en Ukraine aussi c’est possible. Pendant ce temps-là les portes de l’Élysée sont grandes ouvertes à ceux qui orchestrent et ordonnent ces persécutions.
Laurent Brayard pour le Donbass Insider
Source : Donbass Insider
https://www.donbass-insider.com/fr/…
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