Par René Naba
1 – Comparatif du comportement des diplomates britanniques et américains.
Contrairement à la France qui traîne de lourdes casseroles (Sétif, Suez, Bizerte, Tribunal Spécial sur le Liban-Tribunal Hariri, détention arbitraire de Georges Ibrahim Abdallah), le Royaume Uni, -en dépit de la promesse Balfour portant création d’un «Foyer National Juif en Palestine»- bénéficie, paradoxalement, d’un préjugé favorable dans le Monde arabe.
- Sur le bilan de la France en terre arabe, cf ce lien : https://www.madaniya.info/2020/08/31/le-centenaire-de-la-proclamation-du-grand-liban-une-demarche-passeiste-nostalgique-dune-grandeur-passee/
«Et comparativement aux ambassadeurs américains en poste dans les pays arabes, interventionnistes à souhait dans les affaires intérieures des pays où ils sont accrédités, -l’exemple de l’ambassadrice américaine au Liban Dorothée Shia en est une illustration caricaturale-, les ambassadeurs britanniques assurent une présence discrète mais efficace.
«Les représentants de Sa Majesté maîtrisent parfaitement l’arabe, quand les ambassadeurs américains consacrent de nombreuses années de leur vie pour finir par balbutier quelques mots d’arabe et prononcer laborieusement quelques termes rudimentaires du genre CHOUKRAN (Merci) ou FALAFEL, le plat de base des personnes à modestes revenus, à base de galette de fèves.
«Le dernier ambassadeur britannique en poste à Beyrouth avant les révélations d’Anonymous émerveillait ses admirateurs libanais en faisant la démonstration de ses talents culinaires et de sa maîtrise de la gastronomie libanaise, en préparant en direct du FATTOUCHE, au point que cette célèbre salade d’été typiquement libanaise pouvait faire oublier les turpitudes corrosives de la Promesse Balfour.
«En fait les ambassadeurs du Royaume Uni et du Canada sont plus dangereux que les autres ambassadeurs occidentaux. Le basculement du Canada est intervenu dans la décennie 1990 lorsque le lobby juif américain a forcé le gouvernement canadien à rompre avec sa politique pro-arabe.
2 – De l’indépendance du Liban.
Contrairement à une légende bien entretenue, «le Liban est redevable de son indépendance au Royaume Uni, dont le rôle incitatif, a conduit les libanais à s’engager dans une lutte d’indépendance de leur pays du mandat français, en 1943, après la capitulation de la France face à l’Allemagne et sa collaboration avec le nazisme hitlérien.
«Les indépendantistes libanais ont assumé le rôle de VALET De L’IMPERIALISME», selon l’expression de l’historien libanais Georges Hajjar.
3- La décennie 1950: décennie charnière qui marque la substitution des services américains aux services britanniques.
«Les services de renseignements britanniques ont longtemps eu la haute main sur les arrangements politiques dont le Moyen orient a été le théâtre, tout au long du XVIII e et XIX e siècle, avant de céder la prééminence aux services américains dans la décennie 1950, avec le fiasco de l’agression tripartite anglo-franco-israélienne de Suez (1956) et le débarquement des «marines» à Beyrouth, en 1958 pour mettre un terme à la première guerre civile libanaise.
Lors de séquence dite du «printemps arabe», «les ambassadeurs des États Unis et du Royaume Uni au Liban ont pris conjointement l’initiative d’assigner au commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, la mission de sécuriser la frontière avec Israël et de verrouiller le ravitaillement stratégique du Hezbollah via la Syrie, lui ordonnant d’édifier une série de postes d’observations, sous prétexte de lutte contre la contre bande.
L’interventionnisme occidental est si intense au Liban, mais, paradoxalement, les médias acquis aux services occidentaux pointent du doigt les ingérences de l’Iran voire même du lointain Venezuela.
Pour le locuteur arabophone, le comparatif du comportement des ambassadeurs américains et britanniques en poste dans les pays arabe sur ce lien: Al Akhbar Mardi 15 Décembre 2020
4- La guerre de Syrie: un conditionnement par désinformation. «La Guerre G4»
La guerre d’Irak, qui a duré 7 ans (2003-2010) a été, chronologiquement, la première grande fumisterie du XXI me siècle. La guerre de Syrie (2011-2020) qui s’est engagée en 2022 dans sa onzième année, a dépassé, par son ampleur, la fumisterie irakienne.
Tournant majeur dans la guerre médiatique moderne, par sa durée et sa violence et le nombre des intervenants, de même que par la démultiplication des outils de communication individuels (blogs, Facebook, twitter), elle passera dans les annales comme la forme la plus achevée du conditionnement de l’opinion par la désinformation avec un dispositif assurant une circulation circulaire de l’information et l’ostracisation véhémente de toute pensée critique.
En superposition à l’effet mainstream multiplicateur de propagande des grands titres de la presse traditionnelle, cette déclinaison médiatique a entraîné une surexposition de l’information et mis en œuvre de nouveaux intervenants sur la scène médiatique, de nouveaux prescripteurs d’opinion, recyclés via la notoriété du micro blogging en autant d’amplificateurs organiques de la doxa officielle.
Les drones tueurs de toute pensée dissidente. Des islamophilistes faisant office de véritables prédicateurs des temps modernes, rompant avec la traditionnelle retenue des universitaires, à coups d’anathèmes et d’invectives, pour l’intimidation et la criminalisation de leurs contradicteurs.
Un guerre 4 me génération ou «Guerre 4 G», selon la typologie occidentale, par une intoxication tous azimuts, à la manière d’un tir de saturation, infiniment plus toxique que la guerre d’Irak, en ce que les binationaux syro occidentaux qui se sont enrôlés sous la bannière de l’OTAN dans une fonction mercenaire au service des groupements islamistes pour la destruction de leur pays d’origine, a été infiniment plus importante que ne l’ont été ces intervenants dans la guerre d’Irak.
Pour ces concepteurs, l’objectif était d’une grande limpidité: La désinformation par la surinformation pour provoquer la désorientation du citoyen et sa dépolitisation.
La guerre de substitution à l’Iran a ainsi été présentée par les médias occidentaux, particulièrement français, comme un combat pour la démocratie alors qu’elle a été menée en fait par de hordes de terroristes islamistes, mercenaires des pétromonarchies, pays réputés parmi les plus obscurantistes de la planète, alliés paradoxalement aux «grandes démocraties occidentales».
5 Épilogue: De la faillite des équipées coloniales de la France et du Royaume Uni contre les pays arabes.
Chef de file de la coalition islamo-atlantiste dans la guerre contre la Syrie en raison de son ancien rôle de puissance mandataire, la France a été très vite disqualifiée du fait de la piètre prestation de ses représentants au sein de la direction de l’opposition off-shore, -Bourhane Ghalioun, premier président de la structure et Basma Kodmani, son porte-parole- et des excès verbaux contre productifs des dirigeants français: «Bachar ne mérite pas d’être sur terre (…) Jabhat An Norsa fait du bon travail en Syrie» qui valurent à son auteur, Laurent Fabius, une promotion au temple de vertus républicaines, la présidence du Conseil Constitutionnel.
Au terme de deux ans de gesticulation, émaillée de deux grosses bourdes médiatiques, la France a été réduite au rang de «pays affinitaire».
La France et le Royaume Uni, les deux anciennes puissances coloniales du Moyen Orient, s’étaient déjà livrées à une agression conjointe, en 1956, contre un pays arabe, l’Égypte, pour châtier Gamal Abdel Nasser d’avoir nationalisé le Canal de Suez. Paris à l’époque avait l’œil rivé sur Alger en pleine ébullition révolutionnaire et Londres sur le protectorat d’Aden.
Cette agression tripartite menée de connivence avec leur pupille, Israël, n’a pas eu l’effet escompté. L’Algérie est devenue indépendante six ans plus tard et le Sud Yémen, très exactement onze ans après le coup de Suez, précisément avec l’aide de Nasser.
La nouvelle équipée coloniale franco-britannique, en 2011, a visé tout à la fois la Libye et la Syrie, deux pays sans endettement extérieur, de surcroît, deux alliés de la Russie et de la Chine, les deux puissances contestataires de l’hégémonie occidentale sur la planète.
Sans résultat, là aussi, sinon la destruction de la Syrie et la fragilisation de la zone; le retour en force de la Russie sur la scène diplomatique internationale; le déploiement de l’Iran en Syrie, à portée de canons d’Israël; enfin, la montée en puissance du Hezbollah libanais en tant que décideur régional, le cauchemar des Occidentaux et d’Israël.
L’élimination de Mouammar Kadhafi a entraîné la déstabilisation du Mali, un des plus vieux alliés de la France en Afrique, la prolifération métastatique des groupements terroristes islamistes dans le pré carré africain, amplifiée par un flux migratoire du sud de la Méditerranée anxiogène pour l’Europe occidentale.
Si le contentieux est centenaire entre la France et la Syrie, –du fait de la bataille de Mayssaloune, acte fondateur du nationalisme syrien contre le colonisateur français, et de la double amputation du district d’Alexandrette et son rattachement à la Turquie, et de l’amputation du Mont Liban par la création de l’Etat du grand Liban–, l’agressivité du Royaume Uni ne saurait s’expliquer de prime abord à l’égard d’un pays dont le président Bachar Al Assad est diplômé de ses universités en ophtalmologie…
Sauf à considérer que le pays, artisan de la promesse Balfour, portant création d’un «Foyer National juif en Palestine» a veillé à parachever son œuvre en sécurisation d’une entité exogène au sein du Monde arabe à l’effet de briser le continuum stratégique arabe.
En 2011, Paris en Syrie avait les yeux rivés sur le Liban, le clan Hariri et sa clientèle maronite. Londres, les pétromonarchies du Golfe, dont il assurait le protectorat de ses flibustiers du temps où cette zone se désignait, à juste titre, comme la «Côte des Pirates».
Objet d’une diabolisation universelle par les médias atlantistes et islamistes, «Bachar», ainsi qu’il était désigné de manière désobligeamment répétitive, a déjoué les pronostics de tous ses détracteurs et survécu à ses ennemis: 84 % des intervenants médiatiques prédisaient sa chute en 2011-2012; 10 % pour cent sa chute de 2012 à 2015; 5 % sa chute «pas avant 2016». https://www.madaniya.info/2017/12/29/syrie-la-prophetie-sur-la-chute-du-president-syrien-bachar-al-assad-a-lepreuve-de-la-guerre-de-syrie/
Dix ans après, la Syrie a été quasiment zappée des écrans du Monde, en même temps que les principaux artisans de cette conjuration de cloportes: les deux présidents français Nicolas Sarkozy et François Hollande et leurs ministres des Affaires étrangères, –les deux super capés de l’intelligentzia française le post gaulliste Alain Juppé et le philo sioniste Laurent Fabius–; les deux premiers ministres britanniques, David Cameroun, et Teresa May; le président égyptien Mohamad Morsi, qui avait décrété le djihad contre la Syrie; le mégalocéphalite Émir du Qatar…et naturellement le prince Bandar Ben Sultan, le cappo de tutti cappi du terrorisme international; enfin Hillary Clinton, carbonisé sur le bûcher de ses vanités, enfin Robert Ford, le gauleiter américain de l’opposition off-shore monarchique. La liste n’est pas limitative.
Ainsi trépassent les gloires de ce monde. L’histoire est impitoyable avec ceux qui l’insultent.
Ci-joint des liens sur les dérives de la presse française
1–La déconfiture de la presse française à propos de la guerre de Syrie: Les cas de Libération et Le Monde
- Libération, le portrait dressé par un prix Joseph Kessel 2017. https://www.madaniya.info/2016/04/01/syrie-riad-hijab-bouffon-roi/
- Le Monde, une métaphore animalière sur un combat homérique entre le Cobra islamiste et la mangouste militaire narré par un prix Albert Londres 2008 : https://www.madaniya.info/2016/04/05/l-oeil-borgne-sur-la-syrie-nombril-du-monde/
Vanessa « Fake News » Burggraf, promue Directrice de la Rédaction de France 24.
Sur la fausse défection de Lamia Chakkour,, ambassadrice de Syrie en France: La défection de Farouk al-Chareh, vice-président syrien, a été annoncée par les médias au moment où Laurent Fabius, le super capé de la méritocratie française, prédisait “des défections spectaculaires à la tête du régime syrien“. Mais il n’en a rien été. Alors en guise de lot de consolation, la défection de l’ambassadeur de Syrie en France et son ralliement à l’opposition a été jetée en pâture. L’intox négligeait un fait capital: l’identité du diplomate: Lamia Chakkour est en fait la fille du Général Youssef Chakkour, chef d’état-major (chrétien) de l’armée syrienne durant la guerre d’octobre 1973 et maître d’œuvre de la récupération partielle du Golan, le plateau syrien occupé par Israël. Ci joint le lien du Fake News. (Au passage, observez Vanessa Burggraff remerciant pour son “courage” la fausse Lamia Chakkour)
Nul n’est prophète dans son pays, surtout lorsque le «faiseur d’opinion» est animé d’une opinion sur-déterminée par ses présupposés idéologiques, ses œillères intellectuelles, sa cécité politique ou son soubassement financier.
Source : Madaniya
https://www.madaniya.info/…
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