Par René Naba

1 – La jeunesse chrétienne et chiite de même que les femmes: Levier de la politique britannique au Liban.

«Le Royaume Uni a voulu brûler le Liban, recyclant à l’encontre du pays frontalier d’Israël la stratégie mise en œuvre contre la Syrie depuis 2011. Le gouvernement de Sa Majesté a tenté d’infléchir les orientations politiques du Liban, via des sociétés de Relations publiques, noyautant les institutions libanaises d’espions locaux à sa solde.

«Pour ce faire, le gouvernement de Sa Majesté a proposé son assistance au gouvernement libanais en usant de la tromperie en vue de lui faire admettre des espions déguisés au sein des organismes de la société civile, les forces armées et les médias en vue de la satisfaction de ses objectifs impériaux (…). «L’objectif sous-jacent de Londres était de parvenir à renverser le pouvoir libanais quand bien même il bénéficie du soutien de sa population», révèlent les documents divulgués par Anonymous et dont le quotidien libanais Al Akhbar en a publié de larges extraits lundi 14 et mardi 15 décembre 2020.

«En vue de provoquer un «changement social positif», la firme britannique ARK a proposé de mettre en avant la «lutte contre la corruption» en vue d’inciter les Libanais à provoquer le changement.

«La coopération avec l’armée et les forces de sécurité en vue de gagner la confiance de ces deux institutions constituera un des volets de l’articulation de la stratégie britannique.

«Le Foreign Office a appliqué la feuille de route élaborée par ARK (Analysis, Research, Knowledges), notamment le ciblage de la population libanaise en vue de provoquer un renversement pacifique du pouvoir; une reprographie réalisée par la firme britannique auparavant sollicitée pour la déstabilisation de la Syrie.
«ARK a principalement ciblé la jeunesse chrétienne et chiite, représentant 12 pour cent de la population libanaise, de même que les femmes, particulièrement visées par la crainte de la paupérisation et du déclassement social.
Le projet a reçu l’aval du gouvernement britannique le 19 juillet 2019, soit trois mois avant le soulèvement populaire qui a provoqué la démission du premier ministre libanais Saad Hariri, entraînant une vacance prolongée du pouvoir.
Ce soulèvement est intervenu, curieusement, alors que le président libanais Michel Aoun s’apprêtait à une normalisation des relations entre la Syrie et le Liban, gelées depuis le déferlement djihadiste en Syrie, en 2011. La normalisation syro-libanaise devait favoriser le retour de près de 1,5 millions de réfugiés syriens dans leur pays d’origine. De même la réouverture des frontières entre la Syrie et l’Irak, via le poste de Boukamal, devrait favoriser le transit des produits agricoles libanais vers l’hinterland arabe et soulager l’économie libanaise, affectée par les sanctions unilatérales américaines contre le Hezbollah libanais et ses sympathisants pour les contraindre à souscrire à la transaction du siècle.

Sur ce soulèvement cf ces liens:

2 – L’anarchie sous couvert de la promotion de la démocratie

«Comment le Royaume Uni a-t-il réussi à noyauter la plupart des grandes institutions libanaises? Comment les Services de sécurité libanais n’ont pas réussi à déjouer les menées britanniques, particulièrement la présence de dizaines de firmes britanniques directement téléguidées par l’ambassade britannique à Beyrouth?

«La réponse est simple: Les services libanais pilulent d’espions à la solde des britanniques.

Anonymous précise que l’opération de noyautage britannique des institutions libanaises avait pour nom de code «Cheval de Troie». «La population libanaise est facile à exciter et à l’inciter à se révolter contre le gouvernement libanais», ajoute-t-il.

Le Foreign Office a mis au point une plate-forme revendicative en trois points, réclamant la participation des femmes à la vie publique, allouant un budget de 1,2 millions de livres sterling pour la réalisation de cet objectif; la participation des jeunes à la vie publique nationale; enfin le renforcement des mécanismes de contrôle démocratique et de redevabilité (Al Mouhassaba), de même que le renforcement du dialogue entre les parlementaires et les hommes d’affaires libanais.

3- ARK et la crise des ordures: Levier de déstabilisation

ARK, qui a bénéficié des subventions gouvernementales de l’ordre de 20 millions de Livres Sterling de 2012 à 2018, pour la réalisation des objectifs du gouvernement britannique en Syrie et au Liban, a recommandé d’exploiter la crise des ordures en tant que levier revendicatif «un thème populiste à l’effet de mobiliser la jeunesse et de l’inciter à réclamer une plus grande participation à la vie publique libanaise».

ARK a préconisé de concentrer les efforts du gouvernement britannique sur la jeunesse de Tripoli et de Saïda, deux grandes villes à majorité sunnite, la première au Nord du Liban, frontalière de la Syrie, la seconde, chef lieu du Sud Liban, qui donne accès à la région frontalière avec Israël, ainsi que dans le secteur de la Beka’a centrale, voie de transit entre la Syrie et le Liban.

Et de soutenir l’ONG «ANA HAWN» (Je Suis Ici) qui a ultérieurement élargi son champ d’action à Beyrouth, le fief sunnite de la capitale libanaise.

Anonymous précise «avoir avisé le gouvernement britannique qu’il se proposait de divulguer les documents piratés, lui accordant un délai pour évacuer ses espions au Liban».

4- ECORYS et les réfugiés syriens.

ECORYS, financée, elle, par l’Union Européenne, a ciblé les réfugiés syriens présents au Liban avec pour «objectif non pas tant leur retour dans leur pays, mais d’assainir les relations entre les réfugiés syriens et leurs hôtes libanais en vue de favoriser leur enracinement au Liban».

Note de la rédaction de https://www.madaniya.info/

Le Liban abrite près de 1,5 millions réfugiés syriens et environ 300 000 réfugiés palestiniens d’une précédente crise migratoire. Avec un total de 4,5 millions d’habitants, la présence des réfugiés syriens représente aujourd’hui un quart de la population libanaise.

Dans ce pays régi par le système confessionnelle, la présence d’un tel nombre de personnes de confession majoritairement musulmane sunnite ferait pencher la balance démographique en faveur des sunnites au détriment des chrétiens et des chiites.

Faisant face à une crise financière aiguë, l’opinion publique libanaise nourrit une sourde hostilité à l’égard de cette main d’œuvre concurrente et bon marché. Les frictions entre réfugiés et Libanais ne cessent d’augmenter, plus particulièrement dans les régions du pays accueillant déjà des Palestiniens. Les habitants craignent de ne plus trouver de travail et de voir l’insécurité augmenter dans leurs quartiers.

A l’initiative de la France, l’Union Européenne souhaite maintenir les réfugiés syriens dans les pays limitrophes de la Syrie afin d’en faire un instrument de pression électoral dans la perspective des échéances électorales syriennes. Ce faisant, les pays occidentaux chercheraient à faire supporter par les pays limitrophes de la Syrie les conséquences de leurs erreurs et de leur échec.

Fin de la note.

5- Maurice and Charles Saatchi

M and C Saatchi s’est déjà distingué au Liban, en tandem avec Quantum du libanais Elie Khoury, lors de la «révolution colorée» de 2005 qui s’est déroulée dans la foulée de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri et a abouti au retrait des troupes syriennes du Liban. Fort de ce précédent, la firme britannique a été un «partenaire essentiel de la stratégie de déstabilisation du régime libanais», auparavant «un des principaux soutiens à l’opposition» off shore pétro monarchique syrienne.

Constitué d’un réseau de 22 agences indépendantes réparties à travers le Monde, la nouvelle agence M&C Saatchi MENA regroupe, en plus de Quantum, les divisions Brand Central (spécialisée dans l’image de marque), Fusion Digital (multimédias) et Vertical Media Services (achats média). Trois compagnies du groupe Quantum ne sont pas concernées par cette alliance: il s’agit de Cube (digital) Comtrax (contenu média et analyse d’image) et Firehorse (production de contenu télé).

Anonymous présente la firme britannique comme le «maître d’œuvre des opérations de déstabilisation en substitution aux services de renseignements occidentaux».

La branche libanaise de M and C Saatchi a assumé un «rôle clandestin dans la mise en œuvre de la stratégie de déstabilisation britannique envers le Liban. Elle a notamment veillé à «assurer la protection de ses agents locaux, à contrôler les médias libanais notamment à propos des informations concernant les activités des ONG britanniques et occidentales

6- Torchlight (le flambeau)

Torchlight, dont le siège est à Amman, s’était déjà distinguée en Syrie en portant assistance aux groupements terroristes syriens en partenariat avec Albany et Magenta, deux autres officines britanniques.

Anonymous a réussi à percer l’identité des agents de la sécurité libanaise et des services de renseignements qui collaboraient avec la firme britannique.

Augusters Lersten, ancien responsable militaire britannique, a été chargé de la supervision des activités de Torchlight en Syrie et au Liban. En Syrie, il a veillé au bon fonctionnement du service d’information de l’Armée libre syrienne (ALS).

7 – L’Iran et la Russie, au hit parade du sondage, loin devant les États Unis, le Royaume Uni et l’Arabie saoudite

Un sondage ARK, dont le siège est à Doubaï, a révélé à la grande surprise des occidentaux que la détention par le Hezbollah d’armes de guerre ne posait pas problème aux libanais, conduisant les services occidentaux à intensifier leur propagande clandestine en vue de modifier l’opinion des Libanais sur ce sujet hautement sensible pour les stratèges occidentaux et israéliens.

En dépit de la propagande intensive occidentale, ce même sondage révélait que l’Iran et la Russie bénéficiaient au sein de la population libanaise d’une plus grande popularité que les États Unis, le Royaume Uni et l’Arabie saoudite.

8- L’infiltration des camps palestiniens du Liban.

Le Liban contient 12 camps officiels hébergeant 225.125 réfugiés. Bourj Al Barjaneh Sabra Chatila et Mar Elias et Dbayeh (banlieue de Beyrouth), Ain Al Helwé, et Miyeh Miyeh (Banlieue de Saïda), Nahr Al Bared et Baddawi (Banlieue de Tripoli), Bourj Al Chémali et Rachidiyeh (Banlieue de Tyr) ainsi qu’A Buss et Wavel.

Quatre camps ont été détruits, Dikwaneh, Jisr el-Bash (banlieue de Beyrouth à à la faveur de la guerre civile libanaise (1975-1990) et Nabatiyeh (sud Liban).

«Un fait notable: le grenouillage des services occidentaux dans les camps palestiniens est infiniment supérieur et intense que l’activisme déployé dans ces camps par Mohamad Dahlan, le dirigeant palestinien dissident rival de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne et financé par Abou Dhabi.

«Ce grenouillage pourrait expliquer les changements intervenus dans l’opinion de la population des camps palestiniens: Dans la décennie 1970, les camps palestiniens du Liban constituaient un vivier du militantisme révolutionnaire, un réservoir de fedayines, le levier d’un changement social au Liban.

De nos jours, les camps palestiniens sont engagés dans ses conflits confessionnels sectaires, sans rapport avec leur objectif majeur: La Libération de la Palestine

Et du noyautage des services de sécurité du Liban par les britanniques

Illustration

La photo prise le 23 février du site de Jdeidé, dans l’agglomération urbaine de Beyrouth, montre un « fleuve d’ordures » traversant certains quartiers de la ville. (Crédits : Reuters)

Source : Madaniya
https://www.madaniya.info/…

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