Said Zagha
Par Naman Ramachandran
Le cinéaste palestinien Said Zagha a été refoulé par les autorités égyptiennes au Caire alors qu’il se rendait au festival du film d’El Gouna pour présenter son nouveau projet.
Ce résident permanent au Royaume-Uni possède un passeport jordanien qui indique qu’il est d’origine palestinienne. Il s’est rendu à Istanbul vendredi, mais n’a pas été autorisé à embarquer sur son vol Turkish Airlines à destination de Hurghada, l’aéroport égyptien qui dessert les stations balnéaires de la mer Rouge, dont El Gouna, selon le cinéaste.
Le festival a alors réservé à Said Zagha un vol sur EgyptAir pour samedi. Cependant, lorsqu’il a atterri au Caire, il a rencontré des problèmes.
« J’ai communiqué une copie de mon passeport au festival début septembre et j’ai fait de même avec le consulat égyptien à Londres, et tous deux m’ont assuré que je n’aurais aucun problème pour entrer en Égypte », raconte Said Zagha à Variety. « Une fois arrivée, c’était une autre histoire. Le contrôle frontalier égyptien m’a dit que je ne pouvais pas entrer sans une « coordination spéciale de la sécurité ». Le festival m’a assuré à plusieurs reprises que tout avait été coordonné avec les autorités, mais le message que je recevais sans cesse des responsables de l’aéroport était exactement le contraire. »
Le festival a réservé à Said Zagha un autre vol pour l’aéroport d’Heathrow, à Londres, dimanche. Il avait été escorté par un colonel égyptien pendant le vol. « Ils m’ont escorté du centre de détention jusqu’à la porte d’embarquement, où le colonel m’attendait », raconte Said Zagha. « Une fois qu’il m’a fait asseoir dans l’avion, il a laissé un assistant junior à côté de moi et s’est éclipsé en classe affaires. Lorsque nous sommes arrivés à Londres, il n’a pas voulu me donner mon passeport avant que je ne lui montre mon permis de séjour au Royaume-Uni – même si j’ai expliqué à ce moment-là que sa juridiction avait pris fin il y a longtemps. »
The show, ou dans ce cas, the pitch, must go on : Said Zagha a finalement présenté son projet, « Weedestine » – un thriller de braquage se déroulant en Cisjordanie – lundi par « Zoom ». Le projet a reçu une subvention de production de la Commission royale du film de Jordanie.
Said Zagha, qui est diplômé du Kenyon College de l’Ohio, est également un ancien de la Berlinale Talents 2020. Le court métrage de 2016 de Said Zagha, « Five Boys and a Wheel », a reçu de nombreux prix et il a un autre court métrage, « Lovesick in the West Bank », en post-production.
« Je crains que certains festivals s’abstiennent d’inviter des Palestiniens « porteurs de cartes de séjours » et limitent leurs invitations aux Palestiniens qui portent d’autres nationalités/passeports pour éviter tout embarras », ajoute Said Zagha. « Je devrais recevoir mon passeport britannique dans les prochaines années, mais même alors, je suis suffisamment traumatisée pour éviter complètement l’Égypte. Bien que je ne puisse pas demander à qui que ce soit de faire ce qu’il ne souhaite pas faire, j’espère sincèrement que les cinéastes palestiniens resteront unis contre ce traitement honteux. »
Source : Variety
L’acteur palestinien Mohammad Bakri annule sa visite au festival
d’El Gouna en raison de l’expulsion de son compatriote Said Zagha
Par Naman Ramachandran, le 19 octobre 2021
L’acteur et réalisateur palestinien emblématique Mohammad Bakri a annulé sa visite au festival du film d’El Gouna, en Égypte, en raison de l’expulsion du cinéaste palestinien Said Zagha, basé au Royaume-Uni, non autorisé à entrer dans le pays.
M. Bakri, qui a notamment joué dans « Homeland », « The Stranger », « Wajib » et « The Bureau », devait recevoir un prix pour l’ensemble de sa carrière lors du festival mercredi.
Cependant, mardi, M. Bakri a publié une déclaration en arabe disant qu’il avait annulé sa visite pour protester contre l’expulsion de Zagha et d’autres Palestiniens qui sont arrivés à l’aéroport du Caire et se sont vus interdire l’entrée sur le territoire égyptien.
« J’ai décidé de ne pas me rendre au festival du film d’El Gouna », a déclaré M. Bakri dans sa déclaration. « Il s’agit essentiellement d’une réaction de principe au mauvais traitement des artistes palestiniens, quel que soit leur passeport, qu’il soit jordanien, palestinien, israélien ou autre. Il est grand temps que les Palestiniens se voient accorder tous leurs droits, comme le reste du monde. Cela ne s’applique pas seulement aux artistes palestiniens. Je fais référence à tous les Palestiniens. »
« J’ai vu mon peuple bloqué dans les aéroports du monde entier, mais surtout dans les pays arabes, à la merci d’un fonctionnaire [de l’aéroport] », a ajouté M. Bakri. « J’ai vu des enfants affamés avec leurs parents, allongés sur le sol des aéroports. Parfois, ils doivent attendre pendant des jours – pas seulement un ou deux. J’en appelle à toutes les autorités du monde, mais surtout aux Arabes, c’est assez. Nous en avons assez ! Je fais cela pour protester contre ce qui m’est arrivé précédemment et ce qui est arrivé au comédien Ali Suliman également. Je le fais aussi pour protester contre ce qui s’est passé récemment avec Said Zagha, qui a été détenu pendant douze heures et humilié à l’aéroport du Caire, et finalement expulsé. Bien que cela ait été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour moi, mon objection est d’ordre plus général. Je fais objection au nom de tous les Palestiniens du monde ».
L’acteur palestinien Ali Suliman a été refoulé à l’aéroport en 2018 alors qu’il voyageait pour servir de juré à El Gouna.
M. Bakri a déclaré qu’il ne tient pas les organisateurs du festival pour responsables, mais espère que la direction cherchera à savoir qui est derrière cette expulsion.
« La direction du festival du film d’El Gouna n’a pas ménagé ses efforts. Ils m’ont promis que tout serait réglé à mon arrivée [dans un aéroport égyptien]. Mais si vous avez déjà été mordu, vous avez tendance à être prudent, de peur que cela ne se reproduise. Vous comprenez ce que je veux dire ? Je ne voulais pas prendre le risque », a déclaré M. Bakri. « Je respecte les personnes qui sont en charge du festival et je respecte la décision du festival de rendre hommage à mon travail. Il n’y a aucun désaccord à ce sujet. Cependant, ces personnes [la direction du festival] n’ont pas la compétence pour protéger et respecter leurs invités palestiniens. Ils n’ont aucun pouvoir sur les autorités portuaires. Peut-être qu’ils ne devraient pas inviter les gens à l’avenir et leur épargner l’humiliation. »
« Encore une fois, je félicite et respecte la direction du festival. Je les remercie pour leur hommage », a ajouté M. Bakri. « Mais c’est au-delà de leurs moyens. Je remercie [le directeur du festival] Intishal al-Timimi, qui est aussi un ami. Il ne s’agit pas d’une manœuvre contre lui personnellement ou contre l’équipe créative du festival. C’est dirigé contre le fonctionnaire – que le festival devrait connaître. Qui nous refuse l’entrée [en Égypte], quel que soit notre type de passeport ? Que ce soit moi, Ali Suliman ou Said Zagha, la direction du festival doit savoir qui est responsable. Si ce n’est pas le festival, alors qui est-ce ? Qui devons-nous accuser ? »
Interrogé sur l’expulsion des Palestiniens d’Égypte, Said Zagha a déclaré à Variety : « Bien que je ne connaisse pas la réponse définitive, il semble y avoir un mauvais traitement systémique des Palestiniens au contrôle des frontières égyptiennes. De nombreux précédents l’indiquent, notamment avec l’acteur de renommée mondiale Ali Suliman et le directeur de la photographie palestinien Ehab Assal (Chef opérateur du film « Omar », nommé aux Oscars). Tous deux avaient enduré des épreuves similaires ».
Variety a contacté les organisateurs du festival et M. Bakri pour un commentaire.
L’un des rôles les plus célèbres de M. Bakri est celui de « Wajib » (2017) pour lequel il a remporté le prix de la critique arabe à Cannes et celui du meilleur acteur au Festival international du film de Dubaï. Pour « Private » (2004), M. Bakri a remporté le prix du meilleur acteur au Festival international du film de Locarno, au Festival international du cinéma indépendant de Buenos Aires et au Festival international du film du Caire. En 2010, M. Bakri a reçu l’Ours de la liberté de parole au Festival du film de Berlin.
Source : Variety
Traduction JC pour l’Agence Média Palestine
Source : Agence Média Palestine
https://agencemediapalestine.fr/blog/…