Par Karine Bechet-Golovko
Suite aux mesures pour le moins inamicales adoptées par l’OTAN à l’encontre de la Russie, celle-ci a décidé de répondre fermement : elle ferme sa représentation auprès de l’OTAN et ferme la représentation de l’OTAN en Russie, notamment militaire. Comme l’a très judicieusement souligné Sergueï Lavrov, la Russie n’a plus l’intention de faire semblant de croire que les relations peuvent s’améliorer dans un avenir proche. Une nouvelle étape s’ouvre, obligeant les deux parties à redéfinir – et accepter – leurs frontières réciproques.
Comme nous l’avions écrit (voir notre texte ici), le 6 octobre, l’OTAN fait fuiter par Sky News la réduction de moitié des membres de la représentation de la Russie auprès de l’OTAN, non pas parce que ces personnes concrètement auraient eu des activités d’espionnage, mais par ce qu’ils sont Russes et que le comportement de la Russie est considéré en gros et en général comme inacceptable. C’est l’annonce du divorce, de la rupture d’un mariage d’intérêts bancals.
La Russie a acté la rupture et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé ce 18 octobre que la décision a été prise de fermer entièrement la représentation russe auprès de l’OTAN au 1er novembre et notamment la représentation générale militaire. Par ailleurs, la mission militaire de l’OTAN à Moscou devra également être fermée au 1er novembre, l’accréditation de ses membres sera retirée. De plus, le bureau d’information de l’OTAN, qui était accrédité auprès de l’ambassade de Belgique à Moscou, doit également fermer. En cas d’urgence, si l’OTAN a besoin de s’adresser à la Russie, elle peut le faire par l’intermédiaire de son ambassadeur en Belgique, comme au bon vieux temps.
Et l’argument présenté par la Russie est un signe d’officialisation de cette prise de conscience de l’impasse objective et systémique des relations entre la Russie et l’OTAN :
« la Russie ne va plus faire semblant que dans un avenir proche des changements soient possibles dans ses relations avec l’OTAN ».
Les réactions de l’OTAN et du Secrétaire d’Etat américains sont absolument identiques : ils regrettent la réaction de la Russie (et pour cause, ils perdent plusieurs instruments d’influence intérieure), mais estiment que la politique de l’OTAN est stable par rapport à la Russie (il y a effectivement une stabilité certaine dans la volonté d’anéantissement) et les mesures par elle adoptées visent à contenir la Russie.
Quand des mesures diplomatiques conduisent à une rupture de ces mêmes relations diplomatiques, l’on peut affirmer qu’une erreur stratégique a été commise. L’OTAN a trop compté sur ces forces globalistes internes en Russie, qui ont manifestement pu retarder la prise de décision, mais heureusement pas l’empêcher.
Cela ne signifie pas que les relations entre l’OTAN et la Russie sont inexistantes, les pays de l’OTAN gardent des contacts avec la Russie, la Belgique revient au coeur de ce mécanisme, mais leur restauration va obliger à de sérieuses discussions sur les frontières politiques à ne pas dépasser. Ce qui risque de prendre beaucoup de temps …
Source : Russie politics
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