Raoul Hedebouw, porte-parole du Parti du travail de Belgique (PTB). D. R.
Par Mohsen Abdelmoumen
Ce week-end du 11 et 12 septembre, le Parti du travail de Belgique (PTB) a organisé Manifiesta, son festival annuel, à Ostende, ville côtière du nord de la Belgique chère aux peintres Ensor et Spilliaert, et je ne regrette pas d’y avoir été invité ni de m’être déplacé à la mer du Nord. Cette année, la fête a résisté au Covid et le public était au rendez-vous. Le soleil aussi. Sur place, j’ai rencontré la résistance mondiale à l’impérialisme et au capitalisme, représentée par des camarades venus de tous les continents, des militants qui risquent leur peau en Colombie ou au Pérou, nos frères sahraouis et palestiniens, des camarades du Laos, des Philippines, des Paysans sans Terre d’Amérique latine… Bref, la résistance de l’hémisphère Nord rejoignait celle de l’hémisphère Sud. Et voir des jeunes gens en Belgique, centre de l’Europe capitaliste et de l’OTAN, brandir le drapeau palestinien et soutenir la cause des peuples opprimés de la terre, cela fait un bien fou. J’étais ravi et j’ai eu une pensée émue pour le grand résistant belge Marcel de Ruytter, qui me souriait de loin en fredonnant l’Internationale. Dans mon tour des stands, j’ai rencontré mon ami Michel Collon, toujours debout au poste de combat, alors qu’il était malade et très fatigué. Je lui souhaite un bon rétablissement.
En me promenant dans cet univers particulier où 15 000 personnes viennent se ressourcer, s’informer pour échapper à l’endoctrinement de masse, découvrir les luttes des autres peuples, écouter des musiques du monde entier, assister à des conférences et acquérir des livres qui forment et qui instruisent, rencontrer des militants du terrain de nombreux pays, je me disais que tout n’était pas complètement foutu. Certains participants avaient fait le voyage jusqu’à Ostende avec beaucoup de difficultés, comme Omar Barghouti des BDS et d’autres camarades des quatre coins du globe qui sont surveillés et en danger chez eux.
Pour ma part, j’étais très fier d’être un Algérien dans ce haut lieu de résistance, car notre peuple sait ce que le mot «résistance» signifie. Et quand certains m’ont reconnu, j’étais également heureux d’appartenir à la race de ceux qui ont toujours été dans le combat anti-impérialiste, anticapitaliste et antisioniste. Un ex-prisonnier politique palestinien m’a demandé si j’étais toujours en contact avec Georges Ibrahim Abdallah et je lui ai expliqué que sa dernière lettre datait de plusieurs années. Georges Ibrahim Abdallah a un passeport algérien et il est libérable depuis 1999 mais les sionistes ont mis leur veto et la France soumise à Israël le garde en prison. Georges Abdallah est resté un vrai révolutionnaire, il est avec les militants de l’ETA, et il tient toujours le coup après 37 ans d’emprisonnement. On a voulu l’enterrer vivant comme Julian Assange, mais il n’a pas perdu une once de sa combativité. Personne ne veut entendre parler de ces prisonniers politiques que des pays occidentaux prétendument chantres des «droits de l’Homme» et de la «liberté d’expression» gardent en prison au mépris de toutes les lois. C’est que les ONG se taisent quand il s’agit de défendre ceux qui combattent l’empire…
En arrivant vers le stand de nos camarades sahraouis, je ne savais pas qu’une surprise m’attendait. J’ai sursauté en apprenant que le responsable du stand venait de publier un article dans Algeriepatriotique ! Décidément, le monde est petit. Je tiens à dire à la rédaction d’Algeriepatriotique qu’il y a de quoi être fier du travail que nous accomplissons tous ensemble. Les peuples ne se trompent jamais, ils connaissent leurs amis et leurs ennemis. Au moment où nous échangions entre frères et camarades anti-impérialistes et anticolonialistes, un groupe de Marocains s’est approché en criant «Sahara marocain» ! Mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai entendu une voix venir de très loin, celle des martyrs, et j’ai rugi contre ce troupeau de moutons et chèvres marocains : «Le Sahara se libérera ! Vive la lutte du peuple sahraoui ! Vive le Polisario et vive l’Algérie !» L’une des femmes sahraouies m’a raconté alors que des Marocains avaient insulté l’Algérie, ce qui a redoublé ma colère et j’ai crié de toutes mes forces face à ces rats : «Vive l’Algérie ! Gloire à nos martyrs !» Il n’est pas encore né celui qui peut insulter La Mecque des révolutionnaires ! Vous, les salopards pouilleux du Makhzen marocain, rincez-vous la bouche et faites des ablutions avant de parler de notre patrie bien-aimée ! Bref, je me suis tenu aux côtés du peuple sahraoui comme mon pays qui a toujours défendu les opprimés de la terre.
En quittant le stand des Sahraouis qui ont beaucoup apprécié mon passage, je tiens à dire au Makhzen marocain que le peuple sahraoui que vous écrasez obtiendra son indépendance, que vous le vouliez ou pas. C’est la roue de l’Histoire qui tranchera. Vous avez tout essayé pour briser un peuple en l’opprimant, en le torturant, en le massacrant, mais vous avez perdu et je ne le dirai pas assez : le Sahara Occidental appartient aux Sahraouis et son dossier figure à l’ONU comme l’une des dernières colonies, alors dégagez du Sahara Occidental et fermez-la par rapport à notre pays l’Algérie, bande de dégénérés et de drogués !
En continuant mon périple dans la résistance planétaire contre l’impérialisme, le sionisme et le grand capital, je me demandais ce que pouvaient bien y foutre des Marocains partisans de la colonisation du Sahara Occidental et je pensais qu’ils faisaient tache dans le paysage. Dommage que des individus pareils viennent éclabousser de leur abjection la fête de la résistance… Pour me réconforter, je regardais les visages des militants de tous âges. Cela faisait chaud au cœur après la saleté déversée par de minables larbins d’un roitelet décadent et débauché. J’ai beaucoup aimé que des jeunes s’impliquent dans la lutte des autres nations et résistent à la précarité dans laquelle le grand capital a plongé le monde. Combien c’était admirable de voir tout ce monde et ces portraits de révolutionnaires, des camarades du monde entier morts pour la cause, et qui étaient présents avec nous. Le verbe lutter était conjugué à tous les temps et l’Internationale a été chantée dans toutes les langues. C’était magnifique.
Je caresse l’espoir de voir un jour une association algérienne participer à ces événements très importants. C’est sans doute très agréable de déguster des petits fours, un verre de champagne à la main à l’ambassade algérienne le 1er novembre ou le 5 juillet, mais le plus important, c’est d’être présent ici et de porter la voix de l’Algérie partout où le mot «résistance» résonne. Nous le devons à nos martyrs et aux peuples qui ont suivi notre exemple de lutte.
Mohsen Abdelmoumen
Reçu de l’auteur pour publication
Source : Algérie Résistance
https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/…