Par The Saker
Par The Saker – Le 28 juin 2021 – Source The Saker’s Blog
Pour commencer, récapitulons ce qui vient de se passer dans les eaux de Crimée. Tout d’abord, le HMS Defender est entré délibérément dans les eaux russes sous prétexte que les Britanniques ne reconnaissent pas ce qu’ils appellent » l’annexion « de la Crimée. Les Britanniques le nient, mais après avoir vu 4 bombes exploser devant le HMS Defender, ils ont changé de cap comme l’exigeaient les Russes.
Ensuite, avant d’approfondir la question, gardons également à l’esprit le fait suivant : l’ensemble de la mer Noire est de facto un « lac russe », ce qui signifie que la Russie a le contrôle militaire total de la mer Noire.
Pour ceux qui ne sont pas doués, laissez-moi expliquer ce que cela signifie :
- Les missiles de défense côtière Bal et Bastion peuvent couler n’importe quel navire en mer Noire en quelques minutes.
- La flotte de la mer Noire dispose de sept sous-marins d’attaque diesel-électriques avancés, sans doute les plus avancés de la planète.
- Le HMS Defender opérait sans aucune couverture aérienne mais a détecté plus de 20 avions militaires russes qui le survolaient.
Pour une discussion plus détaillée de cette réalité, veuillez consulter les quatre articles (ici, ici, ici et ici) d’Andrei Martyanov. Pour une explication plus détaillée des lois de la mer, veuillez consulter cette discussion par Nat South].
En d’autres termes, le HMS Defender était une cible facile qui n’avait aucune chance de survie si les Russes avaient décidé de tirer sous le coup de la colère. Le général Konashenkov, qui est chargé des contacts avec les médias, a déclaré ce qui suit au sujet de l’issue de la provocation britannique : (c’est nous qui soulignons)
Le fiasco épique de la provocation du destroyer britannique Defender en mer Noire, qui a brusquement changé de cap pour sortir des eaux territoriales russes après les tirs de semonce du patrouilleur, restera longtemps une tache malodorante sur la réputation de la Royal Navy.
En parlant de colère : j’ai analysé les médias russes ces deux derniers jours et je dirai seulement qu’il y a BEAUCOUP de commentateurs qui en veulent au Kremlin de ne pas avoir ouvert le feu sérieusement et d’avoir coulé le Defender.
En outre, plusieurs responsables russes ont maintenant indiqué que la prochaine fois, les intrus seraient détruits.
Ai-je mentionné que le secrétaire d’État britannique à l’environnement, à l’alimentation et aux affaires rurales, George Eustice, a déclaré dans une interview que les Britanniques prévoient de répéter de telles opérations à l’avenir ?
Cela soulève maintenant la question suivante : le Kremlin risquerait-il vraiment une troisième guerre mondiale en coulant un navire de la marine britannique qui essayait, pour reprendre une expression britannique, de » titiller l’ours russe « ?
Il est intéressant de noter que les Britanniques ont d’abord nié que les Russes aient tiré des munitions devant le Defender. Pourquoi ont-ils nié ? Mon explication personnelle est que le gouvernement britannique ne veut pas effrayer l’opinion publique britannique et européenne. Mais s’ils cachent la vérité, cela signifie que c’est une vérité qui les met mal à l’aise. Que pensez-vous qu’ils puissent cacher ?
Toujours est-il que les deux journalistes britanniques qui se trouvaient à bord du Defender (par pure coïncidence, j’en suis sûr), ont tous deux déclaré avoir entendu des explosions et vu des avions de combat russes. Le FSB russe a également publié des images vidéo prises par les navires russes de patrouille frontalière qui suivaient le HMS Defender. On peut clairement voir les Russes tirer avec leurs canons devant le HMS Defender :
Les Russes disposent également d’images radar provenant de nombreuses sources et il leur a été très facile de prouver que le Defender a changé de cap et est parti après l’explosion de quatre bombes sur sa trajectoire.
La raison de tout cela ? « Nous ne reconnaissons pas l’annexion de la Crimée ». Ce qui n’a aucun sens, car MÊME si le Royaume-Uni ne reconnaît pas l’« annexion » de la Crimée par la Russie (et, par la même occasion, la volonté démocratique du peuple de Crimée), il devrait quand même reconnaître le fait indiscutable que la Russie est la « puissance occupante » qui, par conséquent, a le droit légal de refuser à tout navire un « passage inoffensif » si elle pense que ce navire est une menace, qu’il collecte des renseignements ou qu’il est utilisé à des fins de propagande (encore une fois, lisez la superbe discussion de Nat South sur l’applicabilité de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer à cette situation). Comme d’habitude, les Britanniques mentent sur tout, y compris sur ce que dit vraiment cette convention…
Examinons maintenant la situation du point de vue russe.
Tout d’abord, les Russes se souviennent que les Britanniques ont déclaré une zone de 200 miles autour des îles Malouines (« Falklands » dans le jargon britannique) et ont immédiatement coulé le croiseur General Belgrano dès qu’il est entré dans cette zone. Les Russes se souviennent également de la façon dont les Turcs ont abattu un SU-24 russe au-dessus de la Syrie parce qu’il avait pénétré dans l’espace aérien turc pendant exactement 6 secondes. Le HMS Defender a passé environ 30 minutes dans les eaux russes.
Peut-on vraiment leur reprocher de penser que « certains sont plus égaux que d’autres » ?
Les Britanniques, qui sont la race supérieure qu’ils sont les seuls à penser être, ont déclaré qu’ils n’avaient changé de cap que parce qu’un navire russe plus lent se trouvait devant eux et qu’ils avaient décidé de le dépasser par les eaux libres. En fait, les Britanniques sont tellement supérieurs aux hordes russes mongoloïdes et à leur dictateur qu’ils ont même refusé de répondre au navire des garde-côtes russes lorsque celui-ci a menacé d’ouvrir le feu si les Britanniques ne changeaient pas de cap.
Aparté
NE PAS parler à la Russie, jamais, semble être la dernière lubie de l’OTAN. Il en va de même pour l’UE qui est maintenant l’otage des cinglés 3B+PU [les 3 pays Baltes, Pologne, Ukraine]. Je me demande, est-ce que quelqu’un croit encore à ces conneries ? Quelqu’un croit-il encore que la Grande-Bretagne est, eh bien, grande ? En Russie, l’expression « мелкобритания » est de plus en plus utilisée. Traduit en français, cela donnerait quelque chose comme « la Petite Bretagne »
Quoi qu’il en soit, tout ce qui précède montre clairement l’une des deux choses suivantes :
- Les Britanniques ne croient pas que la Russie puisse couler un navire de guerre britannique.
- Les Britanniques sont prêts à risquer un incident militaire majeur pouvant mener à une guerre afin de maintenir les tensions entre la Russie et l’Occident collectif (aka l’Empire anglo-sioniste).
La question qui se pose est la suivante : les Britanniques ont-ils raison, ou sont-ils dans l’illusion ?
Tout d’abord, nous devons comprendre le but de cette provocation : perturber le sommet prévu entre l’UE et la Russie, que la France et l’Allemagne semblaient soutenir, et auquel les 3B+PU, les Pays-Bas et la République tchèque (je crois) se sont catégoriquement opposés (l’Ukraine n’est pas membre de l’UE, mais ils ont agi comme s’ils avaient une sorte de droit de veto moral sur les décisions de l’UE). Bien sûr, le Royaume-Uni a quitté l’Union et ne devrait donc pas avoir son mot à dire dans les décisions de l’UE, mais l’anglosphère a suffisamment de pouvoir sur l’UE pour que cela puisse se faire. Nous savons également que Boris Johnson a personnellement donné l’ordre au HMS Defender d’entrer dans les eaux russes. Il est évident que ce genre de décision de haut niveau n’aurait pas pu être prise sans l’approbation de l’oncle Shmuel, nous avons donc affaire à une action très délibérément calculée. Si tel était l’objectif, c’est un succès total et les Britanniques viennent de bousculer Macron et Merkel.
Deuxièmement, cela n’a vraiment rien à voir avec la Russie. Si l’UE ne peut pas rassembler assez de courage politique pour parler à la Russie, alors la Russie parlera directement avec les pays qui veulent parler à la Russie. Pour parler franchement, la Russie n’a que faire des 3B+PU. Quant aux Pays-Bas, ils sont un gros investisseur dans l’économie russe et les Russes ne se soucient pas de ce que les Néerlandais pourraient dire ou ne pas dire, tant qu’ils continuent à investir (en euros, soit dit en passant !), ce qui, jusqu’à présent, est toujours le cas. En outre, compte tenu de la taille économique de la Hollande, même s’ils cessaient d’investir, cela ne serait qu’une nuisance mineure pour la Russie. En fait, Merkel a même déclaré que si l’UE ne pouvait pas accepter de dialoguer avec la Russie, l’Allemagne chercherait d’autres lieux pour le faire.
Troisièmement, ce qui vient de se passer est un autre signe clair que l’UE est profondément dysfonctionnelle. Après la fin de l’URSS en 1991, les néoconservateurs russophobes de l’Ouest ont décidé de faire « payer » les Russes en incorporant les républiques de l’ex-URSS dans l’OTAN. Au début, tout semblait parfait, mais il est maintenant clair que les retombées de cette politique vraiment idiote présentent de nombreux avantages inattendus pour la Russie et des problèmes majeurs pour l’Empire. En voici quelques-uns :
- La Russie s’est débarrassée de toute la périphérie soviétique qui saignait l’Union soviétique à blanc.
- Aucun des nouveaux États créés n’est devenu un État viable et prospère.
- L’Empire a dépensé de nombreux milliards pour essayer de soutenir ces nouveaux États indépendants (ex-URSS et Europe de l’Est) et tenter de les transformer en une sorte de vitrine anti-Russie. Ils ont totalement et complètement échoué.
- Aujourd’hui, le Royaume-Uni et, plus encore, les 3B+PU ont pris l’UE en otage et empêchent les pays qui comptent de continuer à compter.
- Les pays limitrophes de la Russie réclament tous maintenant des troupes de l’OTAN, ce qui place cette dernière dans la pire position possible, juste de l’autre côté de la frontière russe et, par conséquent, à portée de trop d’armes russes à énumérer ici.
- Enfin, et surtout, les actions stupides et, franchement, totalement irresponsables de pays comme le Royaume-Uni et l’Ukraine risquent d’impliquer toute l’Europe dans une guerre des plus dangereuses et dévastatrices.
La conclusion est la suivante : les dirigeants anglo-sionistes pensaient avoir fait un gros coup avec l’expansion de l’UE et de l’OTAN. Aujourd’hui, ils sont dans la merde et n’ont aucune solution en vue.
Tout cela n’est pas bien nouveau, mais une confirmation de plus de l’état d’effondrement avancé de l’OTAN et de l’UE. À l’inverse, plus les pays de l’UE décideront d’organiser des discussions bilatérales avec la Russie, mieux ce sera pour l’avenir du continent européen.
Quant aux Britanniques, ils souffrent clairement de douleurs fantômes provenant leur empire perdu. Pensez-y, en moins d’un siècle, l’Empire britannique est passé du statut d’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais (Britannia rules the waves, etc.) à celui de caniche des États-Unis que personne ne respecte ni ne prend au sérieux. Bojo cherche désespérément à prouver qu’il est un « nouveau Churchill » qui apprendra à ces satanés Russes (et Chinois !) à faire des courbettes au Royaume-Uni ou, à défaut, à faire au moins des courbettes à l’Anglosphère. Et, en tant que politicien occidental typique, Bojo est à la fois trop ignorant et trop narcissique pour comprendre les risques qu’il prend.
Aparté
Les Britanniques semblent combiner l’arrogance impérialiste (et l’illusion !) avec un manque vraiment choquant de compétences en relations publiques. Non seulement ils ont nié que les Russes avaient ouvert le feu en guise d’avertissement, avant que le FSB ne prouve que ce démenti était faux en publiant la vidéo du navire des garde-côtes russes tirant devant le Defender, mais ils ont maintenant inventé une autre absurdité vraiment maladroite sur le fait qu’un dossier « super hyper secret » sur les plans britanniques aurait été trouvé par un passant, dans un tas d’ordures derrière un arrêt de bus dans le Kent (si vous pensez que je plaisante, voyez ici). Inutile de dire que les Russes se sont ouvertement moqués des Britanniques en déclarant que « les agents 007 ne sont plus ce qu’ils étaient ». De plus, il apparaît aujourd’hui que certains hauts fonctionnaires britanniques étaient très opposés à cette démarche qui avait été demandée par Johnson personnellement (voir ici et ici)].
Qu’en est-il de l’armée britannique ?
Nous savons que leurs capacités réelles sont dérisoires. Mais qu’en est-il de leur compréhension de la situation ?
Je ne suis pas devin et je ne sais pas à quoi pensaient les marins britanniques (et leurs patrons), mais il y a une chose dont je suis sûr : la prochaine fois (et il y aura une prochaine fois selon les ministres britanniques), les Russes utiliseront la force. Si possible, ils essaieront d’éperonner le navire intrus ; sinon, ils pourront frapper les moteurs et les propulseurs du navire intrus pour le mettre hors service et, éventuellement, le remorquer. Si le navire intrus tente de riposter, les Russes tireront probablement une torpille et le mettront hors d’état de nuire. C’est ma meilleure hypothèse. J’ai également décidé de demander à Andrei Martyanov (un ancien officier de la marine soviétique) ce qu’il pense qu’il se passera la prochaine fois. Voici sa réponse :
Le plus probable est qu’ils ouvriront le feu, mais d’abord seulement avec de l’artillerie navale de petit calibre (du 30 mm tiré par un navire russe de patrouille frontalière ou même du 76 mm), et ce tir sera dirigé vers l’hélice (c’est-à-dire vers la poupe) pour commencer. Dans le même temps, les batteries de défense côtière suivront activement l’intrus à l’aide de leur radar, et les Russes prépareront 15 à 20 Su-24 et SU-30SM, prêts à utiliser des moyens plus sérieux – par exemple, le X-31 supersonique (M = 3,5) antiradiation pour détruire le mât et son radar. Ce n’est qu’un début.
Ensuite, les Russes jaugeront la réaction de l’intrus : s’il tente de tirer sur une cible russe, il sera coulé. Mais cela ne se produira qu’à l’intérieur des eaux territoriales russes. En dehors des eaux russes, les Russes ne feront que surveiller leurs mouvements. Enfin, n’oubliez pas qu’entre 4 et 7 sous-marins Project 636 patrouillent en permanence dans la mer Noire, chacun étant capable de tirer 6 missiles anti-navires 3M54 en une salve.
Les parachutistes britanniques ont également participé récemment à un largage important en Jordanie. Les Britanniques considèrent cela, je cite « comme une démonstration de force à l’égard d’ISIS et de la Russie ». La réaction de la Russie ? Les forces aérospatiales russes ont envoyé deux MiG-31K transportant des missiles hypersoniques Kinzhal à la base aérospatiale russe de Khmeimim, montrant ainsi aux Britanniques que leurs navires en Méditerranée et en mer Noire naviguent selon le bon vouloir de la Russie. Encore une fois, ceci ne sera pas rapporté par les médias sionnistes occidentaux afin de garder l’opinion publique totalement inconsciente des risques que Bojo et sa bande prennent au nom de leurs douleurs fantômes impériales. Des Tu-22M3M des forces aérospatiales russes ont également été récemment déployés à Khmeimim.
Voici une courte vidéo de la chaîne Zvezda du ministère russe de la défense pour vous donner une idée de ce à quoi tout cela ressemble (en russe, mais aucune traduction n’est nécessaire) et qui montre assez ouvertement qui les Russes considèrent comme leur cible probable.
Voici un article de Zerohedge qui aborde également certains de ces aspects.
Aparté
Quelqu’un se souvient-il encore de ce qui s’est passé lorsque l' »invincible » marine britannique a tenté de participer à l’attaque (totalement ratée) de missiles de croisière de Trump contre la Syrie ? Les sous-marins britanniques en Méditerranée ont été suivis par non pas un, mais apparemment deux sous-marins russes. Cela a convaincu le commandant du sous-marin britannique que le tir de ses missiles serait suicidaire. Les Britanniques ont abandonné et ont quitté la zone.
On observe ici un schéma : les politiciens occidentaux font beaucoup de déclarations très bruyantes ; les Russes se contentent de prendre les mesures qu’ils jugent nécessaires, ce qui les dispense de faire des menaces de déclarations bruyantes en premier lieu.
Cette approche a un problème : seules les personnes très bien informées en Occident sont pleinement conscientes de ce que font les Russes et encore moins de personnes comprennent pleinement les implications des actions russes. Ajoutez à cela des médias occidentaux qui mentent pour gagner leur vie, et vous obtenez une population européenne presque totalement inconsciente des risques très réels qu’entraînent les actions imprudentes de leurs gouvernements (supposés) représentatifs. Combien de Britanniques se rendront compte qu’un Boris Johnson souriant et apparemment heureux a presque trébuché dans une guerre avec la Russie ? Très peu, je parie. En fait, on dit aux gens ordinaires en Occident que (a) leur armée est la meilleure et (b) que l’armée russe est beaucoup plus faible et que les Russes le comprennent. Ergo : il n’y a aucun risque.
Ensuite, il y a le fait que, tandis que la population générale est maintenue dans une ignorance totale, les élites politiques occidentales sont pour la plupart composées de personnes ayant de très fortes tendances narcissiques combinées à une incapacité totale à apprendre de leurs erreurs (les leurs et celles des autres). Inutile de dire que l’histoire n’informe pas non plus ces gens. Enfin, étant donné que ces personnes ne peuvent jamais admettre une erreur, qu’elle soit mineure ou grave, elles ne peuvent pas changer de cap ; redoubler d’efforts encore et encore est à peu près tout ce dont elles sont capables.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que l’administration Biden a adopté une voie très différente à l’égard de la Russie (et de l’Iran, soit dit en passant !) que celle privilégiée par l’administration Trump. J’attribue ce changement de politique à la réalisation probable par les hauts responsables du Pentagone que les États-Unis ont désespérément besoin de « reprendre leur souffle » et que l’armée américaine n’est pas en état d’affronter toute autre armée à moitié compétente. Même s’il s’agit d’un stratagème visant à gagner du temps pour se réorganiser, je m’en réjouis car, par définition, tout est préférable à la guerre, surtout une guerre totale. Cependant, il existe clairement des intérêts, tant aux États-Unis qu’en Europe, qui sont désespérément opposés à toute forme de détente avec la Russie et qui veulent maintenir une atmosphère de crise et de tensions d’avant-guerre. Bien entendu, je ne crois pas à l’existence de différences significatives entre les diverses factions qui se disputent le pouvoir à un niveau stratégique : elles veulent toutes détruire, soumettre, briser et dévaster la Russie. Ce rêve vieux de 1000 ans des élites dirigeantes occidentales (à peu près toutes) reste la cible stratégique de l’Occident. Mais sur le plan tactique, il semble y avoir deux factions, l’une qui comprend que l’Empire a désespérément besoin d’une pause pour se regrouper et affiner sa stratégie et l’autre qui semble toujours croire que l’Empire est invincible et semble vouloir déclencher autant de conflits/guerres qu’elle le juge nécessaire pour restaurer l’hégémonie mondiale de l’oncle Shmuel.
Ce deuxième groupe, manifestement fort, a des liens avec le Royaume-Uni et la bande 3B+PU qui cherche désespérément à rester pertinente et qui comprend que si jamais une détente quelconque (ou même un modus vivendi tendu) était convenue entre la Russie et l’Occident, ce groupe deviendrait totalement sans intérêt pour l’avenir de notre planète. Bien que nous puissions être en désaccord avec cette logique, nous devons rester conscients que pour des pays comme le Royaume-Uni ou les 3B+PU, il s’agit véritablement d’une question existentielle et qu’ils considèrent la poursuite des tensions comme la seule voie de survie politique. Sur ce point précis, il se trouve que je suis d’accord avec eux.
J’ai mentionné que depuis GW Bush, tous les présidents américains qui ont accédé à la Maison Blanche ont été extrêmement faibles, ce qui a entraîné l’éclatement de toute politique étrangère américaine unique en de nombreuses « mini-politiques étrangères » différentes, et souvent contradictoires, menées par diverses branches du gouvernement (Congrès contre Maison Blanche, plus une politique étrangère du Pentagone, une politique étrangère de la CIA, une politique de Foggy Bottom, une politique du DoE, etc. etc. etc.) D’où, par exemple, la récente saisie par l’oncle Shmuel du nom de domaine PressTV. (Au fait, le nom de domaine https://www.presstv.ir fonctionne toujours !).
Tout cela constitue un mélange très dangereux. D’autant plus que les Russes pensent clairement et sincèrement qu’ils ne peuvent plus reculer.
J’en conclus donc qu’un futur incident militaire, avec usage du feu sous le coup de la colère, et pouvant déboucher sur une véritable guerre, reste non seulement possible, mais même probable, à moins que les factions occidentales qui souhaitent un temps d’arrêt pour se regrouper ne parviennent à maîtriser les fous russophobes.
Cela arrivera-t-il ? J’en doute fort. Biden n’est pas seulement faible et sénile, son administration a été organisée en fonction de la culture Woke et de la (pseudo) « diversité » plutôt que de la compétence ou de l’expertise. Ainsi, le Biden collectif (que je désigne comme « Biden » par opposition au vrai Biden) est probablement trop faible pour maîtriser les fous, même pour une courte période.
Et voici la chose vraiment effrayante : du point de vue russe (et les Russes comprennent tous ce qui précède), couler un navire britannique pourrait bien être la meilleure solution. Pourquoi ? Parce qu’une fois que cela se produira, il sera impossible de cacher à l’opinion publique occidentale que ses soi-disant « dirigeants » sont des narcissiques imprudents, incompétents, délirants et tout simplement dangereux qui sont maintenant prêts à risquer une guerre continentale (peut-être nucléaire !) juste pour continuer à nier la réalité de leur insignifiance. Si la Russie voulait envahir le Royaume-Uni, je crois que la plupart des Britanniques seraient prêts à tout risquer pour défendre leur patrie. Mais je doute fort qu’une majorité/pluralité de Britanniques soutienne l’idée de mourir pour la Crimée, même s’ils pensent que la Russie a « annexé » la péninsule et qu’elle « opprime maintenant le peuple ukrainien de Crimée ». Ils ne voudraient pas non plus mourir pour le MH17, Skripal, la Syrie, Navalny ou les homos opprimés de Tchétchénie.
Il y a une autre chose que Poutine pourrait faire : faire un discours solennel et s’adresser directement aux Occidentaux pour leur dire la vérité sur ce que font les dirigeants politiques occidentaux. Il pourrait dire honnêtement aux peuples de l’Ouest que la Russie s’est retirée aussi loin qu’elle le pouvait. Il pourrait dire aux gens de l’Ouest que la Russie a fait ce qu’elle a si souvent fait dans l’histoire, elle a échangé l’espace contre le temps et que la pause de quatre ans de l’administration Trump a permis à la Russie de réarmer, recycler et réorganiser entièrement ses forces armées qui sont maintenant tout à fait capables de s’attaquer à la fois aux États-Unis et à l’OTAN et de l’emporter.
Oui, je sais, Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi ont essayé de faire appel aux peuples de l’Ouest et, dans les deux cas, les médias occidentaux démocratiques et libres ont complètement obscurci ces tentatives, certes naïves et maladroites. Mais si Poutine s’adresse directement aux Occidentaux et leur explique ce qu’une guerre (même conventionnelle) signifierait pour l’Europe, ils devront l’écouter. Poutine pourrait indiquer clairement aux peuples de l’Ouest quelles sont les actions de l’Empire que la Russie ne pourra jamais et ne tolérera jamais. Enfin, il pourrait expliquer clairement pourquoi le peuple russe préfère la guerre à toute reddition à l’Empire. Et, pour s’assurer que le message passe bien, la marine russe pourrait demander à l’un de ses SSGN de classe Yasen-M de faire surface quelque part dans la Manche ou au Tu-160 de s’entraîner à lâcher un missile de croisière sur Londres (uniquement de manière électronique, bien sûr). Hussein et Kadhafi ne disposaient pas de telles capacités. La Russie en dispose, et elle devrait s’en servir.
La peur, en particulier la peur existentielle, pourrait bien être la seule chose capable de briser le mur de silence et de désinformation dont les médias occidentaux abreuvent les gens depuis des décennies.
Quel espoir ai-je de voir l’administration Biden prendre le contrôle des cinglés ou Poutine s’adresser directement aux Occidentaux ? Bien peu. L’autre hypothèse serait que la Russie coule un navire de guerre américain ou britannique (ou abatte un avion) sans déclencher une guerre continentale. Est-ce même possible ? Oui, je le pense. Très dangereux, mais possible.
La Russie a-t-elle d’autres choix ? Si oui, je n’en vois pas. Et vous ?
The Saker
Post scriptum
Ceci vient d’arriver – l’USS Ross (DDG-71), un destroyer à missiles guidés de la classe Arleigh Burke de la marine américaine, vient d’entrer dans la mer Noire en direction d’Odessa où les Ukies préparent leur « flotte moustique » dans le cadre des dernières manœuvres « Sea Breeze » de l’OTAN (les plus importantes à ce jour – 30 pays y participent !) Les Ukies ont également déclaré que le Ross prévoit de suivre exactement la même trajectoire que le Defender. Les Russes ? Ils ont annoncé que l’USS Ross est désormais une « grosse cible » pour leurs missiles de défense côtière Bal et Bastion. Quant au ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, il vient d’écrire un article fondamental intitulé « Le droit, les droits et les règles » qui, toujours en utilisant un langage diplomatique, montre le dégoût total que même les diplomates russes éprouvent pour l’incompétence et l’hypocrisie de l’Occident.
« Toujours plus de la même chose » semble être la tendance du jour…
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Source : Le Saker
https://lesakerfrancophone.fr/…