Par Madaniya
Les perspectives économiques du FMI à l’horizon 2035:
- La Chine, première puissance économique planétaire.
- Une possible faillite financière des pétromonarchies
- La viabilité d’Israël en question
Le rapport du FMI
La Chine devrait se substituer aux États Unis en accédant à rang de première puissance économique au niveau planétaire à l’horizon de l’an 2035 dans un monde en mutation accélérée, et les pétromonarchies du Golfe vont voir poindre le risque d’une faillite financière, si leurs économies demeuraient connectées à l’économie américaine, les contraignant à recourir à l’emprunt pour leurs dépenses courantes.
Telles sont les principales conclusions d’un rapport du FMI en date du 6 Février 2020, intitulé «L’avenir du pétrole et la viabilité financière».
Premier importateur de pétrole du monde, la Chine absorbe 14 pour cent du marché pétrolier pour sa consommation interne, soit 14 millions de barils par jour. Elle a, pour ce faire, créer, en septembre 2019, un marché des transactions pétrolières en yuan, à Shanghai.
Une unité de paiement qui tend à se généraliser avec les partenaires économiques de la Chine, notamment l’Iran, de même que le développement des opérations de troc entre la Russie et les pays du Moyen Orient sous embargo économique américain: Iran, Turquie, Syrie, Liban.
Le pétrodollar garantit, lui, au dollar américain de conserver son statut de monnaie de réserve mondiale, conférant aux États Unis une position monopolistique dont ils tirent avantage en imposant une hégémonie mondiale.
L’épreuve de force entre le président russe Vladimir Poutine et le prince héritier saoudien, Mohamad Ben Salmane, deux des grands producteurs de pétrole, sur le niveau de production consécutif au ralentissement de l‘économie mondiale du fait de la pandémie du Coronavirus, a provoqué une perte de capitalisation boursière de l’ordre de 2,3 trillions de dollars lundi 9 mars 2020 et l‘ARAMCO, le géant pétrolier saoudien, a subi une dépréciation de 320 milliards de dollars.
Les pays producteurs de pétrole ne pourront bientôt plus compter uniquement sur l’or noir pour se développer. Le Fonds Monétaire International (FMI) a averti que les pays arabes du Golfe, dépendants du pétrole, allaient devoir engager des réformes profondes sous peine de voir leurs richesses s’épuiser d’ici 2035.
Les États du Golfe, qui se sont enrichis pendant des décennies grâce aux revenus pétroliers, n’ont d’autre choix que d’accélérer et d’élargir les réformes économiques pour éviter de devenir des emprunteurs nets, ajoute l’institution internationale.
Le Conseil de coopération du Golfe (ou CCG, qui regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats Arabes Unis, Oman, le Qatar et le Koweït), assure un cinquième de l’approvisionnement mondial en brut et les revenus pétroliers représentent 70 à 90% de ses recettes publiques.
Pendant près de deux décennies, jusqu’en 2014, les six monarchies ont accumulé quelque 2.500 milliards de dollars d’actifs financiers investis principalement à l’étranger par le biais de fonds souverains.
La réfutation d’Abdel Hay Zalloum,
Expert économique américain d‘origine palestinienne, diplômé d’Harvard, auteur notamment de l’ouvrage «Les croisades pétrolières» -«Oil Crusades: America Through Arab Eyes».
A – Les États Unis «swinger producer»
Cet expert pétrolier, auteur d’un 2eme ouvrage sur le même thème, «L’avenir du pétrole arabe dans le casino de la mondialisation» a réfuté la thèse du FMI, faisant valoir que les États Unis depuis la fin de la II me Guerre Mondiale (1939-1945) ont fait office de «swinger producer», modulant le prix du baril de même que le volume de la production en fonction des besoins de l’économie américaine et non en fonction de l’économie des producteurs de pétrole.
L’auteur cite à ce propos un câble du département de l’Énergie au département d’État, en date du 24 octobre 1984, invitant ce dernier à œuvrer en vue d’une baisse du prix du pétrole de l’ordre de 30 pour cent.
Ce message a été répercuté à l’ambassade américaine à Londres sous le numéro 081715 en mai 1985, invitant la mission américaine à évaluer les conséquences de cette baisse. Durant cette période, le prix du pétrole a chuté de 26 dollars à 10 dollars le baril.
De même, en 2019, le prix du pétrole a chuté de 75 à 55 dollars le baril, entraînant une perte sèche de 400 millions de dollars par jour pour les producteurs du Golfe, soir pour l’année 150 milliards de dollars
B- Les dépenses d’armement
M. Abdel Hay Zalloum relève que le FMI s’abstient de toutes propositions constructives, notamment concernant la réduction des dépenses d’armement voire la création d’une industrie de l’armement au sein de l’ensemble arabe pour l’évidente raison que le FMI souhaite maintenir le marché arabe captif de l’industrie militaire occidentale.
L’auteur se demande en vertu de quel principe «l’Arabie saoudite doit consacrer davantage de dépenses pour son arsenal militaire que la Russie»?
Abdel Hay Zalloum note en outre «une dépendance exacerbée pour les guerres intestines inter arabes, attisées par les États Unis en vue d’entraîner le Monde arabe dans des guerres destructrices».
- Pour aller plus loin sur ce thème, cf à ce propos la «théorie du combat des chiens» de Peter Galbraith: https://www.renenaba.com/le-liban-banc-dessai-de-la-theorie-de-la-desorientation-informative-et-de-la-dissension-sociale/
C- 1,5 trillions de dollars du fait de l’encadrement des Fonds Souverains Arabes par des experts occidentaux.
Abdel Hay Zalloum estime que le fait de confier la gestion des Fonds Souverains Arabes à des experts occidentaux, formatés dans le moule du FMI, a occasionné une perte sèche de 1,5 trillions de dollars lors de la crise boursière de 2008, sans parler de l’acquisition de bons du trésor américains d’une valeur de près de 2.000 milliards de dollars (pour l’Arabie saoudite et le Koweït), enfin le placement dans les banques américaines de près de 2 mille milliards de dollars (2 trillions) dans les banques américaines. Autant de sommes soustraites au développement économique arabe.
Les pays arabes producteurs de pétrole (Les pétromonarchies, l’Algérie, l’Égypte, La Libye, La Syrie) fournissent 20 pour cent de la production mondiale. Ils disposent de ce fait d’un puissant levier pour le développement économique de planète, qui pourrait devenir une force destructive s’ils parvenaient à imposer leur souveraineté économique sur leurs richesses nationales, en modulant le niveau de la production du bruit et son cours en fonction de leurs propres besoins.
Les alliances des pays arabes producteurs de pétrole, principalement les pétromonarchies, jouent au détriment des intérêts fondamentaux du Monde arabe.
L’empire américain porte en lui-même les germes de sa propre destruction. Un pour cent (1%) de la population américaine maîtrise 50 pour cent des richesses des États Unis et exerce son emprise sur l’État PROFOND et Les MOYENS DE COMMUNICATION. La population est captive de cette minorité et de son monopole. De sorte que les mouvements de contestation du genre «Occupy Wall Street» sont aisément déviés vers des cibles xénophobes, tels les Latinos, les travailleurs immigrés du cône sud de l’Amérique.
- Pour le lectorat arabophone, ci-joint le lien du rapport du FMI et la faillite pétromonarchies à l’horizon 2035 et la réfutation d’Abdel Hay Zalloum
- Pour aller plus loin à propos d’Abdel Hay Zalloum http://newsnet.fr/43166
La viabilité d’Israël en question face aux perspectives démographiques de la population palestinienne.
Israël a procédé à quatre élections législatives en deux ans, sans résultats concluants, symptomatique de la confusion dans laquelle baigne ce que les occidentalistes qualifie d’unique démocratie du Moyen Orient».
Cette impasse politique intervient sur fond de prévisions pessimistes sur la viabilité de l’État hébreu.
Un rapport, publié en décembre 2016, par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) indique que le nombre de personnes vivant à Gaza devrait plus que doubler au cours des 30 prochaines années. Intitulé «Palestine 2030 Changements démographiques: opportunités pour le développement», le rapport examine les changements démographiques et les possibilités de développement dans l’ensemble des Territoires palestiniens occupés. L’étude du Fonds montre que des décennies d’occupation et de dépendance à l’aide étrangère ont entravé la croissance.
16, 7 millions de Palestiniens vivant dans l‘ensemble grand Israël à l’horizon de 2050.
Les taux de fécondité dans les Territoires palestiniens occupés sont deux fois plus élevés que ceux des pays les plus avancées de la région. Cette tendance devrait faire passer la population de 4,7 millions aujourd’hui à 6,9 millions de personnes en 2030 et à 9,5 millions en 2050.
Le taux de croissance démographique le plus élevé devrait se produire dans la bande de Gaza, où le rapport estime que la population aujourd’hui de 1,85 millions de personnes devraient passer à 3,1 millions en 2030 et à 4,7 millions en 2050.
En Israël, la population a atteint, en 2019, 9.136.000 habitants, dont 20.6 % d’Arabes israéliens (1.750.000 habitants, principalement musulmans, et une minorité chrétienne), selon le Bureau central des statistiques israélien. Arabes Israéliens est un borborygme qui désigne dans la terminologie israélienne les Palestiniens, les habitants originels du pays de la Palestine du mandat britannique.
Cisjordanie 9,5 millions+ Gaza 4,7 millions+ Palestiniens de l’intérieur (2,5 million d’Arabes Israéliens) cela donnerait un total de 16, 7 millions de Palestiniens vivant dans l’ensemble du grand Israël.
En plus d’une population croissante, le nombre de femmes entrant dans la vie active a également augmenté de manière régulière. Aujourd’hui, près d’un tiers des femmes palestiniennes occupent un emploi.
«Il est difficile d’envisager comment créer suffisamment d’activité économique et d’emplois pour maintenir les services sociaux et subvenir aux besoins d’une population en croissance, sans un dialogue sérieux avec la communauté internationale, incluant Israël, sur la levée du blocus et la fin de l’occupation afin d’assurer le libre mouvement des personnes et des biens», a déclaré le représentant de UNFPA pour l’État de Palestine, Anders Thomsen, dans un entretien accordé à la Radio des Nations Unies.
Compte tenu des tendances démographiques, le rapport estime qu’il faudra créer 72.000 emplois par an en 2030, contre 58.000 aujourd’hui.
L’étude souligne que la création d’emplois doit tenir compte non seulement des nouveaux travailleurs, mais aussi des personnes qui sont au chômage et sous-employés. En 2015, le taux de chômage était de 26%.
Le secteur de l’éducation sera également marqué par une forte demande étant donné que le nombre de personnes âgées de 4 à 22 ans augmentera de 48% d’ici 2050. Ces demandes seront plus marquantes à Gaza, où les résidents sont déjà plus jeunes et les taux de fécondité et d’autres indicateurs pertinents devraient favoriser une croissance démographique plus rapide. Le rapport estime que les taux de scolarisation à Gaza dépasseront ceux de la Cisjordanie entre 2025 et 2030.
L’éclairage d’Abdel Hay Zalloum sur les perspectives démographiques en Israël-Palestine.
A – Sur le plan démographique:
En 2030, l’ensemble de la population palestinienne s‘élèvera à 10 millions de personne, se décomposant comme suit: 3,9 millions à Gaza, 6,9 pour l’ensemble Cisjordanie-Jérusalem.
Mais en 2050, soit vingt plus tard, le couple Cisjordanie-Jérusalem comptera à lui seul 10 millions d’habitants.
A ce chiffre il convient d’ajouter 20 pour cent d’«Arabes Israéliens», les Palestiniens demeurés au sein de l’Etat Hébreu en 1948, ainsi que 20 pour cent de HARADIM, juifs religieux qui ne reconnaissent par Israël et refusent de servir dans l’armée israélienne.
B- Sur le plan militaire:
Depuis 1967, Israël n’a plus jamais remporté une victoire militaire. Jusqu’à cette date, l’État hébreu menait des guerres contre des armées gouvernementales arabes dont l’objectif majeure était de défendre le régime politique de leur pays et non la libération de la Palestine.
Depuis le début du XXI me siècle, plus exactement l’an 2000 coïncidant avec le dégagement militaire israélien du Sud Liban, sous la pression du Hezbollah, sans négociations directes, ni traité de paix, Israël est encerclé au Nord, par la formation paramilitaire chiite libanaise, au sud à Gaza par le Hamas et le Jihad islamique, qui y mènent une guerre asymétrique.
En superposition, au niveau des alliances régionales, les États Unis, l’allié majeur d’Israël au Moyen Orient, sont en phase de reflux, alors que les principaux alliés de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine (Chine, Russie, Iran) sont en phase de montée en puissance, parallèlement au déploiement victorieux des forces paramilitaires de la zone : les Houthistes au Yémen face à l’Arabie saoudite; Hached al Chaabi, en Irak face aux États Unis; le Hezbollah libanais, face à Israël au sud Liban et aux groupements terroristes sunnites en Syrie.
Un tel sombre tableau pourrait expliquer la précipitation soudaine de quatre pays arabes dont trois monarchies (Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Maroc, Soudan) à normaliser leurs relations avec Israël, à l’automne 2020, sans doute en vue de conjurer un sort fatal.
Si les prévisions du FMI se confirmaient, les pétromonarchies n’échapperont pas à une douloureuse explication de gravures sur leurs responsabilités dans la déliquescence du Monde arabe.
2035… C‘est dans 14 ans. Patience. Rendez-vous dans quatorze ans.
Source : Madaniya
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