Par Luc Michel
# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LIVRE GEOIDEOLOGIQUE/ LA PENSÉE POLITIQUE DE GRAMSCI ET NOTRE HERITAGE ‘NEO-MACHIAVELIEN’
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Supplément livre au Quotidien géopolitique/ Geopolitical Daily de Luc MICHEL/
2021 04 13/
Série III/2020-1324
* LA PENSÉE POLITIQUE DE GRAMSCI
de Jean-Marc Piotte
Éditeur : Lux
I –
LE LIVRE
Les réflexions politiques d’Antonio Gramsci, qui sont contenues dans une trentaine de cahiers rédigés dans les geôles de Mussolini de 1929 à 1935, révèlent une pensée complexe, originale et profonde. En centrant son analyse sur la notion d’intellectuel, Jean-Marc Piotte donne une interprétation cohérente de l’ensemble de cette œuvre et explique l’apport important de ce penseur, qui renouvelle la théorie marxiste – mais va bien au delà – en soulignant le rôle crucial des luttes culturelles dans les luttes politiques.
Ce livre, paru pour la première fois en 1970, est précurseur de l’intérêt croissant pour ce penseur politique du début du XXe siècle dont la pensée est d’une actualité flagrante, notamment pour ce qu’il dit du rôle politique de l’intellectuel en temps de crise.
TABLE DES MATIERES
Introduction
1. L’intellectuel organique
2. L’intellectuel traditionnel
3. Le parti
4. La fonction hégémonique du parti
5. L’organisation de l’hégémonie
6. L’Orient et l’Occident
7. L’idéologie
8. L’État
Conclusion
Appendice. Le mouvement des conseils d’usine
Bibliographie commentée
Notes
BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR
Né en 1940, Jean-Marc PIOTTE est sociologue et politologue. Professeur émérite du département de science politique de l’Université du Québec à Montréal IUQAMI, il est l’auteur de nombreux ouvrages. Il a aussi été très impliqué dans le milieu syndical enseignant.
Poche : 277 pages
ISBN-10 : 2895963509
ISBN-13 : 978-2895963509
II-
REFLEXIONS SUR GRAMSCI ET NOTRE HERITAGE
Gramsci et son « Prince collectif », hérité de Machiavel, sont au cœur de notre héritage idéologique. Notre Ecole doctrinale est au triple confluent de la « Géopolitique des grands espaces » et des Blocs continentaux, du Marxisme-Léninisme (et du Socialisme européen dont il est issu) et de l’ « Ecole Machiavélienne », qu’elle fusionne dans une doctrine globale. Et les concepts, en particulier opérationnels – sociologie des révolutions, théorie de la circulation des Elites – Pareto, Michels, Burnham, Sorel, etc. – des Machiavéliens viennent harmonieusement compléter ceux issus du Marxisme-Léninisme. Le tout vertébré par la Géopolitique.
ANTONIO GRAMSCI EST UN DES PLUS GRANDS PENSEURS DE LA POLITIQUE, LE PHILOSOPHE DE LA PRAXIS
Gramsci conçoit la politique comme un moyen d’auto-génération d’un nouveau Sujet social historique qui est le protagoniste de sa propre création et de sa propre activité politique constante, le Bloc Historique, un sujet social composé des classes subalternes, les exploités. Qui développe une activité politique organisée au quotidien, créant des instruments pour que les subordonnés puissent changer leur propre façon de faire dans la vie quotidienne, puissent affronter l’ennemi de classe, puissent prendre le contrôle de l’activité qui produit et reproduit la vie et qu’ils les génèrent avec leur faire, bien que sous le joug de la classe dirigeante.
Un sujet de société qui propose déjà depuis le présent de créer une NOUVELLE CULTURE matérielle de la vie ou de l’éthique, en lutte contre la culture dominante et contre les forces qui tentent de l’empêcher. Une culture matérielle de la vie qui, à mesure qu’elle se développe et attire l’incorporation de nouvelles masses de personnes, devient hégémonique. Une tâche qui ne peut être effectuée par quelques centaines ou quelques milliers d’hommes politiques professionnels, ni même par quelques dizaines de milliers de militants, mais qui n’est inhérente qu’au «créateur de coutumes», c’est la création d’un nouveau mode de vie éthico-politique. C’est la genèse de quelque chose de nouveau qui ne peut être produit que par d’immenses masses sociales organisées, par l’importance croissante de leur propre travail quotidien.
HERITE DE MACHIAVEL, LE « PRINCE MODERNE » :
UN PRINCE COLLECTIF
Une tâche qui doit être entreprise avant d’arriver au gouvernement. Une tâche dont l’exécution est ce qui garantit le pouvoir: c’est le pouvoir. Précisément Gramsci dit à un certain stade de son travail – dans les cahiers matures de son « Quaderni Del carcere » – que le Prince – le nom qu’il donne à plusieurs reprises au sujet social organisé qui s’auto-anime et auto-dirige sa praxis politique – accède au pouvoir. en développant cette nouvelle éthique, et en contrôlant le pouvoir sans avoir besoin d’occuper le gouvernement, qui peut être délégué à leurs serviteurs, ce qui, dans ce cas, quand on a compris que le centre de l’État est la culture matérielle de la vie organisée par la société civile, elle est entre les mains de celui qui la soutient, comme elle est maintenant entre les mains de la bourgeoisie, et non entre les mains de tel ou tel gouvernement. Parce que l’État est fondamentalement ce cadre éthico-politique qu’organise la société civile, cet éthos ou culture matérielle de la vie. De plus, Gramsci, en tant qu’étudiant de la praxis politique, développe à un haut degré la grande spécificité du marxisme.
« Le «prince moderne» de Gramsci a souvent été interprété en relation avec sa théorie des partis politiques. Selon cette lecture, Gramsci était contraint par la censure carcérale pour utiliser cette métaphore machiavélique comme un «mot de code». Cette interprétation a eu tendance à détourner l’attention de la nouveauté de la lecture de Gramsci du « Prince » dans les carnets de prison (…) la lecture de l’évolution de la figure du prince moderne permet de la comprendre comme une nouvelle contribution Machiavel au temps de Gramsci, dans la tradition des lectures «démocratiques» du Prince. »
NOUS LES « NEO-MACHIAVELIENS »
Quelques mots sur les néo-machiavéliens (l’opposé des politiciens « machiavéliques » comme Macron) :
Notre Ecole doctrinale est au confluent de la « Géopolitique des grands espaces » et des Blocs continentaux, du Marxisme-Léninisme (et du Socialisme européen dont il est issu) et de l’ « Ecole Machiavélienne », qu’elle fusionne dans une doctrine globale.
Et les concepts, en particulier opérationnels – sociologie des révolutions, théorie de la circulation des Elites – Pareto, Michels, Burnham, Sorel, etc. – des Machiavéliens viennent harmonieusement compléter ceux issus du Marxisme-Léninisme. L’école des « Machiavéliens » désigne tout un courant sociologique qui, à la suite de Machiavel, au début du XXe siècle, s’est principalement intéressé à l’appropriation permanente et éternelle du pouvoir par une élite : Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Roberto Michels, prolongés par Wright Mills, James Burnham. Mais aussi Gramsci et son « Prince Collectif ».
Ils se rattachent à la tradition machiavélienne, qui considère que les masses sont manipulées par des élites dirigeantes qui utilisent, la force (lions) ou la ruse (renards)..
La théorie néo-machiavélienne de la « circulation des élites » a été élaborée en Italie et en Allemagne à la fin du XIXe siècle essentiellement, pour dénoncer les limites et les impossibilités de la démocratie représentative. On était alors, comme on l’est de nouveau aujourd’hui, dans un contexte de « crise du parlementarisme », se traduisant par la difficulté de voir se concrétiser une réelle participation politique des citoyens aux affaires de la cité et une véritable représentation de leurs intérêts. La critique des élites s’attaque au décalage entre la théorie de la démocratie parlementaire et la pratique de la représentation politique. Le contexte politique est évidemment important.
L’Italie du XIXe siècle était l’une des plus jeunes et des plus corrompues des démocraties représentatives de l’époque. Effacés les grands projets du « Risorgimento », il ne restait que la dure réalité de tous les jours, le marasme économique. Le peuple avait le sentiment d’une confiscation de la démocratie par l’élite politique. Le suffrage universel était loin d’être une procédure d’expression de la démocratie citoyenne. La critique « néo-machiavélienne » des élites part donc du postulat que « la domination de la minorité sur la majorité est une donnée immuable, intrinsèque à l’ordre social. La démocratie, du moment qu’elle repose sur le principe de majorité, est donc une duperie, une fraude, et dans le meilleur des cas, un mirage ». Les théoriciens néo-machiavéliens affirment donc la séparation des gouvernants et des gouvernés et posent la problématique du fait oligarchique en affirmant l’existence d’une couche particulière de personnes constituant l’élite.
Les principaux représentants de ce courant de l’anti-élitisme démocratique sont Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Robert Michels.
La notion centrale de la Théorie est donc le concept d’ »oligarchie ».
Les théories « néo-machiavéliennes » mettent le doigt sur un point aveugle des processus de démocratisation, à savoir le caractère oligarchique du pouvoir politique, c’est-à-dire le fait que le pouvoir politique est exercé, partout et toujours, par une minorité. Le multipartisme ne supprime pas ce phénomène, puisque l’élection y contribue. Les théoriciens néo-machiavéliens attirent notre attention sur la mystification d’une théorie de la démocratie parlementaire comme « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». La démocratie parlementaire comme pouvoir de la majorité, de tous ou de la plus grande partie est une illusion. En réalité, la responsabilité politique est entre les mains de minorités. Les autres sont apathiques ou profanes et préfèrent laisser à celles-là les prérogatives. Les partis politiques sont des organisations dirigées par une oligarchie.
LES « MACHIAVELIENS NATIONALITAIRES » :
On notera particulièrement que MAZZINI, le grand révolutionnaire européen et italien, le fondateur de la première JEUNE-EUROPE en 1831, s’insert dans la lignée des « Machiavéliens Nationalitaires ». Tout comme THIRIART en tant que théoricien de l’ « Europe unitaire ».
Il y a aussi une « Ecole néo-machiavélienne américaine » (voir les analyses de Raymond ARON), amorcée avec James BURNHAM (auteur des « Machiavéliens, défenseurs de la liberté » et du manifeste géopolitique américain « The Struggle for the World » en 1943, édition française en 1946 sous le titre « Pour la domination mondiale »), et continuée par de brillantes figures comme Henry KISSINGER ou Zbigniew BREZINSKI (et son livre « Le Grand Echiquier »). A l’heure où Washington dicte l’agenda politique et militaire du monde, il est indispensable de connaître les analyses et les grilles de lecture de ses élites. En n’oubliant pas que celles-ci répondent évidemment aux intérêts des seuls USA et à leur vision du monde!
Cette méthode scientifique est aussi celle de notre Ecole géopolitique (créée en 1983, dite alors « euro-soviétique » et devenue aujourd’hui l’Ecole de « l’Axe Eurasie-Afrique » ). Aux confluents des trois grands courants, de la « Géopolitique des grands espaces » et des Blocs continentaux, de l’Ecole néo-machiavélienne (notamment la science politique de Machiavel et la sociologie de Pareto, Roberto Michels, etc) et du Marxisme-Léninisme, nous menons une analyse froide, sans passion superflue, sans tomber dans les pièges de l’idéologie, de la propagande ou de l’histoire partisane.
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
Supplément livre au Quotidien géopolitique/ Geopolitical Daily de Luc MICHEL
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
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