Par Moon of Alabama
Par Moon of Alabama – Le 5 mars 2021
La récente attaque aérienne américaine à la frontière syro-irakienne et les attaques de missiles contre des bases américaines en Irak ont été l’occasion de d’observer de nombreux exemples de mauvais journalisme.
Les médias américains, comme le montre cet article de FAIR, ont éliminé tous les faits gênants de leurs articles concernant la « première » attaque aérienne de Biden :
Moins la population américaine en sait sur la fréquence et l’ampleur des violences meurtrières perpétrées par son gouvernement, plus il est facile pour la classe dirigeante américaine de mener ses guerres. Heureusement pour l’État américain, les médias grand public contribuent à créer une amnésie collective en effaçant toute référence à l’agression américaine. …
Obtenir le consentement pour diriger un empire mondial assassin exige une propagande sans relâche : Réécrire l’histoire et jouer la victime sont deux stratégies utilisées.
Les douzaines d’exemples présentés dans l’article de FAIR sont éloquents. Ils commencent par une erreur. L’attaque n’a pas eu lieu en Syrie, comme le prétendent les États-Unis, mais du côté irakien de la frontière.
Elijah J. Magnier @ejmalrai – 6:01 UTC – 3 mars 2021
Les analystes continuent de faire cette erreur : le premier bombardement de Biden a eu lieu en Irak et non en Syrie. Une délégation militaire irakienne envoyée par @MAKadhimi a vérifié & confirmé que les #US ont bombardé les forces de sécurité irakiennes aux frontières de l’Irak avec la #Syrie et non sur le territoire syrien.
Presque tous les médias américains utilisent l’expression « milice soutenue par l’Iran » pour décrire les groupes qui auraient lancé les missiles. Le Pentagone veut maintenant changer cela. Un point de presse avec le porte-parole John F. Kirby a eu plusieurs échanges à ce sujet :
Q : Pour en revenir à l’attaque à la roquette, pourriez-vous décrire approximativement la distance d’où provenaient les roquettes ? Et qu’est-ce que cela dit sur la tactique – et les manières – de celui qui a tiré ces roquettes ? Et dans quelle mesure cela ressemble-t-il aux attaques précédentes des milices soutenues par l’Iran ?
MR. KIRBY : Je ne suis pas qualifié pour faire les analyses, Dan, pour — pour — pour savoir si elles ressemblent aux attaques précédentes, à part évidemment qu’il s’agit d’une attaque à la roquette et que nous avons vu des attaques à la roquette venir de milices soutenues par les chiites dans le passé. Donc, de cette façon, cela coïncide certainement avec notre expérience passée.
… [beaucoup de choses sans rapport] …
Q : OK. Et hier, nous avons entendu de la tribune que vous avez exprimé l’espoir que la première frappe sur Abou Kamal va – pourrait dissuader toute attaque future.
M. KIRBY : Oui.
Q : Et pourtant, moins de 24 heures plus tard, il y en a eu une. Lors de la frappe aérienne, vous avez ciblé le Kata’ib Hezbollah et le Kata’ib Sayyid al-Shuhada, deux entités qui font partie des PMF.
MR. KIRBY : Oui. …
Q : Que pensez-vous des PMF maintenant que vous avez ciblé le Kata’ib Hezbollah et le Kata’ib Sayyid al-Shuhada ?
M. KIRBY : Nous avons longtemps été ouverts et honnêtes au sujet des menaces que ces – qui découlent de ces attaques à la roquette qui sont perpétrées par des milices soutenues par les Chiites. Et nous n’avons pas hésité à les dénoncer quand nous les avons vues. Et la seule chose que je voudrais ajouter est que, comme avant, nous allons agir de manière appropriée pour défendre notre personnel, nos intérêts et ceux de nos partenaires irakiens.
Q : Je pose des questions sur les PMF en général, puisque le groupe – ces groupes font partie des PMF et que ce sont en fait les leaders de ces groupes qui font partie de la direction, comme Kata’ib Sayyid al-Shuhada, le leader de –
MR. KIRBY : Je comprends — attendez, je comprends où vous allez. Encore une fois, nous nous concentrons sur ces milices soutenues par les chiites qui continuent à mettre en danger et à menacer nos gens et nos partenaires irakiens. Et je n’ai rien à ajouter aujourd’hui.
Q : Si je peux me permettre ? Lorsque vous dites « milices soutenues par les chiites », voulez-vous dire les milices chiites ou les milices soutenues par l’Iran —
MR. KIRBY : Je veux dire les milices soutenues par les chiites.
Q : Qu’est-ce que cela signifie ?
KIRBY : Lara ?
Q : Merci John.
Q : Non, non, sérieusement John. Je suis…
MR. KIRBY : Sérieusement, je veux dire les milices soutenues par les Chiites.
Q : Qu’est-ce que cela signifie, des milices soutenues par les chiites ? Vous êtes soutenu par …
MR. KIRBY : J’ai répondu à votre question, Monsieur.
…
Q : Sur les milices soutenues par les chiites. Auparavant, les responsables américains disaient que les milices étaient soutenues par l’Iran, le chiisme est une secte, c’est un groupe important de personnes. Quand vous dites « soutenues par les chiites », que voulez-vous vraiment dire ? Je suis confus.
MR. KIRBY : J’utilise cette expression depuis que je suis ici, et nous le savons. J’ai dit que certaines des milices soutenues par les chiites – basées sur les chiites – sont soutenues par l’Iran.
Il y a un certain point dans le ré-étiquetage de Kirby. Le « soutien de l’Iran » aux milices « soutenues par les chiites » est beaucoup moins important qu’on ne le pense souvent :
La relation de l’Iran avec les groupes militants irakiens dans sa sphère d’influence est souvent plus une relation de mentorat qu’une relation de commandement et de contrôle direct.
Les Hashd al-Shaabi ou PMF sont payés par le gouvernement irakien, à majorité chiite. L’expression « soutenu par les chiites » peut avoir un sens, mais pas dans le sens sectaire qu’utilise Kirby.
Utiliser « milice soutenue par les chiites » pour le Kata’ib Hezbollah et Kata’ib Sayyid al-Shuhada a autant de valeur analytique que de dire qu’Al-Qaeda est soutenu par les sunnites ou l’armée républicaine irlandaise soutenue par les catholiques. Ni l’un ni l’autre ne serait techniquement incorrect, mais toutes ces désignations sont trop larges pour être d’une quelconque utilité.
On peut se demander pourquoi le Pentagone fait cela ? Veut-il éliminer la mention « soutenu par l’Iran » pour faciliter le dialogue avec l’Iran ? Ou pourrait-il y avoir une raison plus néfaste ?
Je crois que Washington pourrait très bien chercher à pousser l’Irak dans une nouvelle guerre civile pour tenter d’éradiquer le Hashd al-Sha’abi. De nombreux groupes au sein des PMF ont menacé de faire la guerre aux forces américaines si Washington refuse de se retirer. Malheureusement, cette menace des PMF peut facilement être exploitée par les États-Unis, donnant à Washington un casus belli pour intensifier ses frappes aériennes « défensives » tout en prétendant soutenir la tentative de Bagdad d’apporter de la « stabilité » à l’Irak.
Le Kata’ib Hezbollah et le Kata’ib Sayyid al-Shuhada et les autres groupes de Hashd al-Shaabi sont d’ailleurs des groupes mixtes et non exclusivement chiites. Le seul membre du KH qui a été tué lors de l’attaque américaine contre Abu Kamal était sunnite.
Elijah J. Magnier @ejmalrai – 10:21 UTC – 26 Fév. 2021
Les premières victimes militaires de @JoeBiden : Le membre sunnite du Hashd al-Shaabi, Rahi Salam Zayd al-Sharifi, de Hillah, l’ancienne ville de Babil (Babylone), tué par l’attaque aérienne #US sur les frontières irakiennes et syriennes la nuit dernière à 2h30 du matin heure locale.
Certains des pires écrits sur cet épisode proviennent du belliciste en chef du New York Times, David Sanger. Dans une « analyse » intitulée « Pour Biden, Délibération et prudence, peut-être trop de prudence, sur la scène mondiale », il écrit :
Le but était d’envoyer un signal à l’Iran sans risquer une escalade. Le gouvernement irakien a été associé à la décision, et la frappe s’est limitée à un petit groupe de bâtiments en Syrie qui était un lieu de rassemblement pour les djihadistes et les contrebandiers. Même alors, M. Sullivan et les responsables du Pentagone ont retiré une cible de la liste au dernier moment en raison d’images montrant qu’il pourrait y avoir des femmes et des enfants présents.
Leur réaction a peut-être été trop prudente car une autre attaque à la roquette a suivi, mercredi, lorsqu’un entrepreneur américain est mort d’une crise cardiaque.
Mais certains Démocrates de premier plan se sont tout de même opposés à ce bombardement.
Appeler les milices chiites payées par le gouvernement des « jihadistes », comme s’ils étaient des membres d’État Islamique ou d’Al-Qaïda est totalement faux.
Accepter l’affirmation sans preuves, inventée par des « fonctionnaires » une semaine après l’attaque aérienne, selon laquelle une cible a été retirée de la liste parce que des femmes et des enfants s’y trouvaient, c’est accepter du vent.
Et qualifier de « trop prudente » une frappe qui a touché les forces gouvernementales irakiennes parce que les sept bombes de 500 livres qui ont été larguées n’ont pas eu l’effet politique souhaité est une analyse stupide. C’est l’idée même que de telles frappes créent une « dissuasion » qui est fausse. L’attaque au missile qui a suivi l’attaque aérienne prouve que la dissuasion ne fonctionne pas.
Des frappes supplémentaires ne changeront rien à cela.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Source : Le Saker
https://lesakerfrancophone.fr/…