Par Moon of Alabama
Je vous l’avais dit.
Par Moon of Alabama – Le 9 février 2021
En juin 2018, nous avions démystifié un article du New York Times qui accusait la Chine d’« impérialisme financier » : « Le port chinois au Sri Lanka est une bonne affaire – Le rapport du NYT sur ce sujet n’est que propagande »
Le cœur de l’article de NYT portait sur le développement du port de Hambantota au Sri Lanka, financé par la Chine :
« L’impérialisme financier de la Chine » est un genre relativement nouveau pour le journalisme occidental. La Chine accorde des prêts à d’autres pays pour la construction d’infrastructures. Si ces pays ne peuvent pas rembourser les prêts, la Chine propose de louer et de gérer les infrastructures construites avec son argent. Cela est censé créer un « piège de la dette pour les pays vulnérables ».
Hier, le New York Times a déploré le projet de développement du port de Hambantota au Sri Lanka : … Le port est situé à un endroit stratégique, au bord des lignes maritimes reliant l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Il y avait plusieurs incohérences dans cet article du NYT. Il se basait sur d’anciennes statistiques pour affirmer que le port était rarement utilisé. Or, des statistiques récentes prouvent le contraire. Il mentait également au sujet du fardeau de la dette du Sri Lanka, dont seulement 10% était du à la Chine.
Trente-deux mois après que Moon of Alabama ait réfuté cet article, et vingt-neuf mois après que Peter Lee (alias Chinahand) ait fait la même chose de manière plus détaillée, The Atlantic en rajoute : « Le ‘piège de la dette’ chinoise est un mythe »
Le récit dépeint à tort à la fois Pékin et les pays en développement avec lesquels il traite.
Il note que l’article de propagande anti-chinois du New York Times a souvent été utilisé par l’administration Trump pour attaquer ce pays :
L’administration Trump pointait du doigt Hambantota pour mettre en garde contre l’utilisation stratégique de la dette par la Chine : En 2018, l’ancien vice-président Mike Pence l’a nommée « diplomatie de la dette » – une expression qu’il a utilisée pendant les derniers jours de l’administration – et la considérait comme une preuve des ambitions militaires chinoises. L’année dernière, l’ancien procureur général William Barr a soulevé l’affaire pour faire valoir que Pékin « noie les pays pauvres sous les dettes, refuse de renégocier les conditions, puis prend le contrôle de l’infrastructure elle-même ».
Mais l’affirmation centrale , par le NYT, de l’« impérialisme financier » était complètement fausse :
Nos recherches montrent que les banques chinoises sont prêtes à restructurer les conditions des prêts existants et n’ont jamais réellement saisi un actif d’un pays, encore moins le port de Hambantota.
L’acquisition par une société chinoise d’une participation majoritaire dans le port était une question de mise en garde, mais ce n’est pas ce que nous entendons souvent. La nouvelle administration à Washington connait depuis longtemps toute la vérité sur ce cas, largement, et peut-être délibérément, mal compris du port de Hambantota.
L’article de The Atlantic est bien documenté et détruit complètement celui du New York Times. Il a également surpris le New York Times à mentir. L’article original du NYT revendiquait dans son deuxième paragraphe :
Les auteurs de l’article de The Atlantic ont cependant trouvé deux études qui disent le contraire :
C’est l’Agence canadienne de développement international – et non la Chine – qui a rémunéré la principale société d’ingénierie et de construction du Canada, SNC-Lavalin, pour qu’elle réalise une étude de faisabilité pour le port. Nous avons obtenu plus de 1 000 pages de documents détaillant cet étude par le biais d’une demande au titre de la loi sur la liberté de l’information. Achevée en 2003, elle confirme que la construction du port à Hambantota était faisable, et les documents justificatifs montrent que la plus grande crainte des Canadiens était de perdre le projet au profit de concurrents européens. …
Nous avons examiné un deuxième rapport de faisabilité, produit en 2006 par la société d’ingénierie danoise Ramboll, qui faisait des recommandations similaires aux plans présentés par SNC-Lavalin, en soutenant qu’une première phase du projet devrait permettre le transport de cargaisons non conteneurisées – pétrole, voitures, céréales – pour commencer à générer des revenus, avant d’agrandir le port pour pouvoir gérer le trafic et le stockage des conteneurs traditionnels.
Ils ont également constaté, tout comme le ministère de l’agriculture, que la dette portuaire envers la Chine n’était pas relié aux problèmes de paiement du Sri Lanka :
Le Sri Lanka devait plus au Japon, à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement qu’à la Chine. Sur les 4,5 milliards de dollars de service de la dette que le Sri Lanka devait payer en 2017, seuls 5 % étaient dues au titre du port d’Hambantota. Les gouverneurs de la Banque centrale, sous la direction de Rajapaksa et de Sirisena, ne sont pas d’accord sur beaucoup de choses, mais ils nous ont tous deux dit que Hambantota, et les finances chinoises en général, n’étaient pas à l’origine de la détresse financière du pays.
Les auteurs de l’article de The Atlantic, qui sont professeurs à John Hopkins et à Harvard, concluent qu’il n’y a pas d’« impérialisme financier » chinois. Le concept dans son ensemble est erroné :
La notion de « diplomatie du piège de la dette » présente la Chine comme un créancier vénal et des pays comme le Sri Lanka comme ses victimes crédules. Mais à y regarder de plus près, la situation est bien plus complexe. Le développement de la Chine vers l’extérieur, tout comme son développement intérieur, se fait par sondages et expérimentations, un processus d’apprentissage marqué par de fréquents ajustements. Après la construction du port de Hambantota, par exemple, les entreprises et les banques chinoises ont appris que les hommes forts peuvent perdre leur position et qu’il vaut mieux avoir des stratégies pour faire face au risque politique.
Elles développent à présent ces stratégies, s’améliorent dans leur capacité à discerner les opportunités commerciales et se retirent là où elles savent qu’elles ne peuvent pas gagner. Pourtant, les dirigeants et les penseurs américains des deux bords font des discours sur le « colonialisme moderne » de la Chine.
L’« impérialisme financier » et le « colonialisme des temps modernes » sont les armes que les États-Unis utilisent lorsqu’ils bloquent les prêts du FMI et de la Banque mondiale ou les lient à des conditions politiques. La Chine n’est pas encore connue pour pratiquer cela.
Merci à The Atlantic d’avoir démystifié cette calomnie anti-chinoise que le NYT avait publié en première page.
Juste une question : Pourquoi cela vous a-t-il pris autant de temps ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone
Source : Le Saker
https://lesakerfrancophone.fr/…