Des affiches déployées à Deir al-Balah, Gaza, montrent Yasser, Mahmoud et Hasan al-Zazou,
trois frères attaqués par l’Egypte. Ashraf Amra APA images
Par Hamza Abu Eltarabesh
Il y avait deux hommes prénommés Hasan dans la vie d’Hala al-Zazou.
Le premier Hasan était son père. Il est mort après une crise cardiaque en août de l’an dernier.
Le second Hasan était son cousin et fiancé. Il a été abattu le mois suivant quand la marine égyptienne a attaqué le bâteau de pêche sur lequel il naviguait.
« Après la mort de mon père, Hasan et moi avons décidé — en marque de respect — que nous retarderions notre mariage d’un an », dit-elle. « Maintenant il a été annulé pour toujours ».
« Mon fiancé travaillait dur pour que nous puissions avoir une petite maison où vivre après notre mariage », a expliqué Hala. « Est-ce un crime ? »
Hasan al-Zazou était près de la frontière maritime entre Gaza et l’Egypte au moment de l’attaque. Son frère Mahmoud a lui aussi été tué.
Un autre frère, Yasser, a été blessé, puis arrêté par les troupes égyptiennes. Yasser n’a été relâché que le 17 janvier.
Parlant à The Electronic Intifada, Yasser a raconté comment il avait été torturé pendant sa détention.
Pendant son interrogatoire, Yasser a reçu l’ordre de se mettre nu et a été soumis à des chocs électriques. Ses interrogateurs l’ont menacé avec des chiens et l’ont agressé verbalement.
Pendant deux semaines, Yasser a été confiné dans une cellule si petite que « Je ne pouvais ni me tenir debout, ni m’allonger », a-t-il expliqué. « Je pouvais seulement m’asseoir. »
Pendant sa détention à la prison centrale Arish, la nourriture et les conditions d’hygiène étaient mauvaises. Aucune mesure n’a été prise pour protéger les prisonniers contre le COVID-19.
« Je pleurais la nuit parce qu’il faisait si froid », a-t-il dit. « Nous n’avions rien pour nous tenir chaud. »
Pression financière
Si Gaza a une longue tradition de pêche, les frères al-Zazou étaient relativement nouveaux dans le métier. Auparavant, la famille s’occupait d’une ferme de volailles.
Elle a été détruite pendant l’offensive majeure qu’Israël a lancée contre Gaza pendant l’été de 2014. La famille a subi une perte d’approximativement 20000 euros.
Après cette offensive, les frères ont travaillé dans le bâtiment pendant quelque temps avant de se mettre à la pêche en 2018. Le faire voulait dire qu’ils avaient à trouver un bâteau, ce qui a mis les finances de la famille sous une pression supplémentaire.
Le bâteau dans lequel les frères naviguaient avait été acheté juste trois semaines avant l’attaque en septembre dernier. Les frères ont trouvé l’argent pour le bâteau en vendant des bijoux appartenant à l’une de leurs soeurs.
Le bâteau coûtait approximativement 6000 euros, pourtant les frères n’ont pas été capables d’en payer la totalité. L’acheter les a laissés avec une dette d’environ 1600 euros.
« Mes enfants essyaient de gagner de l’argent pour rembourser les dettes de la ferme et de l’achat du bâteau et pour préparer leur avenir », a expliqué leur mère Nawal.
« Leur père est malade et ils voulaient l’aider. Ils me méritent pas ce qui leur est arrivé », a-t-elle ajouté.
Sauvetage
Les frères n’étaient pas du tout hostiles à l’Egypte et à son peuple. Au contraire, Yasser faisait partie des Palestiniens qui ont aidé au sauvetage de sept pêcheurs égyptiens quand ceux-ci ont rencontré des difficultés près du port de Deir al-Balah au centre de Gaza en 2019.
Parlant alors que Yasser était encore emprisonné, sa mère a demandé : « Est-ce que cela [le sauvetage] n’est pas suffisant pour libérer Yasser ? »
« Mon fils était malade et épuisé pendant près d’une semaine après le sauvetage des pêcheurs égyptiens », a-t-elle dit. « Son emprisonnement n’est pas juste. »
A part les frères al-Zazou, cinq autres pêcheurs de Gaza ont été tués par les forces égyptiennes depuis 2015.
Israël a tué neuf pêcheurs palestiniens depuis 2000.
Pendant les deux dernières décennies, les pêcheurs de Gaza ont généralement été autorisés à opérer jusqu’à six à neuf miles nautiques de la côte. Pourtant beaucoup d’attaques sur les pêcheurs ont eu lieu à l’intérieur de la zone permise.
Il y a dix ans, il y avait quelque espoir que l’Egypte commencerait enfin à traiter les Palestiniens de Gaza avec un certain degré d’humanité. Un soulèvement populaire place Tahrir au Caire a conduit à la chute du dictateur Hosni Mubarak.
Dix ans plus tard, et l’Egypte est à nouveau dirigée par un dictateur – Abdulfattah al-Sisi. Avec les autorités israéliennes, il continue à imposer un blocus sur Gaza tant par terre que par mer.
Toute personne vivant à Gaza a ressenti les conséquences de ce blocus. Pour la famille al-Zazou, les conséquences ont été particulièrement cruelles.
Hamza Abu Eltarabesh est un journaliste basé à Gaza.
Source : The Electronic Intifada
Traduction CG pour l’Agence Media Palestine
Source : Agence Médias Palestine
https://agencemediapalestine.fr/…