Razan al-Najjar, âgée de 21 ans, jeune secouriste de Gaza tuée par un sniper israélien le 1er juin 2018,
soignant un homme blessé – Photo : Palestine Live/Twitter
Par Miko Peled
Un rapport publié par les Nations Unies en 2018 affirmait que d’ici 2020 la Bande de Gaza serait inhabitable.
Il disait expressément que « Les Nations Unies ont déclaré que la Bande de Gaza pourrait être inhabitable d’ici 2020. » Le rapport soulignait aussi que « Michael Lynk, Rapporteur spécial sur la situation des Droits humains dans les Territoires Palestiniens Occupés depuis 1967, avait attiré l’attention sur l’absence persistante de coopération d’Israël avec le mandat du Rapporteur spécial. Comme pour ses deux prédécesseurs, Israël lui a refusé l’entrée pour visiter le pays ainsi que le Territoire palestinien occupé. » Quiconque pense que la Bande de Gaza était vivable avant 2020 a perdu la tête.
La Bande de Gaza est un désastre humanitaire depuis qu’elle a été artificiellement créée à la suite de la campagne de nettoyage ethnique sioniste en 1948. Elle a été créée principalement comme réserve où parquer les centaines de milliers de Palestiniens chassés de leurs terres par les terroristes sionistes dans le sud de la Palestine.
Appauvris et sans abri, ces réfugiés ont été forcés de dépendre d’aumônes pour survivre, et aujourd’hui ils forment plus de la moitié des 2,2 millions d’habitants que compte la Bande de Gaza. Compte tenu du niveau de vie élevé dont jouissent les citoyens juifs d’Israël dans cette partie du pays, vivant sur les terres même desquelles les Palestiniens ont été exilés, la « Bande » n’a jamais été « vivable ».
Maintenant l’année 2020 est passée, le rapport des Nations Unies est rangé, et rien n’a changé. Plus de deux millions de personnes demeurent emprisonnées dans la Bande de Gaza par Israël. Ils souffrent du manque des éléments les plus élémentaires comme l’eau potable, l’électricité, les médicaments, et la nourriture. Israël leur refuse aussi les droits humains fondamentaux alors que les juifs israéliens qui vivent à quelques minutes de là jouissent d’un niveau de vie qui est, à tout point de vue, enviable avec accès total aux meilleurs soins médicaux, à l’alimentation, et à de l’eau propre.
Visite d’une délégation européenne
Une délégation de représentants européens a récemment rendu visite à Gaza, pourtant les Européens n’ont pas fait usage de leur influence, politique ou autre, pour mettre un terme aux violations des droits humains et du droit international par Israël.
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Il n’aurait pas fallu grand-chose pour que les représentants européens constatent la dévastation, la pauvreté et les graves pénuries dont souffrent la population de Gaza. Il suffit de traverser en voiture la Bande de Gaza pour s’en rendre compte, et pourtant aucun changement ne semble sur le point de venir des Européens.
En fait, selon la presse israélienne, l’Allemagne vient d’annoncer qu’afin de procurer un vaccin contre la Covid 19 de fabrication européenne à Israël, « l’Allemagne a utilisé son influence dans l’UE pour contourner le règlement selon lequel un vaccin produit en Europe serait fourni en premier aux pays européens. L’Allemagne a justifié sa décision en partie en évoquant son engagement historique à soutenir Israël. »
Sachant parfaitement que des soins médicaux sont refusés à des millions de Palestiniens et que la propagation de la Covid 19 chez les Palestiniens est inquiétante, aucun engagement n’a été pris pour leur venir en aide dans leur combat contre la maladie mortelle.
Complicité
L’aisance avec laquelle les Européens coopèrent avec l’état d’Israël, alors même qu’ils clament être les champions des droits humains, revient à de la complicité. D’après la Convention de Genève, le Statut de Rome en particulier, la coopération européenne avec Israël constitue une complicité de génocide. Lorsque l’on examine la définition du génocide et qu’on la compare aux actions d’Israël à Gaza, il est tout à fait clair que l’État sioniste se livre à un génocide.
Article II
Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Trois des cinq exemples cités ici sont constamment commis par Israël à Gaza. En outre, l’article II de la Convention contre le Génocide « contient une définition étroite du crime de génocide, qui inclut deux éléments principaux, » dont l’un est « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel. »
Les attaques israéliennes contre Gaza pendant plus de sept décennies démontrent clairement qu’elles font partie d’une stratégie plus vaste et qu’il existe clairement une intention de causer la destruction d’un peuple.
D’après un rapport publié par Human Rights Watch (HRW), la question de la complicité avec le génocide est tout à fait évidente, « Une jurisprudence antérieure a défini le terme complicité comme aide et encouragement, incitation, et approvisionnement […] La Complicité dans le génocide dans l’Article 2 (3)(e) fait référence à tous les actes d’aide et d’encouragement qui ont contribué substantiellement à l’accomplissement du crime de génocide, ou ont eu un effet substantiel sur celui-ci. »
Le rapport définit les faits suivants comme éléments de complicité dans un génocide :
* Complicité en procurant les moyens, tels que armes, instruments ou tout autre moyen utilisé pour commettre un génocide, le complice sachant que de tels moyens seraient utilisés dans un tel but.
* Complicité en aidant et encourageant consciemment l’auteur d’un génocide dans sa planification ou les actions le rendant possible.
D’après cette définition, tant l’UE que les EU se rendent complices du crime de génocide.
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Human Rights Watch maintient qu’Israël a “solidement établi des systèmes discriminatoires qui traitent les Palestiniens de façon inégalitaire ». Cela « implique des violations systématiques des droits, y compris des punitions collectives, l’utilisation routinière d’une force létale excessive contre les manifestants, et la détention administrative prolongée sans chef d’accusation ni procès de centaines de personnes ».
Il poursuit en affirmant qu’Israël, « construit et soutient des colonies illégales […] ce faisant expropriant des terres palestiniennes et imposant des contraintes aux Palestiniens mais non aux colons, restreignant leur accès aux services élémentaire et rendant quasi nulle leur possibilité de construire ».
Concernant la Bande de Gaza, le HRW écrit que « le blocus de plus d’une décennie de Gaza par Israël restreint gravement la circulation des personnes et des marchandises, ce qui a un impact humanitaire dévastateur ».
Qu’est-ce qui constitue une aide ?
Le premier point à l’ordre du jour doit être la levée immédiate et inconditionnelle du siège imposé à la Bande de Gaza depuis 2007. Une zone d’exclusion aérienne, contrôlée par des forces navales européennes ou onusiennes doit être imposée à tous les avions aériens. En plus de ces mesures, de l’aide humanitaire doit être mise à disposition de la population de Gaza sans délais.
Israël doit faire l’objet de sanctions et toutes les coopérations économiques et militaires avec Israël doivent être arrêtées jusqu’à ce qu’il se plie au droit international et mette fin à toutes ses violations des droits humains.
Il faudrait ensuite fixer une date pour la tenue d’élections sur la base d’une personne une voix dans toute la Palestine historique. Puis il faut mettre en place des processus pour le rapatriement des réfugiés palestiniens, et un financement doit être prévu pour le paiement des dédommagements et des restitutions.
Israël doit aussi rendre des comptes pour ses violations du droit international depuis 1948 et les hommes et femmes politiques israéliens, de même que le commandement militaire, doivent faire l’objet d’une enquête et accusés de crimes de guerre.
Les pays européens sont tout à fait conscients de la réalité qui existe à Gaza. Un siège long et cruel, des attaques israéliennes constantes ayant pour conséquences la mort d’innombrables civils, la destruction de maisons et d’infrastructures, une extrême pauvreté, et des traumatismes sont le pain quotidien des Palestiniens à Gaza.
La réalité à Gaza n’est un secret pour personne et les violations israéliennes du droit international sont bien connues. Toutefois, les gouvernements européens ont l’habitude de considérer les peuples colonisés et anciennement colonisés comme ayant besoin d’aide, et de faire très peu pour apporter cette aide. L’aide qu’ils apportent est parfois financière et parfois humanitaire sous forme de denrées alimentaires, mais elle est rarement suffisante.
En ce qui concerne la Bande de Gaza, une réelle action politique est nécessaire, mais on ne peut dire si et quand l’UE sera disposée à agir.
* Miko Peled est un auteur et un militant des droits de l’homme né à Jérusalem. Il est l’auteur de“The General’s Son. Journey of an Israeli in Palestine,” et “Injustice, the Story of the Holy Land Foundation Five ».
22 décembre 2020 – MintPressNews – Traduction: Chronique de Palestine – MJB
Source : Chronique de Palestine
https://www.chroniquepalestine.com/…